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Résumé

Le cœur des enfants léopards de Wilfried N'Sondé participe des nouvelles productions romanesques qui répondent parfaitement aux préoccupations esthétique et éthique de la mondialisation littéraire. Ainsi, la présente étude qui est consacrée à cette voix de l'immigration et de l'identité plurielle vise à mettre en lumière le lien qui existe entre écriture migratoire et préoccupation identitaire. Se fondant sur les données nouvelles de la critique universitaire, cette réflexion montre que toute analyse textuelle de la littérature de l'immigration débouche inéluctablement sur la problématique des identités. Partisans d'un cannibalisme culturel, les personnages migrants de Wilfried N'Sondé ne souhaitent guère mourir à leurs revendications identitaires pour renaître à une civilisation négatrice de l'altérité. Ces enfants de la migritude prônent la différence en tant que cette dernière structure la mondialisation.

Mots clés: migritude, différence, identité, écriture migrante, immigration, cannibalisme culturel.

 

Abstract

Le cœur des enfants léopards by Wilfried N’Sondé presents new productions of the novel that answer properly the aesthetic and ethical concerns of literary globalization. Thus, this paper which is devoted to this voice of immigration and to plural identity aims at clarifying the bonds that exist between migratory writing and identity concern. Based on the new data of university criticism, this work shows that any textual analysis of the literature of immigration leads inescapably to the issue of identity. As advocates of a cultural cannibalism, the migrant characters of Wilfried N’Sondé hardly wish to die in their identity claims to give a rebirth to a civilization which rejects alterity. These children of migration are for difference given that it gives structure to globalization.

Key words: migration, difference, identity, writing, immigration, cultural cannibalism

 

 

Introduction

         

A l’heure de la mondialisation qui s’accompagne, paradoxalement, d’un vaste mouvement de replis identitaires, il semble impensable de vouloir passer sous silence une double problématique qui hante l’imaginaire de l’homme du troisième millénaire: celle de l’immigration et celle de l’identité plurielle. De ce point de vue, nul n’a besoin d’une relecture sartrienne de la philosophie de l’engagement littéraire pour conclure au caractère nécessaire de développer les thématiques relatives à la littérature de l’immigration qui charrie des courants identitaires, des approches différentes de ce nouveau champ littéraire dans le paysage critique francophone. Ainsi,

dans un monde où les bornes de délimitation des champs culturels sont en pleine mutation, les concepts d’identité et d’altérité suscitent une nouvelle prospection sémantique, tant ils sont confrontés à l’expérience de la globalisation et à la récurrence des discours régionalistes[2]

 

Dans cette perspective de mondialisation accélérée, les partisans d’une dynamique de la notion d’identité répugnent à regarder cette dernière comme

la possession rassurante d’un moi (individu) ou d’un nous (société ou groupe social) ; elle est le résultat d’un déploiement d’une réalité fugace qui se meut à travers l’espace et le temps[3]

 

Sous ce rapport, l’existant auquel ils font allusion ne saurait posséder une identité déterminée, définitivement établie. Forts de cette conception nouvelle de l’identité, ils conceptualisent l’identité mutante. Par le truchement de cette dernière, l’homme arrive à éviter les dérives identitaires qui résultent d’une volonté de dissoudre les singularités dans une identité universelle, laquelle gommerait les recherches et les revendications identitaires.

Il va de soi que toute tentative de cannibalisme culturel se heurte aux multiples résistances des contempteurs d’une identité dominante. Dès lors, il n’est pas jusqu’aux nouvelles voix littéraires qui ne se fondent « sur la dialectique d’une revendication identitaire, d’une affirmation d’appartenance et d’un élan d’intégration à l’histoire et au monde »[4]. Niées dans leurs particularismes et dans leur humanisme, ces victimes d’une identité nationale n’entendent aucunement mourir à leurs préoccupations identitaires. Ces enfants de la migritude qui peuplent l’univers littéraire de Wilfried N’Sondé vont en guerre contre leur identité bafouée, s’attachent à affirmer et à illustrer les valeurs qui fondent leur altérité. Issus de l’immigration, ces héros de la banlieue française luttent non seulement pour leur survie économique mais surtout pour leur intégration harmonieuse dans une société multiculturelle qui n’aide guère à une coexistence pacifique entre les différentes cultures. De là les tensions intercommunautaires, les stigmates identitaires, les souffrances quotidiennes qui résultent du difficile vivre ensemble. L’inévitable choc des identités engendre des frustrations, débouche sur le rejet des minorités identiquement marquées et déteint sur le comportement asocial des victimes. A l’exclusion et au marquage idéologique, ces dernières répondent par une recherche véhémente d’une identité existentielle. Ce dont témoignent les réflexions de Christiane Albert selon lesquelles:

[nombre] d’écrivains francophones aux identités multiples rendent compte dans leurs œuvres du brassage de populations qui caractérise notre époque. Ils mettent en scène des personnages d’exilés, des refugiés ou d’immigrés en quête d’une identité qui ne se définit plus à travers une origine précise mais qui est à recréer individuellement dans un télescopage de lieux et de temporalités et de cultures[5].

 

Il en va tout autrement chez les protagonistes de Wilfried N’Sondé qui ne souhaitent aucunement sacrifier leur identité originelle pour s’accommoder d’une situation conflictuelle. Ainsi, la place centrale qu’occupent tant les questions migratoires que les préoccupations identitaires dans Le Cœur des enfants léopards[6] justifie amplement l’entreprise critique qui sous-tend le présent article: consacrer une analyse à ce premier roman d’un écrivain issu de l’immigration économique. D’autre part, le caractère peu abondant d’une littérature critique sur cette nouvelle voix des écritures migrantes constitue un manque qu’il sied de combler par la présente étude. Forte à l’actualité des débats théoriques qui ont trait aux questions de la migritude, cette réflexion vise à démontrer que les préoccupations identitaires naissent, nécessairement, de toute production romanesque qui emprunte à la migritude.

