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Résumé

Procédé incontournable dans le discours, la comparaison est régie par un mécanisme syntaxique original, à la fois très complexe et complet. Contrairement aux autres propositions subordonnées où toute la charge sémantique et le fonctionnement syntaxique sont focalisés par le terme subordonnant, la comparaison est exprimée par un système équilibré, une véritable chaîne syntaxico-sémantique reposant sur quatre éléments concomitants, impliqués et modulés par un contexte discursif fort. Il s’agit d’une véritable structure où les différentes composantes, en assumant chacune une fonction spécifique et déterminante, sont unies par une complémentarité sans faille tant du point de vue syntaxique que sémantique comme les différents maillons d’une chaine.   

Mots clés : chaîne syntaxico-sémantique, comparaison, comparé, comparant, comparatif, tertium comparationis, contexte

 

Abstract

An essential process in speech, comparison is governed by an original syntactic mechanism, both very complex and comprehensive. Unlike other subordinate clauses which head semantic load and syntactic operation focused on the subordinate term, the comparison is expressed by a balanced system, a real semantic syntax chain based on four concomitant, involved and modulated by a strong discursive context. It is a real structure in which different components, each taking a specific and decisive function are united by a perfect complementarity both from syntactic and semantic standpoints.

Keywords: Syntactic semantic chain, comparison, compared, comparing, comparative, tertium comparationis, context.

 

 

Introduction

Procédé incontournable dans toutes les langues, la comparaison est au cœur du processus de création et de renouvellement du langage. En effet, pour nommer une réalité mouvante, dont les limites ne cessent de s’étendre au plan historique, géographique, culturel et même technologique, pour décrire le monde à travers des perspectives nouvelles, la langue s’enrichit constamment d’images nouvelles, le plus souvent exprimées par le biais de la comparaison ou de la métaphore.

Sous ce rapport, la comparaison se présente comme l’un des procédés majeurs les plus usités de la langue. C’est dans une certaine mesure ce qui explique l’intérêt majeur que les écrivains ont de ce procédé au regard notamment de sa capacité à coder le discours en admettant une lecture de second degré par le biais des images très riches qu’elle permet d’exprimer.

Dans ce sillage, beaucoup d’études sur la comparaison sont orientées vers une perspective stylistique. Nous pouvons citer à ce propos, entre autres, le texte de PISTORIUS G. « La structure des comparaisons dans "Madame Bovary" »[1], celui de BOKA Marcelin, Comparaison et métaphore, fonction et signification dans le vieux Nègre et la médaille de Ferdinand Oyono[2]ou encore l’ouvrage de BAL, Willy, La comparaison. Son emploi dans « Gaspard des montagnes » d’Henri Pourrat[3].

Fondamentalement, ces travaux sont d’un intérêt notoire dans la mesure où ils permettent d’appréhender l’origine, la nature des images dans les œuvres étudiées et leurs fonctions par rapport aux préoccupations fondamentales, esthétiques comme thématiques, des écrivains en question. Ils ont, pour la plupart, abouti à des résultats probants qui ont permis, à travers les images, de déterminer le style particulier  des écrivains et, dans une certaine mesure, leur vision du monde.

Cependant, au-delà de cette perspective stylistique où le procès comparatif est appréhendé, dans le discours littéraire ou dans le discours usager, comme une figure de style, une figure de rhétorique, à visée ornementale ou à visée pragmatique, la comparaison, faut-il le rappeler, est avant tout un procédé grammatical fondamental, qui met en avant des implications linguistiques, tant au plan syntaxique que sémantique, riches et variées. Mais de façon plus remarquable, si pour la plupart des différents procédés linguistiques le système syntaxique repose sur un terme focal, la comparaison, quant à elle, s’exprime par une chaine syntactico-sémantique complexe qui met en jeu différents constituants solidaires à l’intérieur d’une véritable structure, où chaque élément joue un rôle spécifique mais solidaire à la fonction assumée par tout autre élément de ladite structure. La comparaison repose donc sur des maillons essentiels, quatre éléments concomitants : le comparé (cé), le comparant (ca), le comparatif et le sème commun ou tertium comparationis.

 Ainsi, il serait intéressant de déconstruire, de disséquer le système comparatif pour étudier les fondements syntactico-sémantiques qui régissent les éléments qui la composent et le rapport de concomitance qui les relie. Au-delà de ces quatre maillons essentiels, il sera également question de déterminer le rôle décisif du contexte dans l’expression de la comparaison pour voir comment il module sémantiquement la comparaison en amont comme en aval.