 

I- La migritude

 

L’avènement d’une littérature de l’immigration conduit la république des critiques à revisiter leur appareil conceptuel pour mieux répondre aux exigences du monde nouveau au sein duquel évoluent, désormais, « ces bâtards internationaux nés dans un endroit et qui décident de vivre dans un autre »[7]. Naturellement, ces écrivains de l’immigration auxquels songe Waberi ne souhaitent plus développer les thématiques qui ont participé au rayonnement international du mouvement de la Négritude. Du reste, le nouveau contexte historique de leurs écritures migratoires les oblige à rester fidèles aux préoccupations thématique, esthétique et éthique d’une nouvelle génération de créateurs. D’ailleurs, ils savent que:

la littérature d’immigration ou des immigrations constitue à elle seule un champ littéraire qui comporte toute une série de caractéristiques propres : l’adoption d’une langue différente de celle qui nous est propre, la déterritorialisation (géographique et culturelle), le contact avec l’altérité, l’engagement idéologique ou la dénonciation[8].

 

Dès lors, toute entreprise littéraire qui ne vise guère à donner ses lettres de noblesse à ce nouveau courant esthétique semble vouée à l’insuccès éditorial. Au surplus l’horizon d’attente du lecteur invite l’écrivain de l’immigration à inscrire sa démarche dans les préoccupations de la migritude. Cependant, il est significatif que Jacques Chevrier ait jeté un éclairage saisissant sur ce concept nouveau qui ressortit à la terminologie de la critique francophone:

Ce néologisme renvoie à la thématique de l’immigration, qui se trouve au cœur des récits africains contemporains, mais aussi au statut d’expatriés de la plupart de leurs productions qui ont délaissé Dakar et Douala au profit de Paris, Caen ou Pantin. Loin d’être source d’ambiguïtés, ce statut semble avoir désinhibé les écrivains par rapport aux questions d’appartenance. Ni Nègre, ni immigré à intégrer. Inscrivant leur démarche dans un nouvel espace identitaire (Afrique(s)-sur-Seine) à équidistance entre africanité et la francité, ils puisent leur inspiration dans leur hybridité et leur décentrement qui sont devenus des éléments caractéristiques de la « World literature » à la française[9].

 

Bien qu’elle soit destinée à prouver le caractère omniprésent de ce motif de la migritude au cœur des productions africaines francophones, il n’en demeure pas moins vrai que cette réflexion pourrait s’appliquer au Cœur des enfants léopards de Wilfried N’Sondé. Au vrai, tant le créateur que ses personnages romanesques répondent aux critères dégagés par Jacques Chevrier et qui fondent la thématique de la migritude. De ce point de vue, le récit à la première personne qui participe de l’esthétique de la littérature de la migritude constitue une constance dans la grammaire narrative de Wilfried N’Sondé. Issu de l’immigration économique, son narrateur homodiégétique s’affirme comme le porte-parole de la population immigrée qui vit très mal l’absence d’une politique d’intégration harmonieuse. Profondément déçu par sa société d’accueil, il se réfugie dans la déconstruction du mythe d’une France paradisiaque qui aurait vocation à résoudre les problèmes de la misère humaine. Consubstantielle à la littérature de l’immigration, cette critique de la terre d’élection permet aux victimes de l’exclusion sociale de ne pas dénigrer leur espace d’origine. Au reste, leur premier contact avec le lieu de leurs rêves conduit au désenchantement. A ce sujet, la joie narrative, avec laquelle l’ambassadeur de leurs identités bafouées décrit le séjour parisien n’a d’égal que l’immense espoir que la population immigrée avait placé dans les mirages de Paris[10] :

Je me remémore alors mes premiers pas en terre de France, émerveillé, c’est janvier qui m’accueillit. Ce premier, ce tout petit bond d’enfant au sortir de l’avion, la déception de constater que dans ce monde tant rêvé il pleuvait aussi, intempéries froides, grises, ponctuées d’inquiétants bruits mécaniques. J’imaginais, sous un soleil clément, un pays des merveilles, couvert d’une immense coupole de verre, en dessous de laquelle la vie des Blancs coulait dans l’harmonie. J’étais convaincu qu’ils avaient réussi à créer un monde d’une haute humanité, dans lequel ils pouvaient se soulager d’un certain nombre de contingences matérielles. Très vite c’est la rigueur du froid qui, la première, me souhaita la bienvenue. Elle s’agrippa au visage, figea les doigts d’une sensation pointue, hautement désagréable, la mauvaise surprise après avoir ouvert les bagages. Il ne resta alors qu’une plainte d’enfant choqué, j’ai perdu le chemin pour rentrer chez moi. Lentement, je m’installai dans les geôles de la différence. (C.E.L. pp.81-82).

 

Le regard désabusé, critique et distant que ce personnage focalisateur jette sur l’espace parisien renseigne sur l’immense désillusion qui est la sienne. Il n’est pas jusqu’aux éléments d’une nature courroucée qui ne contribuent à créer une atmosphère romanesque déshumanisante. L’hostilité de cette terre prétendument hospitalière finit par convaincre cette voix narrative de renoncer à un quelconque humanisme de ses habitants. Dès lors, on comprend pourquoi le projet littéraire de Wilfried N’Sondé consiste à mettre un peu d’humanité sur l’actualité, à donner un visage, un cœur, des sentiments à une population, à savoir la population immigrée pauvre à laquelle appartiennent la plupart des protagonistes romanesques qui peuplent l’univers migratoire de N’Sondé. Parqués dans des quartiers difficiles et impuissants à construire un avenir qui réponde à leurs aspirations les plus légitimes, ces exclus de la société de consommation s’essoufflent dans des revendications identitaires. Prisonniers de celle-ci, ces damnés de la terre continuent, paradoxalement, à s’agripper aux rêves de lendemains qui chantent dans leur terre d’accueil. C’est dire que seuls l’espoir et le souvenir du pays d’origine aident à supporter les affres de l’immigration. Sous ce rapport, « le séjour en France, loin d’émousser la référence à l’espace culturel d’origine, stimule au contraire l’élan patriotique, conférant ainsi à la littérature des migrants une facture civique à l’image de l’écriture des résidents »[11]. Ainsi les souffrances inhumaines qui s’originent dans l’immigration mal maîtrisée engendrent la nostalgie et l’évocation incantatoire du pays d’origine.

Quoi qu’il en soit de cette référence intempestive aux origines qui ressortit à l’échec de la politique d’immigration française, il reste que la population immigrée n’a de cesse qu’elle n’ait ravalé sa dignité et travaillé à faire face aux humiliations quotidiennes. Le fait d’appartenir à une minorité visible l’expose aux pires conditions d’existence. Il s’ensuit que:

l’immigré africain se retrouve engagé dans une double aventure : d’une part l’humiliation quotidienne générée par le racisme quotidien et la suffisance de peuples qui ont profondément intériorisé le sentiment d’être en position de maîtrise ; d’autre part, la quête d’une dignité, d’une gloire légendaire associée au retour d’Europe[12].

 

Cette situation dégradante de l’immigré africain traverse incontestablement Le Cœur des enfants léopards de Wilfried N’Sondé. Dès lors, il n’est pas surprenant que la voix narrative qui domine ce récit pathétique et sombre se fasse l’écho sonore des sentiments d’exclusion que vit la population immigrée dans les «cités». Profondément attaché à cette humanité qui porte «sur la gueule la misère du monde» (C.E.L. p.28), le narrateur fait corps avec ce peuple et épouse ses querelles. On s’explique ce personnage christique, qui en dépit de sa passion animale pour Mireille, répugne à se désolidariser d’avec ses camarades victimes de la condescendance et du mépris de la majorité identique. Ainsi, tout enfant qu’il fut au moment de cette scène humiliante, le narrateur a du mal à chasser de sa mémoire adulte les souvenirs de jeunes immigrés humiliés et dénigrés:

Enfants, Drissa et moi allions régulièrement à la boulangerie du quartier, la vendeuse souriait, ils sont mignons avec leurs frisettes caresses sur la joue et les cheveux crépus, une sucrerie en cadeau, merci madame la boulangère. J’étais fasciné par sa grosse poitrine sous la blouse blanche, madame, je t’aimerai toujours d’amour. C’est plus tard, vers treize quatorze ans que nous sommes devenus étrangers, délinquants «l’intégration» «l’immigration», clandestins, seuil de tolérance dans les programmes politiques. […] Alors la même boulangère nous épie, regards méfiants. Elle doit connaître le capitaine, ils ont dû fréquenter la même école, celle où l’on apprend avant tout à fermer sa porte. Elle nous analyse, nous identifie de prime abord comme un problème, un danger. Pourquoi venez-vous ici, qu’est-ce que vous voulez? Si la boulangère n’avait pas changé avec les années, à tous les coups Drissa n’aurait pas pété les plombs. Il aurait continué à sourire, mais aujourd’hui son regard fixe toujours quelque chose intensément, au hasard, et dès qu’il peut, il s’allonge n’importe où pour se réfugier dans son sommeil (C.E.L. pp.27-28).

 

L’euphémisme par lequel se termine cette séquence narrative dissimule mal les signes cliniques qui attestent de la folie de Drissa. Le «sommeil» dans lequel il plonge, momentanément, n’est rien de moins que l’espace au sein duquel sa raison, affaiblie et agressée par l’attitude raciste de la boulangère, trouve refuge. Fort de son « monologue remémoratif »[13], le narrateur interroge sa mémoire vengeresse et rend la boulangère responsable du déséquilibre mental auquel est parvenu Drissa. La fragilité psychologique de ce dernier est fonction du racisme dégradant auquel il demeure, quotidiennement, soumise. A la tendresse et à la gentillesse bien française de l’enfant immigré, succèdent désormais une parole violente, un cri et un acte extrême qui fonctionnent comme la seule arme de dissuasion pour échapper à l’enfer banlieusard. Sous ce rapport, le crime passionnel du narrateur qui le condamne à croupir dans les prisons françaises s’explique, en partie, par la lourdeur de l’atmosphère créée par l’immigration. Qui plus est, celle-ci engendre des thèmes tels que « la différence, l’altérité, l’étrangeté, le métissage racial et culturel, l’Orient et l’Occident, l’exotisme, la carcéralité, la délinquance »[14] qui installent le personnage migrant dans une situation des plus difficiles. Considéré comme un danger permanent pour la cohésion nationale et victime d’une animalisation aux accents césairiens, l’immigré perd ses chères illusions sur une probable intégration qui l’aiderait à sortir de l’impasse dans laquelle son identité le plonge, durablement.