 

1. Le comparé (cé) : terme de base

Parmi les quatre maillons de la chaine syntaxico-sémantique qui fonde la comparaison, le comparé constitue l’élément de base qui fait partie de la chaîne normale du discours et de l’isotopie du texte. En fait, il s’agit d’un élément (être, chose, procès…) exprimé normalement dans le discours, mais qui, supposé moins connu ou pour des besoins de caractérisation ou d’éclaircissement, est mis en relation avec un autre élément par l’intermédiaire d’une caractéristique qu’ils ont en commun.

Le comparé, élément cotextuel[4] normal, ne s’érige pas comme une figure ou encore comme un trope dans la mesure où il ne marque pas de rupture par rapport à l’isotopie du texte. C’est ce qui fait dire à Henri SUHAMY : « Les comparaisons soulignent les similitudes entre les choses, mais ne changent pas le sens des mots »[5].

En effet, dans l’exemple suivant : 

Et quelle qualité de sang ? Du sang aussi pauvre que les menstrues d’une vieille fille sèche.

                                        Les Soleils des indépendances[6], p.138

 

Le comparé sang est un constituant normal de l’énoncé, il est une partie intégrante de l’isotopie du texte et le segment textuel qui précède le prouve explicitement : « et quelle qualité de sang ». Cependant, contextuellement le sang dont il est question  pose un problème de caractérisation en degré et en qualité tel qu’exprimé par l’interrogation : « quelle qualité de sang ? ». C’est justement ce besoin de caractérisation qui rend impératif le recours à une expansion syntaxique (le comparant), la mise en corrélation avec un élément à visée déterminative, emprunté hors des segments du texte à travers une structure analytique marquée par la présence d’un comparatif. Ce qui nous conduit à affirmer que le comparé n’est pas une figure en soi, il est l’élément qui, du fait de son incomplétude sémantique, de son besoin de caractérisation, déclenche le recours à l’image. Dans cette veine,  FROMILHAGUE et SANCER affirment dans leur Introduction à l’analyse stylistique :

 la comparaison pose un rapport explicite entre un comparé (cé) et un comparant (ca) qui restent distincts […]. La comparaison est analytique et présuppose en principe une volonté de clarté [7].

 

Cette « volonté de clarté », élément catalyseur de la comparaison, permet de pallier les différents types d’insuffisances ou de « lacunes » sémantiques inhérents au terme comparé. Nous le savons, les mots en soi sont vagues, et les usagers de la langue ont constamment recours à la détermination (épithète, complément, relative etc.) pour rendre précis leur discours. Le recours à une forme comparative obéit au même principe de détermination, de caractérisation, d’illustration pour suppléer à ce déficit ou cette imprécision sémantique lié au comparé.

Si nous nous référons de nouveau à l’exemple que nous avons tiré des Soleils des indépendances de KOUROUMA, l’auteur, par le biais du sous-entendu exprimé à travers l’interrogation, émet un jugement négatif et péjoratif sur le sang, mais on ne peut mesurer avec précision le degré de pauvreté de ce sang. L’expansion syntaxique du terme par le biais du système comparatif avec la convocation d’un élément hors texte, le comparant (« les menstrues d’une vieille fille sèche »), qui porte de façon plus manifeste cette caractéristique permettra de préciser l’information. Ce qui permet d’avoir une vision plus nette sur le caractère médiocre de ce sang dont parle l’auteur. Dans l’exemple ci-dessous :

Elle avait perdu son mouchoir de tête et sa chevelure courte était emmêlée comme un champ de fonio après un ouragan.                 

                         Les Bouts de bois de Dieu,  p.54

 

Ousmane SEMBENE émet, certes, une information sur le comparé chevelure en affirmant qu’elle était courte et emmêlée, mais nous ne pouvons, à partir de cette simple information, saisir comment et à quel degré cette chevelure était désordonnée. Ce n’est que grâce à la convocation d’un autre élément (un champ de fonio après un ouragan), une image qui illustre de façon on ne peut plus clair et avec un brin d’ironie cette caractéristique, que nous parvenons à saisir expressivement le degré d’emmêlement, de désordre qui caractérise la chevelure de cette femme.

En somme, on pourrait simplement définir le comparé comme un premier maillon, élément du discours porteur d’une information soit incomplète, imprécise ou inexpressive et qui, ce faisant, fait appel à un autre élément qui porte cette information ou plutôt caractéristique de façon plus manifeste, plus claire et plus expressive. Cet autre élément convoqué est appelé comparant.