On le voit, Le Cœur des enfants léopards de Wilfried N’Sondé répond parfaitement à la définition de la notion de migritude et s’inscrit dans la littérature de l’immigration en tant que cette dernière « dénonce le mythe de la France comme terre d’accueil et lieu de réussite facile »[15]. En faisant sienne la déconstruction d’un espace prétendument paradisiaque, l’auteur a réussi à construire un roman de l’immigration. Qui par le biais du décentrage de son écriture et de la focalisation sur des protagonistes migrants, tend un miroir objectif aux candidats de l’immigration économique pour que ces derniers ne concluent guère à une survalorisation de ce phénomène. D’ailleurs, la quête du bonheur qui sous-tend la conduite da l’existant constitue un leurre pour la plupart des personnages immigrés qui peuplent l’univers littéraire de Wilfried N’Sondé. De là, le caractère sombre de ce roman de l’immigration dont la tonalité tragique n’a d’égale que la désespérance qui naît de rêves avortés d’une communauté d’immigrés. Victimes du discours dominant qui charrie une idéologie et des attitudes racistes, les figures de l’immigration littéraire sombrent dans le désespoir tant métaphysique qu’idéologique. Sommées de décliner leur identité et de renoncer à leurs particularismes pour mériter de la culture de la classe dominante et de ses retombées économiques, elles optent pour un ancrage dans leurs coutumes. Ainsi, « cette adhésion à la culture mère se manifeste dans l’exil par un attachement exagéré aux coutumes considérées comme originelles »[16]. De ce point de vue, les cérémonies religieuses, les fêtes, les traditions culinaires sont vécues comme des moments forts où la population immigrée revendique l’originalité de sa culture et le caractère de son identité qui se rit de l’immigration. C’est dire que ni les mirages de cette dernière, ni l’impérialisme culturel de la terre d’accueil, ni le racisme et la souffrance de l’exil n’ont réussi à freiner les préoccupations identitaires des migrants.

 

II- Les questions identitaires

 

Roman des questionnements identitaires, Le Cœur des enfants léopards de Wilfried N’Sondé l’est en tant que ses protagonistes sont sommés de choisir leur identité. D’ailleurs, le recours à l’écriture migrante leur donne de remettre « en question l’unicité des référents culturels et identitaires »[17]. Au plan thématique, elle se caractérise par « sa coïncidence avec le métissage, l’hybridation, le pluriel et le déracinement »[18] . Au regard de l’esthétique, elle se signale par le retour du narratif, des références autobiographiques et de la représentation. Il va de soi que le récit de N’Sondé n’échappe pas aux caractéristiques de l’écriture migrante qui charrie, immanquablement, des préoccupations identitaires. De là l’incipit du roman de N’Sondé qui l’ancre définitivement dans la catégorie romanesque des nouvelles voix de l’identité plurielle:

Des questions, toujours des questions, il ne s’arrêtera donc jamais! J’ai énormément de mal à comprendre où je suis. Le capitaine hurle ses questions dans ma tête qui ne peut pas tout saisir correctement, il est tard et j’ai trop bu, trop fumé, qu’il s’arrête ! Peut-être ne se rend-il pas compte que je ne suis pas en mesure de lui répondre. Ouvrez au moins une fenêtre, s’il vous plait ! Non, il s’entête, et que je la ferme bordel, je suis en garde à vue ! Je peine. Dans mon brouillard la silhouette de l’ancêtre, hors de lui ! C’est pas pour ça que tu es venu en France mon fils ! J’ai peur des interrogations, des années de questions qui encombrent mon cerveau. T’es qui ? Tu viens d’où ? T’as bien travaillé à l’école? C’est comment ton pays ? (C.E.L. p.13)

 

Les premières pages de ce roman des identités installent le lecteur dans une atmosphère aussi dantesque que lourde de conséquences tragiques pour le héros : le crime sans nom qu’il a commis le met à la merci de la maltraitance d’une police qui vit de la chosification et de l’animalisation de l’immigré africain. Cette figure du policier raciste peuple la fiction littéraire de N’Sondé applaudit à l’arrestation et à la condamnation du délinquant noir dans la mesure où son incarcération plaide en faveur de l’hypothèse selon laquelle l’immigration est consubstantielle au banditisme. Assimilable au mal par excellence, c’est à y mettre un terme que les grandes démocraties doivent travailler si elles sont soucieuses d’une vie communautaire exempte de violence et de crimes. Mais l’on peut douter que la criminalité soit fille de l’immigration économique. Il s’en faut de beaucoup que ces germes naissent de la présence de ces pauvres immigrés dont la répugnance à commettre le mal n’a d’égale que leur aspiration légitime à vivre dans une société qui accepte les différences culturelles et la pluralité identitaire. Or, celle au sein de laquelle ils évoluent

est une société traversée de part en part par l’altérité, une société que l’histoire à dépossédée de son identité et qui continue aujourd’hui d’être habitée par l’autre [19]

 

La présence de cette autre identité dominante rend difficile le vivre dans un « entre-deux-identitaire »[20]. Cette cohabitation belliqueuse des identités et de ces cultures mosaïques n’invite guère à une intégration harmonieuse, laquelle serait synonyme d’acceptation de la différence. Ces adeptes d’une identité aussi monolithique que supérieure semblent d’autant plus impardonnables qu’ils oublient que la vraie identité n’est pas une donnée rigide et immuable. Au vrai, elle est fluide et s’apparente à un « processus toujours en devenir, par lequel on s’éloigne continuellement de ses origines, comme le fils quitte la maison de ses parents et on y retourne par la pensée et le sentiment »[21]. Loin d’être un cadeau céleste qui se signale par son caractère durable, cette identité changeante n’est rien de moins qu’une « chose qui se perd et qui se renouvelle, dans un mouvement incessant de dépaysement et de retour »[22]. De ce point de vue, il en va de la nature comme de l’identité: toutes deux ne peuvent se posséder, éternellement.

D’autre part, seule une lecture myope des philosophies du sujet qui sous-tendent la notion d’identité a pu pousser les personnages blancs dans la fiction littéraire de N’Sondé à s’arc-bouter sur l’approche différentialiste des cultures. Sous ce rapport

en faisant éclater l’unité du genre humain, ce qui revient à décliner l’humanité au pluriel et à s’en faire une conception quasi zoologique, comme si les différents groupes humains étaient des espèces animales différentes[23],

 

cette nouvelle perspective voit en l’Autre la figure du Barbare en tant que sa culture le particularise. Désireux de construire sa philosophie des identités sur les ruines de cette approche négative des contempteurs de l’immigration économique et de l’influence réciproque des cultures, le narrateur dénonce le refus de la différence qui, paradoxalement, structure les nouvelles identités:  

Nous sommes quelque part sur un pont, des jeunes nous accostent, nous buvons avec eux. Hilares, ils nous racontent, surexcités, qu’ils viennent de rosser des petits enculés de bourgeois d’étudiants. J’ai vraiment pas la gueule de l’emploi. Celui qui raconte est noir, avec un visage à effrayer des CRS, il est assis, les coudes sur les genoux, dans une main un joint et la bouteille de rhum, il crache en continu, dans l’autre un poing américain. Je connais très bien le mauvais de ce regard, il suinte la violence gratuite, l’envie presque sexuelle de faire mal et d’en jouir. Je sens Ludovic paniqué. Je tente de jouer le jeu. Ma famille et moi si fiers de mon baccalauréat, je suis presque quelqu’un, carte d’étudiant, tout ça pour me cacher dans cette nuit juste un peu au-dessus des eaux de la Seine. Je commence à être vraiment épuisé, de ne jamais ressembler à ce que je pense être. Qu’est-ce que tu fais ? T’es qui toi ? T’es un rasta ou quoi ? (C.E.L., pp.122-123).

 

Les nombreuses questions identitaires par lesquelles se termine cette séquence narrative qui se signale par l’alternance de voix renseignent sur l’attitude négative de ceux qui refusent les identités minoritaires. Ces interrogations qui parsèment le récit du narrateur autodiégétique sont vécues comme des formes de tortures morales. L’entreprise d’avilissement à laquelle les migrants noirs sont soumis rend le climat social des moins tenables. Victimes du délit de faciès, condamnés à inscrire leur projet existentiel dans une quête identitaire aussi douloureuse que funeste et intimidés par le système identitaire dominant, ces enfants de la migritude se voient dans l’obligation de la morale révolutionnaire de recourir à la philosophie de la violence aux seules fins de recouvrer leurs identités bafouées, niées et insultées. Mais ces partisans du cosmopolitisme identitaire doivent savoir que la violence n’aide nullement à la résolution de leur crise d’identité. Le monde de l’information au sein duquel ils ont vocation à vivre se caractérise par un télescopage des identités. De ce point de vue, plus les hommes sont proches « les uns des autres plus les différences sont visibles, plus il faut garantir certaines distances pour supporter les dissemblances et réussir à cohabiter »[24]. Or, les personnages blancs chez N’Sondé répugnent à accéder à cette conception nouvelle des identités. Volontairement, ils ont oublié que

 l’identité a cessé d’être une notion simple, et que la complexité qui la caractérise réside dans le fait que le sujet est traversé par des identifications multiples et contradictoires[25]

 

Hostiles à la conception d’une identité changeante et ennemis du « sujet postmoderne »[26] en tant que ce dernier se caractérise par sa capacité à traverser les frontières culturelles, ces nostalgiques d’une identité désuète refusent l’altérité et travaillent à pérenniser leur « identité idem »[27]. Ce faisant, ils s’inscrivent en faux contre les données nouvelles de l’identité qui lient le devenir de celle-ci à l’ouverture. Car,

la question de l’identité culturelle de l’Europe ne peut pas se poser de façon indépendante. Elle est indissociablement liée à celle du rapport de l’Europe aux autres civilisations antérieures et/ou extérieures à elle[28]

 

De la négation de ces dernières naît un climat de tension permanente qui dresse des barrières entre les différentes communautés vivant dans un espace identitaire des plus conflictuels.

Ennemis de « l’identité permanence »[29] en tant qu’elle aboutit à des crispations identitaires et à la haine de l’autre, les personnages issus de l’immigration dans le roman de N’Sondé trouvent dans la différence une marque de leur philosophie de la vie communautaire. Cependant, victimes de l’exclusion et de la précarité sociale, ils « sont souvent guettés par le piège ethniciste, consistant à réduire une identité narrative singulière à un certain nombre de stéréotypes qui construisent un immigré type qui s’oppose à l’expression d’une parole singulière et d’une altérité authentique »[30]. Cette caricature de la figure de l’immigré africain à qui on refuse une certaine identité s’origine dans une culture qui entend imposer son système identitaire au reste de la planète. Or, même l’esprit de la mondialisation contrecarre ce projet idéologique en tant qu’il veut s’opposer à la marche du monde. Au vrai,

la loi universelle du cannibalisme culturel et le vent de la mondialisation font d’ailleurs que la possibilité pour une civilisation […] de se replier sur elle-même n’existe pratiquement plus et semble relever d’une myopie intellectuelle et politique[31]

 

On s’explique que la figure de la boulangère et celle du policier raciste ne puissent accéder à cette hauteur de vue de façon à transcender les barrières culturelles qui les séparent d’avec les autres minorités visibles. Leur ignorance les pousse à s’enfermer dans leur suffisance et à nier l’interdépendance interculturelle. Dans cette perspective, on peut comprendre qu’ils puissent déconsidérer les règles qui sous-tendent toute anthropologie culturelle. D’autant que ces dernières stipulent que « toute culture se nourrit de celles qui l’ont précédée »[32]. Forts de cette loi du cannibalisme culturel, les personnages immigrés de N’Sondé répugnent à oublier leur identité culturelle.