 

2. Le comparant (ca) : terme « ressource » associé

Le comparant est un constituant contextuel qui ne fait pas partie de la chaine normale du discours. Il s’agit d’un terme ressource, un élément associé, emprunté hors du texte pour étayer un élément de la chaine du discours, le comparé. Il assume ainsi une fonction déterminative primordiale vis-à-vis du comparé à qui il doit sa présence dans les segments du texte :

La Grande Royale seule bougeait. Elle était, au centre de l’assistance, comme la graine dans la gousse.

                                         L’Aventure ambiguë, P.57

 

Nous voyons clairement que sémantiquement le comparant, « la graine dans la gousse », n’est pas un constituant logique de ce segment textuel, il n’est pas en adéquation avec l’isotopie du texte. Toutefois, sa présence dans ce contexte, certes inopinée, est d’une importance capitale au plan sémantique. En effet, il constitue le support de caractérisation, l’instrument de mesure approprié, le moyen d’illustration qui permet de cerner avec exactitude et précision les contours et les manifestations du comparé. Ainsi, « la graine dans la gousse » constitue l’image la plus expressive et la plus pertinente pour illustrer la prestance de la Grande Royale au milieu de la foule. Nous constatons donc que la présence du comparant est motivée par le comparé dont il permet de compléter le sens, apportant ainsi plus d’expressivité, de clarté et de précision.

Par ailleurs, il convient de remarquer que le comparant ne survient jamais ex nihilo, il doit être subtilement choisi pour mieux présenter et illustrer le comparé. Ainsi pour Bernard DUPRIEZ, «Le choix du comparant est soumis à la notion, exprimée ou sous-entendue, que l'on veut développer à propos du comparé[]» [8] .

Le  comparant doit non seulement partager avec le comparé une même caractéristique, mais, qui plus est, pour être efficace dans son rôle de détermination, il doit porter cette caractéristique de façon plus efficiente, de façon plus claire et plus attrayante. Mieux, Cette caractéristique doit faire partie de ses propriétés, des stéréotypes qui le spécifient. Posons à ce propos cet extrait de Ville cruelle[9] d’Eza BOTO :

Mon cacao était bon. Il était sec, sec comme des brindilles, oncle.    

                              Ville cruelle, p.54

 

Dans cet extrait, nous voyons Banda tenter de justifier à son oncle que son cacao, confisqué, était de bonne qualité, c’est-à-dire que les graines étaient sèches. Pour être plus persuasif, au-delà de la répétition du qualificatif sec, il le met en rapport avec les brindilles dont le propre, la spécificité indéniable, est d’être sèche. Cette propriété inhérente au comparant permet d’illustrer et de rendre manifeste le caractère sec des graines de cacao de Banda et d’attester de leur bonne qualité.

Aussi, nous pouvons dire que le comparant, pour jouer véritablement son rôle, doit porter de façon plus manifeste cette même caractéristique notée au niveau du comparé et doit être reconnu comme tel.  C’est de cette manière qu’il peut participer à mieux illustrer et caractériser le comparé par une sorte de transfert de sèmes, en lui attribuant les propriétés qu’il porte :

Le cousin avait laissé des femmes aussi fécondes que des souris.

                                   Les Soleils des indépendances,  p.113

 

Pour exprimer la fécondité extraordinaire des femmes laissées par le défunt cousin Lacina, des femmes que Fama, qui peinent à avoir des enfants, va hériter, rien de tel que les souris. Dans le langage courant, on note souvent l’expression « portée de souris » pour mettre en évidence cette faculté singulière des souris à procréer plusieurs souriceaux à la fois. La fécondité exceptionnelle des souris étant une caractéristique reconnue par tous, cette propriété remarquable permet à l’auteur, par ce transfert de sèmes que nous évoquions tout à l’heure, de mettre en évidence, certes, avec un peu d’exagération (comparaison hyperbolique), mais avec une grande expressivité cette qualité des femmes dont doit hériter Fama, qualité d’une importance capitale par rapport à la situation que vit ce dernier (la stérilité supposée de sa femme).

Le comparant, à travers cette caractéristique qu’il porte de façon notoire, apparait ainsi comme la référence qui permet de mesurer quantitativement et surtout qualitativement le comparé. Dans cet exemple que nous venons de voir, nous remarquons clairement comment le comparant souris permet de mesurer le niveau élevé de fécondité des femmes de Lacina. Cet autre exemple très expressif extrait de l’Aventure ambiguë peut illustrer notre propos :

Le pays Diallobé, désemparé, tournait sur lui-même comme un pur sang pris dans un incendie.