          Bien que le narrateur soit sans une identité particularisante, il n’en demeure pas moins vrai qu’il est soumis à une quête identitaire des plus douloureuses. Certes, la déception amoureuse l’a conduit à commettre un crime abominable ; et ce fait criminel surdétermine son cas. A la violence policière, à l’animalisation de sa société d’accueil va s’ajouter un interrogatoire excessif qui entend le pousser à avouer son forfait et à payer sa dette envers le groupe sociétal à l’intérieur duquel il avait vocation à s’intégrer, harmonieusement. Mais ce crime passionnel qui apparente cette fiction narrative à un roman policier[33] va conduire la société à sévir contre cet ennemi de l’ordre établi. De là l’avènement de la figure de l’enquêteur qui d’induction en déduction, cherchera à résoudre « les affaires en apparence les plus compliquées »[34]. Dans cette recherche criminelle, l’enquêteur poursuit une mission vengeresse : celle de donner un châtiment exemplaire à ce fils d’immigré dont l’ingratitude insulte les lois de l’hospitalité. Cependant, la présence de ces éléments qui participent au roman policier ne doit pas nous faire oublier que Le Cœur des enfants léopards est aussi une écriture de l’identité culturelle.

          En souscrivant à cette thématique d’époque qui a contribué au rayonnement du mouvement de la Négritude, N’Sondé reste fidèle aux préoccupations idéologiques des Africains. Il semble d’autant plus inspiré à y consacrer des pages que la littérature de l’immigration lui fait obligation de mentionner les questions identitaires auxquelles sont confrontés les Noirs. D’ailleurs, « on peut deviner aisément que l’émergence de cette littérature ne peut qu’être liée consubstantiellement à des revendications collectives »[35]. Toutefois, la présence de ces dernières ne réussit nullement à épuiser la veine revendicative qui traverse ces écritures des nouvelles identités. De ce point de vue, la disparition du narrateur omniscient et omniprésent du récit classique permet l’émergence d’un « personnage qui ne se contente plus d’être un simple miroir à la réalité, mais désormais l’interprète à travers sa propre sensibilité »[36]. Fort de cette dernière, le narrateur entend mettre un terme aux tiraillements identitaires entre lesquels se partagent la plupart des immigrés africains et revendique hautement son identité nègre ainsi que son statut d’assassin :

Voilà mon capitaine, je suis un criminel, tu peux rentrer chez toi, surtout ferme bien ta porte, verrouille bien tes serrures. C’est vrai messieurs les juges, j’ai pissé sur l’agent mes frustrations de pauvre, ma peur de demain, l’amour qui m’a quitté, le Congo dévasté, la détresse des amis, le pétrole couleur de sang, le béton dans mes veines, la rage dans mon regard et l’invisible que je n’entends plus. Ouvre grandes tes oreilles, que tes tympans tremblent devant mon cri pour répondre présent à l’appel. C’est cette urine de fauve que nous seuls distillons. J’ai pissé sur l’agent et j’ai cogné très fort. A toutes ces questions insensées qui torturent ma vie, j’ai répondu par des coups de rage calme. T’es quoi en fait, français ou africain ? J’ai frappé de toutes mes forces là où ça fait mal, encore et encore ! (C.E.L. p.130).

 

Le fait de lier la grande criminalité à l’immigration économique qui constituerait une menace permanente pour la sécurité nationale pousse le représentant des exclus de la société de consommation à revendiquer tous les crimes imputables à la population immigrée africaine. Certes est l’assertion selon laquelle l’abandon de Mireille l’a plongé dans une folie meurtrière qui a débouché sur son arrestation légitime. Mais il est sans exemple qu’il ait commis les forfaits imaginaires qui peuplent l’esprit tortionnaire du policier raciste. Du reste, à la volonté de ce dernier de le chosifier, et de l’animaliser, le narrateur oppose un tutoiement systématique, une violence aussi verbale que physique et une revendication identitaire des plus hautaines. La tonalité revancharde qui traverse cette réplique du narrateur traduit imparfaitement les frustrations quotidiennes qui naissent de la négation de son identité. De même, il vitupère contre ceux qui veulent lui fabriquer une identité qui réponde à leurs préjugés raciaux. En effet, les partisans de la criminalité zéro poussent leur entreprise de mythification jusqu’à criminaliser l’immigration. De là le durcissement des lois sur cette dernière et la péjoration de l’image de l’immigré africain qui serait à l’origine du malaise des banlieues françaises. Ainsi, cette situation du migrant africain favorise une quête douloureuse de son identité noire. Nié dans son essence humaine et obligé de se réinventer pour sortir de ce déni de sa personnalité, il puise dans « la remémoration du passé et de la terre maternelle »[37] une foi qui lui donne de narguer le système identitaire occidental. A l’inverse des victimes de ce dernier qui revendiquent le concept « d’a-identité »[38], les protagonistes de N’Sondé, eux, n’entendent guère se soumettre à l’idéologie dominante. A ce sujet, ils sont d’autant plus enclins à résister à cette invasion culturelle qu’ils demeurent conscients que l’identité n’est rien de moins qu’une « expression de la différence, mais d’une différence qui, loin de sombrer dans un nationalisme appauvrissant, n’exclut ni le dialogue, ni la complémentarité »[39]. Partisans d’une philosophie de l’identité qui se fonde sur celle-ci, les personnages immigrés, dans la fiction littéraire de N’Sondé, s’affirment comme des enfants de la mondialisation dans l’exacte mesure où leur aspiration légitime à une identité nègre ne débouche aucunement sur le déni des autres identités alternatives. L’affirmation de ces dernières témoigne du cannibalisme culturel auquel N’Sondé adhère. De même, elles permettent de mettre en exergue la poétique de N’Sondé qui inscrit son projet littéraire dans une esthétique de la différence.