           L’Aventure ambiguë, p.22

 

Le pays Diallobé était désemparé, de façon imagée, il tournait sur lui-même. Mais pour mesurer qualitativement cet état de désemparement, il faut poser une référence pertinente, qui présente mieux cette caractéristique. L’image du cheval « pur sang pris dans un incendie » est d’une expressivité sans commune mesure pour illustrer un état de désemparement, de perdition.

          Toutefois, dans ce processus d’évaluation, le rapport unissant comparé et comparant doit être identifié et modulé. Ce rôle est assumé par un troisième constituant du système qui est le comparatif.  

 

3. Le comparatif : l’embrayeur

Le comparatif est le maillon modulateur du système comparatif qui véhicule la nuance et le degré de comparaison. Dans une autre terminologie, on pourrait simplement le nommer « embrayeur[10] » dans la mesure où il se situe au cœur du processus comparatif, lui conférant toute son originalité syntaxique et sémantique par rapport aux autres figures exprimant l’analogie telles que la métaphore. En effet, structurellement, le comparatif constitue l’élément qui particularise la comparaison par rapport à la métaphore, autrement dit, son omission dans une structure syntaxique consisterait simplement à quitter le domaine de la comparaison pour entrer dans celui de la métaphore :

Ici, maintenant, le monde est silencieux, et je ne résonne plus. Je suis comme un balafon crevé, comme un instrument de musique mort. J’ai l’impression que plus rien ne me touche.

                                           L’aventure ambiguë, p.163

 

Nous voyons bien ici comment le comparatif comme permet de moduler et de préciser l’analogie entre la sensation étrange ressentie par Samba Diallo et l’image du « balafon crevé » ou encore « l’instrument de musique mort ». Si on enlève le terme comparatif comme de ce système, le rapport d’analogie ne serait plus explicité et nous allons ainsi glisser de la comparaison à la métaphore :

Je suis un balafon crevé, un instrument de musique mort… *

 

C’est sous ce rapport syntaxique que la métaphore a été pendant longtemps définie comme une comparaison abrégée, une comparaison elliptique du comparatif.

Mais le terme comparatif, au-delà de la différenciation structurelle qu’il pose entre comparaison et métaphore, implique un écart sémantique notoire entre ces deux procédés en question. En effet, sémantiquement, la présence du comparatif permet d’éviter toute assimilation entre comparé et comparant ; en signalant explicitement le rapport d’analogie qui les lie, il montre implicitement l’écart catégoriel entre les deux éléments en interaction. Ainsi, dans l’exemple que nous venons de voir, la présence du comparatif comme interdit toute assimilation entre le comparé et le comparant. En modalisant le rapport qui les unie, il permet de les rapprocher sans les fusionner. En revanche, dans le cadre de la métaphore, en l’absence d’un terme modalisateur, le comparatif, le rapport entre comparé et comparant n’est plus explicité. Cette omission syntaxique a une incidence sémantique majeure dans la mesure où elle conduit à une assimilation directe voire une fusion totale et ambiguë entre comparé et comparant, deux réalités souvent distantes : le personnage avec son état d’âme et le balafon crevé, l’instrument de musique mort. C’est dans cette perspective que Catherine DETRIE oppose le procès métaphorique et le procès comparatif à travers cette assertion très explicite :

Le processus métaphorique vise la représentation, par un sujet, d’une réalité perçue, soumise au filtre perceptif qui la construit. (...) La comparaison procède d’un autre processus puisqu’elle manifeste que la réalité perçue évoque un autre domaine, mais n’est pas de l’ordre de cet autre domaine, l’outil comparatif explicitant cette approche[11].

 

De ce point de vue, le comparatif fonctionne comme une sorte de « filtre » qui permet de mettre en relief le motif de la comparaison, ce qui n’existe pas dans le cadre de la métaphore d’où le flou sémantique notoire qu’elle engendre.

Nous le constatons donc, le comparatif constitue, aussi bien au niveau syntaxique qu’au niveau sémantique, le cœur du système comparatif, il est le véritable comparateur dans la mesure où il est le modulateur et le dépositaire de la nuance comparative. C’est également le comparatif, à travers ses différentes formes, qui impliquent les multiples structures, très variées, par le biais desquelles s’exprime la comparaison. A ce propos d’ailleurs, Olaf ERIKSON affirme à juste titre dans son ouvrage La suppléance verbale en français moderne : « Le répertoire des différentes structures représentées par la comparative est probablement plus vaste et plus varié que celui d’aucune autre proposition »[12].

Cette question des structures de la phrase comparative, vu son étendue et sa profondeur,  méritant une étude spéciale, nous limiterons notre propos à rappeler les différents visages morphosyntaxiques du comparatif.  