        Ainsi, de tout ce qui précède, il suit que les questions identitaires traversent Le cœur des enfants léopards et transforment ce roman de la migritude en une fiction littéraire qui fonctionne comme un hymne à l’identité plurielle.  L’affirmation de cette dernière chez les personnages issus de l’immigration économique répond aux nouvelles philosophies qui sous-tendent l’identité. Le cannibalisme culturel auquel ils adhèrent massivement les amène à transcender les tiraillements identitaires à se méfier des identités tant fabriquées qu’imposées et à regarder la question des identités comme une possibilité de restaurer l’hybridité. Partisans de la complémentarité au regard de la guerre des identités, les personnages migrants de N’Sondé souhaitent évoluer dans un espace multiculturel qui ne se fonde nullement sur la négation de l’autre.

 

Conclusion

         

Au terme de cette réflexion critique qui a ambitionné de prouver le lien probant qui existe entre toute littérature de l’immigration et la problématique des identités, il appert  que cette hypothèse liminaire a trouvé une vérification textuelle à travers Le cœur des enfants léopards de Wilfried N’Sondé. La présente analyse a montré que sa fiction littéraire se signale par son écartèlement entre la thématique de la migritude et les préoccupations identitaires qui hantent l’imaginaire de ses protagonistes issus de l’immigration économique. Au regard de cette dernière, l’examen du roman de N’Sondé a permis de conclure à l’échec de la politique française en matière d’intégration harmonieuse des minorités identitaires.  Au reste, cette nouvelle voix de la littérature de l’immigration a réussi à mettre en exergue la situation dramatique des immigrés africains qui piétinent dans leur marche vers des lendemains enchanteurs. Mais l’évocation de cette impasse économique devant laquelle se placent, inéluctablement, les personnages de N’Sondé ne doit nullement conduire la critique universitaire, à ranger cette œuvre dans la catégorie de fictions qui ressortissent au courant du désenchantement. Non que cette veine soit absente dans ce roman de l’affirmation de l’identité noire; cependant, l’esthétique de l’ouverture à laquelle l’écriture migrante adhère rend nécessaire le classement de cette œuvre au sein du champ littéraire de la migritude. D’ailleurs, le fait qu’elle ait développé tous les complexes thématiques de cette dernière et qu’elle ait correspondu aux critères poétiques de ces nouvelles écritures identitaires oblige la critique à l’inscrire définitivement dans la littérature de l’immigration. Fille de cette dernière et partisane du décentrage de l’écriture, cette nouvelle poétique de l’identité plurielle s’affirme comme un hymne à la mondialisation en tant que celle-ci se recommande par sa foi en la différence salvatrice.

 

 

Références bibliographiques

I. Œuvre de base.

  • N’Sondé, Wilfried.  Le cœur des enfants léopards. Paris : Actes Sud, 2007

 

II. Œuvres d’imagination

  • Socé, Ousmane. Mirages de paris. Paris : Nouvelles Editions Latines, 1937.
  • Wabéri, Abdourahman. Transit. Paris : Gallimard, 2003.

III. Etudes générales

  • Ndour, Saliou. « Identités culturelles et cinéma : quelle image de l’Afrique à l’heure de la mondialisation ». Safara, n°1, Janvier 2002, pp.187-196.
  • Ndoye, Bado. « Cultures, traditions et identités : le différentialisme à l’épreuve de la mondialisation ». Ethiopiques, n°71, 2ème semestre 2003, pp. 147-163.
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  • Fondamèche, Daniel. Paralittérature. Paris : Vuibert, 2005.
  • Lipovetsky, Gilles. L’ère du vide : essai sur l’individualisme contemporain. Paris : Gallimard, 1983
  • Magris, Claudio. Utopie et désenchantement. Traduction de Jean et Marie-Noèlle Pastureau. Paris : Gallimard, 2001.
  • Narcejac, Thomas. Une machine à lire : le roman policier, une littérature problème. Paris : Gonthier, 1975.
  • Wolton, Dominique. Internet Et après ? Une théorie critique des nouveaux médias. Paris : Flammarion, 1999.

 

IV. Etudes critiques

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  • Diop, Papa Samba. « Le pays d’origine comme espace de création littéraire » Notre Librairie, n° 155-156, 2004, pp56-61.
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  • Chalaye, Sylvie (sous la direction de). Nouvelles dramaturgies d’Afriques noire francophone. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2004.
  • Nesveu, Pierre. L’écologie du réel. Mort et naissance de la littérature québécoise contemporaine. Montréal : Boreal, 1988.