En effet, le comparatif peut se présenter sous une multitude de formes et c’est justement ces différentes formes qui impliquent cette grande variété de nuances et de degrés de comparaison que nous notons (ressemblance, dissemblance, égalité ou inégalité, proportionnalité…).  Ainsi, il peut apparaître sous la forme d‘une conjonction de subordination (comme). Dans l’expression de la comparaison, comme constitue le seul subordonnant à un terme (qui n’a pas besoin d’être associé à que) qui permet d’introduire une comparative.

A côté de comme, nous avons les locutions conjonctives de subordination formées à partir d’un adverbe d’intensité ou d‘un adjectif copulé à la conjonction que. Dans ce groupe, nous pouvons noter les comparatif de supériorité et d’infériorité (plus que, moins que), les comparatif d’égalité (autant que, aussi que…), les comparatifs d’analogie (tel que, ainsi que…), les comparatifs d’altérité (autre que, autrement que), les comparatifs synthétiques (meilleur, pire, moindre…), vestiges du latin qui ont la faculté de cumuler à la valeur adjectivale du terme, le degré auquel est pris cet adjectif.

A côté des locutions conjonctives de subordination, nous avons la large panoplie des locutions prépositionnelles formées à partir d’un adjectif qualificatif exprimant l’analogie copulé à la préposition à (semblable à, pareil à, commun à, égal à, conforme à…) ou encore à partir d’un substantif contenant une nuance comparative associé à la préposition de (le semblable de, l’égal de…). Nous pouvons également retrouver des comparatifs formés à partir tout simplement d’un verbe comportant une nuance de ressemblance ou d’égalité, accompagné ou non de préposition selon les circonstances (ressembler à, valoir, préférer…à…). Enfin nous pouvons avoir des formes très originales élaborées à partir de la duplication d’un adverbe ou adjectif d’intensité à la tête de deux propositions juxtaposées (plus…plus, moins…moins, aussi…aussi etc.).

Au bout du compte, nous constatons que fondamentalement le comparatif est à la base même du système comparatif, il en constitue l’embrayeur, le régulateur qui met en évidence le rapport unissant le comparé et le comparant, leur(s) caractéristique(s) commune(s), ce qu’on appelle le sème commun de la comparaison ou tout simplement le tertium comparationis selon les terminologies.

 

4. Le tertium comparationis : le sème commun entre comparé et comparant

Reposant sur un système analytique complet, comportant un modalisateur clairement exprimé, la comparaison, loin d’être une fusion ou une assimilation totale, permet de mettre en orbite une caractéristique commune notoire entre deux éléments (comparé et comparant). En d’autres termes, dans le processus  de la comparaison, lorsque deux éléments sont comparés, la ressemblance ou la dissemblance n’est jamais absolue, cela voudrait simplement dire que parmi les différentes caractéristiques composant les signifiés de ces termes,  il y’en a une, au moins, qui permet de les mettre en commun, présente qu’elle est aussi bien dans le comparé que dans le comparant. C’est cette caractéristique commune au comparé et au comparant que l’on appelle tertium comparationis. On pourrait simplement le définir comme étant l’intersection sémique entre les signifiés du comparé et du comparant :

Dame, la mort est aussi belle que fut la vie.+

                                                                      Une si longue lettre, p.17

 

Il est difficilement envisageable d’assimiler la mort à la vie tant la distance sémantique entre ces deux notions est grande. Aussi, si Mariama BA[13] compare la mort à la vie, ce n’est sans doute pas pour nous dire que ces deux réalités constituent deux expériences absolument similaires, le bon sens nous apprenant que la mort et la vie sont diamétralement opposées. Cependant, toute comparaison reposant nécessairement sur un sème commun, un comparé et un comparant ne sont mis en rapport que parce qu’ils ont une caractéristique commune. Ainsi, aussi distantes sémantiquement que sont la mort et la vie, l’auteur leur trouve une caractéristique commune qui est la beauté. Certes, cette caractéristique commune semble incongrue et déroutante pour une lecture de premier degré, mais elle peut être validée au plan littéraire et stylistique, elle a un statut purement contextuel. La caractéristique belle attribuée exceptionnellement à la mort se justifie dans ce contexte particulier par la présence de cette catégorie de la société pour qui les funérailles constituent une aubaine dans la mesure où elle tire sa subsistance des cérémonies funéraires à l’image de cette vieille dame que la narratrice a surprise entrain de puiser dans les vivres lors des funérailles de Modou Fall, le défunt mari de la narratrice.

C’est de ce point de vue que Jean COHEN définit la comparaison comme « l’énonciation d’un sème commun à deux lexèmes différents »[14]. Ainsi, suivant cette logique, comparer deux termes revient simplement à mettre en lumière le lieu de rencontre des sèmes constitutifs de leurs signifiés, l’intersection sémantique entre les deux signifiés :

Ceux-ci apparurent en rangs devant lui. Ils ressemblaient à des criquets dont ils avaient la maigreur.

                    Les Bouts de bois de Dieu, p. 357                  

 

Cet exemple met en exergue de façon explicite l’intersection sémique entre ces hommes et les criquets, sème commun qui rend possible la comparaison entre les deux éléments : il s’agit là de la « maigreur » qui est une caractéristique manifeste chez les criquets et notée chez les hommes à cause de l’emprisonnement consécutif à la grève générale.

Ainsi, la comparaison permet de percevoir les points communs entre deux réalités, deux référents. Cette caractéristique commune, portée par deux éléments distincts, devient plus expressive et plus évocatrice :

ses efforts étaient devenus la cause de sa perte car comme la feuille avec laquelle on a fini de se torcher, les indépendances une fois acquises, Fama fut oublié et jeté aux mouches.

                                          Les Soleils des indépendances, p. 24

 

L’évocation du sort cruel de Fama devient plus expressive et plus pitoyable quand il est assimilé à celui de « la feuille avec laquelle on a fini de se torcher ». Le sème commun entre le sort de Fama et celui de « la feuille avec laquelle on a fini de se torcher » constitue l’action de jeter aux mouches quelque chose, après usage, comme un vulgaire déchet, ce qui permet de mettre en évidence la trahison subie par Fama qui a été utilisé sans ménagement dans la lutte pour les indépendances puis oublié et abandonné une fois celles-ci acquises.

Le plus souvent, dans le système comparatif, le sème commun est clairement exprimé dans les segments du texte, rendant ainsi explicite le motif de la comparaison :

Elle était craintive comme une bête aux abois.

                                                                           Ville cruelle, p. 81

 

Le rapport sémantique entre la jeune fille et la bête aux abois est clairement exprimé : il s’agit de la crainte qui constitue le fondement de cette comparaison. L’interprétation de ce genre de comparaison est aisée, l’expression explicite du tertium comparationis annihile toute ambigüité dans la compréhension du motif de la comparaison.

Par contre, dans d’autres cas, le sème commun n’est pas textuellement exprimé, il est carrément ignoré ou simplement suggéré :

Tu as des yeux pareils à deux lunes dans la nuit.

                                                               Bouts de bois, p.331

         

Ce genre de comparaison pose une grande difficulté dans l’interprétation qui devient hasardeuse. Dans ce cas de figure, seul le contexte peut aider à décortiquer le rapport sémantique entre les deux éléments en restreignant notamment le cadre interprétatif.

Enfin, dans certaines comparaisons, le tertium comparationis est certes exprimé dans les segments textuels, mais il est incohérent par rapport à l’un des constituants de la chaine comparative (comparé ou comparant). En d’autres termes, l’élément que l’auteur met en avant comme étant le motif de la comparaison n’est pas commun au comparé et au comparant, il est propre, spécifique à l’un et seulement à l’un de ces éléments. La comparaison devient ainsi incohérente, le rapprochement entre les deux éléments étant incompatible. C’est un des fondamentaux de l’esthétique  surréaliste bien reflétée par cette célèbre comparaison de Paul ELUARD :

La terre est bleue comme une orange[15].

 

Si la caractéristique bleue peut s’appliquer au comparé terre, elle ne pourrait qualifier le comparant orange. La disconvenance sémantique entre l’orange et la couleur bleue étant évidente, on ne peut pas parler de sème commun, ce qui rend la comparaison fort ambiguë. Face à cette incohérence, seul le recours au contexte peut permettre d’interpréter cette image. Ce qui nous conduit à étudier le rôle décisif du contexte dans l’interprétation de ces deux derniers types de comparaison.

 

5. L’importance du contexte : le modulateur de l’interprétation

Dans toutes les figures, où les éléments du discours sont employés de façon différente de leur usage ordinaire, le contexte assume une fonction déterminante pour l’interprétation. C’est sans doute ce qui conduit Jean COHEN à affirmer que « chaque fait de style comprend un contexte et un contraste »[16], le contraste étant l’effet d’écart qui fait du procédé une figure et le contexte étant l’isotopie du texte dans laquelle est intégrée la figure. Dans les tropes comme la métaphore par exemple, où il n’y a pas de terme modalisateur (comparatif), sans faire référence au contexte, il serait difficile, voire impossible d’appréhender le signifié conféré exceptionnellement au terme en question dans cette situation particulière. De même, dans l’expression de la comparaison, plus particulièrement dans les comparaisons où le tertium comparationis est défectueux, seul le contexte pourrait permettre de saisir le motif de la comparaison.