[1]Enseignant / Chercheur, Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal

[2] Fréderic Mambenga-Y Lagou. Autochtonie, altérité et intranquilité esthétique et éthique dans la littérature africaine. Ethiopiques, n°75, 2ème semestre 2005, p.1.

[3] Saliou Ndour. Identités culturelles et cinéma : quelle image de l’Afrique à l’heure de la mondialisation ? Safara, n°1, janvier 2002, p.189.

[4] André Patient Bokiba. Ecriture et identité dans la littérature africaine. Paris: L’Harmattan, 1998, p.89.

[5] Christiane Albert. L’immigration dans le roman francophone contemporain. Paris: Karthala, 2005, p.82.

[6] Wilfried N’Sondé.  Le Cœur des enfants léopards. Paris: Actes Sud, 2007. [Désormais nous allons user les acronymes suivants pour désigner l’œuvre de base : C.E.L.]

[7] Abdourahman Waberi. Transit. Paris: Gallimard, 2003, p.40.

[8] Margarita Alfaro Amieiro. « Littérature de l’immigration ou littérature nationale. Le sens plurivoque de la migration chez Adrien Pasquali ». http://www.apef.org.pt/actas2006/MA122006.paf  (page consultée le 24/02/2010), p.110.

[9] Jacques Chevrier. Afrique(s)-Sur-Seine : autour de la notion de « migritude »Notre Librairie, n°155-156 juillet 2004, p.96.

[10] Titre d’un roman d’Ousmane Socé. Mirages de Paris. Paris: Nouvelles Editions Latines, 1937.

[11] Papa Samba Diop. « Le Pays d’origine comme espace de création littéraire ». Notre Librairie, n°155-156, juillet 2004, p.59.

[12] Xavier Garnier. « L’exil lettré de Fatou Diome »Notre Librairie, n°155-156, juillet 2004, p.34.

[13] Dorrit Cohn. La transparence intérieure. Paris: Seuil, 1980, p.208.

[14] Odile Cazenave. Afrique sur Seine. Une nouvelle génération de romanciers africains à Paris. Paris: L’Harmattan, 2003, p.15.

[15] Idem,p.138.

[16]Mar Fall. Des Africains noirs en France, des tirailleurs sénégalais aux…Blacks. Paris: L’Harmattan, 1986, p.38.

[17] Daniel Chartier. « Les origines de l’écriture migrante. L’immigration littéraire au Québec au cours des deux derniers siècles ». Voix et images, vol 27, n°2, 2002, p.304.

[18] .Pierre Nesveu. L’écologie du réel. Mort et naissance de la littérature québécoise contemporaine. Montréal : Boreal, 1988, p.215.

[19] .Sylvie Chalaye (sous la direction de). Nouvelles dramaturgies d’Afrique noire francophone .Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2004, p.23.

[20] Idem, p.16.

[21] Claudio Magris. Utopie et désenchantement. Traduction de Jean et Marie-Noëlle Pastureau. Paris: Gallimard, 2001, p.92.

[22] Idem, p.92.

[23] Bado Ndoye. « Cultures, traditions et identités : le différentialisme à l’épreuve de la mondialisation ». Ethiopiques, no71, 2èmesemestre 2003, p.155.

[24] Dominique Wolton. Internet, et après ? Une théorie critique des nouveaux médias. Paris: Flammarion, 1999, p.11.

[25] Bado Ndoye. op. cit., p.162.

[26] Sur cette notion, lire Gilles Lipovetsky. L’ère du vide : essai sur l’individualisme contemporain. Paris: Gallimard, 1983.

[27] Jean-Christophe Aeschliman (sous la direction de). Ethique et responsabilité. Boudry Neuchâtel : La Baconnière, 1994, p.26.

[28] René Dumont. L’Afrique noire est mal partie. Paris: Seuil, 1973, p.256.

[29] Sur cette notion, voir Paul Ricœur. « L’identité narrative ». Esprit, no7-8, juillet-août 1988, pp.295-314.

[30] Christiane Albert. op.cit., p.108.

[31] Paulin Hounsounon-Tolin. « Orphée noir et la négritude comme oubli de la loi du cannibalisme culturel et ignorance de l’identité culturelle comme rapport à l’autre ». http : // éthiopiques.refer.sn /spip.php ?article1653, p.3 (consulté le 21/02/2010, 19 :06).

[32] Rémi Brague. Europe, la voie romaine. Paris: Gallimard, 1999, p.177.

[33] Sur ce genre, voir Jacques Dubois. Le roman policier ou la modernité. Paris: Nathan, 1992 ; Thomas Narcejac. Une machine à lire : le roman policier, une littérature problème. Paris: Gonthier, 1975 ; Jean Bourdier. Histoire du roman policier. Paris: Editions de Fallois, 1996.

[34] Daniel Fondanèche. Paralittératures. Paris: Vuibert, 2005, p.35.

[35] Khalid Zekri. « Ecrivains issus de l’immigration maghrébine ou écrivains beurs ? ». Notre Librairie, no155-156, juillet 2004, p.65.

[36] Jacques Chevrier. « Les métamorphoses du roman africain ». Lettres et cultures de langue française, no17, 1ersemestre 1992, p.84.

[37] Odile Casenave. op. cit,. p.177.

[38] Michel Laronde. « Les littéraires des immigrations en France. Questions de nomenclature et directions de recherche ». Le Maghreb littéraire, vol 1, no2, 1997, p.26. 

[39] Léon Nadjo. « Langue française et identité culturelle en Afrique noire francophone. Le cas de quelques écrivains ». Ethiopiques, nos1-2, 1er trimestre 1985, p.95.