En effet, le contexte est d’une importance capitale dans les deux cas de défectuosité du tertium comparationis que nous avons évoqués dans notre point précédent à savoir quand le sème commun n’est pas exprimé ou quand il est incohérent par rapport à l’un des éléments constitutifs de la chaîne comparative, comparé ou comparant. Dans ces deux cas de figure, c’est le contexte qui permet de corriger les lacunes au niveau de l’information. Nous pouvons ainsi définir le contexte comme étant un segment ou une série de segments dont la structure récurrente, cohérente et logique crée une impression de régularité signalant à partir des éléments qui précèdent (textuels, paratexuels, situationnels) l’élément qui fait obstacle à l’isotopie du texte, (le fait de style dans le principe de l’écart) et supposant implicitement le vrai sens, le sens nouveau conféré au terme employé comme figure. C’est sous ce rapport que face à ces  deux défectuosités, l’ellipse et l’impertinence  du tertium comparationis, deux catégories qui impliquent un certain nombre de difficultés dans la compréhension du motif de la comparaison, il va ainsi constituer, en l’absence de toute précision, une sorte de contrôle de l’interprétation en délimitant le cadre interprétatif.

Pour le premier cas de figure en l’occurrence l’ellipse, nous pouvons remarquer clairement que lorsque le tertium comparationis est élidé, la comparaison peut créer une ambiguïté au niveau de l’interprétation si le comparant est incompatible avec le comparé. Pour ce genre de rapport, en l’absence du tertium comparationis, une interprétation unanime n’est point possible, celle-ci devient plurielle, laissant au lecteur un vaste champ de signification avec une grande liberté en rapport avec son entendement et sa compréhension, même si le sens conçu dans l’esprit de l’auteur est unique. Aussi, à tout moment, le contexte peut mettre terme à cette liberté du lecteur en écartant certains sèmes, restreignant ainsi le champ de signification en rapport avec l’isotopie du texte :                               

Tu as des yeux pareils à deux lunes dans la nuit.

                                                              Bouts de bois, p.331

 

Dans cet exemple, les yeux de Ndèye Touti sont comparés à deux lunes dans la nuit, mais le rapport entre yeux et lunes n’est pas explicité car nous notons l’ellipse du tertium comparationis. Cette ellipse du sème commun entraîne un flou au niveau du motif de la comparaison et par ricochet une extension des limites de la compréhension qui devient beaucoup plus vaste et imprécise. Ainsi, nous pourrions penser qu’en comparant les yeux de Ndèye Touti à deux lunes, Bakayoko fait référence à leur rondeur, leur grandeur, à leur beauté, à leur brillance, leur clarté…  Seule la prise en compte du contexte pourrait permettre d’élucider le motif de la comparaison en réduisant le champ de l’interprétation. Pour ce cas précis, le contexte, les éléments qui précèdent, nous apprennent qu’il s’agit d’un tête-à-tête romantique en pleine nuit entre la belle jeune fille Ndèye Touti et Bakayoko. Par conséquent, si nous nous référons aux pages précédentes où l’auteur avait décrit la fille en mettant en évidence la beauté et la grandeur de ses yeux, en rapport avec cette situation particulière, les sèmes lumineux, clair ou beau seraient plus pertinents à retenir.

Pour le cas de l’impertinence ou de l’incohérence, le tertium comparationis est exprimé mais il pose problème dans la logique de l’image car impliquant un sème présent dans le comparé et que le comparant exclue ou vice versa :

La terre est bleue comme une orange[17]

 

Dans cet exemple, le sème commun, le tertium comparatif est clairement exprimé (bleue), mais il constitue une caractéristique impropre, inappropriée au comparant. Ce qui entraîne une incompatibilité entre comparé et comparant. Cette incompatibilité devient source de blocage au niveau de l’interprétation car la logique de construction de l’image est complètement détruite : s’il est évident que la terre est bleue, par contre, cette caractéristique n’est pas applicable à orange. Aussi, aucune interprétation littérale, conventionnelle n’est admise ; mais ce qui pourrait aider à appréhender le motif de cette comparaison, c’est essayer de plonger dans le contexte d’écriture pour déceler l’origine de cette image. Ainsi, si nous nous référons à l’esthétique dans laquelle s’inscrit l’auteur à savoir l’esthétique surréaliste, il s’est agi pour les auteurs de ce courant de matérialiser leur révolte par rapport au langage en créant des images insolites, en porte-à-faux avec la logique grammaticale qui sous-tend la construction des images. C’est à cet effet que REVERDY affirme : 

L’image est une création pure de l’esprit.
Elle ne peut naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées .Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte, plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique[18]

 

C’est seulement ce contexte qui pourrait justifier la possibilité d’avoir une image de cette nature. Ainsi, le sème commun avancé par l’auteur pourrait être considéré comme une fausse piste qui entre dans le cadre de la subversion du langage propre à ce courant littéraire, subversion qui permet de détruire la logique de création des images, la logique comparative. Ainsi, si on fait abstraction de ce cadre subversif, la caractéristique commune « ronde » s’impose logiquement car constituant naturellement l’intersection sémique entre le comparé terre et le comparant orange. Seulement nous avons affaire à une esthétique où c’est l’illogique qui est la seule logique pour créer un effet stylistique fort.

 

Conclusion

Loin de se focaliser sur un subordonnant fort, l’expression de la comparaison relève d’un mécanisme syntaxique original fondé sur le concept de chaîne syntaxico-sémantique rigoureusement structuré. Il s’agit d’une véritable organisation équilibrée reposant sur la concomitance de quatre éléments fonctionnels à part égale intégrés dans un contexte discursif très fort.

Sémantiquement, la comparaison dispose d’un fort pouvoir de caractérisation et d’illustration, ce qui explique son succès incontestable dans le discours, surtout le discours littéraire. Toutefois, l’originalité de la comparaison par rapport aux autres procédés linguistiques permettant la caractérisation et l’illustration tels que la métaphore repose justement sur son mécanisme syntaxique qui précise et limite le cadre comparatif en interdisant toute fusion entre comparé et comparant.

C’est de ce point de vue qu’on peut soutenir que syntaxiquement et sémantiquement, la comparaison est moins radicale et moins osée que la métaphore. Elle se situe en amont de la caractérisation en s’entourant de toutes les précautions possibles car elle marque toujours la distance catégorielle entre comparé et comparant grâce à son système syntaxique complet et équilibré.

 

BIBLIOGRAPHIE

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[1]PISTORIUS, G. « La structure des comparaisons dans "Madame Bovary" ». Cahiers de l'Association internationale des études françaises, N°23, 1971. pp. 223-242.

[2] BOKA, Marcelin. « Comparaison et métaphore, fonction et signification dans le vieux Nègre et la médaille de Ferdinand Oyono ». Revue de littérature et d’esthétique négro-africaines, n°2, 1979

[3] BAL, Willy. La comparaison. Son emploi dans « Gaspard des montagnes » d’Henri Pourrat.  Léopoldville : Éditions de l’Université, 1958

[4] Ce terme fait référence à tout composé du texte aussi bien dans son segment antérieur que dans son segment postérieur.

[5] SUHAMY, Henri. Les Figures de style. Paris : Presses universitaires de France, 2004, p.29

[6] KOUROUMA, Ahmadou. Les Soleils des indépendances. Paris : Seuils, 1970

[7] FROMILHAGUE et SANCER. Introduction à l’analyse stylistique. Paris : Bordas, 1991 p.137

[8]DUPRIEZ, Bernard. Gradus, les procédés littéraires. Paris : Christian Bourgois éditeur, 1984  p.122

[9] BOTO, Eza. Ville cruelle. Paris : Présence africaine, 1954

[10] Au sens où le verbe embrayer signifie faire communiquer les différentes parties d’une machine compliquée, afin qu’elles fonctionnent ensemble.

[11] DETRIE, Catherine. Du sens dans le processus métaphorique. Paris : Champion, 2001, p. 255.

[12] ERIKSSON, Olaf. La Suppléance verbale en français moderne. Acta universitatis Gothoburgensis, Gotena kungälv, 1985, p.19

[13] BA, Mariama. Une si longue Lettre. Dakar : NEAS, 1979

[14] COHEN, Jean. « La comparaison poétique : essai de sémantique ». Langages, n°12, 1969, p.44

[15] ELUARD, Paul. L'amour la poésie. 1929 premier vers du 7ème poème du premier chapitre « Premièrement ».

[16] Op. cit.

[17] Op. cit.

[18] REVERDY, Pierre, cité par André Breton in Le Manifeste du surréalisme, Paris : Editions du sagittaire, 1924 pp. 30-31