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Introduction

          Cette  étude s’inscrit dans le cadre de la relation entre langue et style en sociolinguistique  et vise à démontrer comment on peut arriver à rendre la réalité sociale par des moyens techniques de la langue, prenant en compte beaucoup de facteurs pour atteindre son objectif, cause de la variation linguistique.

   Elle est basée sur The Beautyful Ones Are Not Yet Born (1968), de l’écrivain Ghanéen Ayi Kwei Armah. La réalité dont il est question est l’Afrique symbolisée par le Ghana à un certain moment de son histoire, qui représente la société Africaine.

   Le choix d’un tel thème s’explique par le fait que nous soyons concernés par le vécu quotidien de notre société qui a subi beaucoup de soubresauts qui se manifestent de plusieurs façons et sur tous les plans.

      Quant à l’écrivain Ayi kwei Armah, il fait partie des plus grands auteurs africains par son talent, ses œuvres et par ses idées prônées. Il s’est employé, dans plusieurs de ses écrits, à montrer du doigt les grands maux de la Société Africaine.

      La technique utilisée dans la relation des faits de la société fait son originalité. Pour ce qui est de l’œuvre, le choix résulte du fait qu’elle ne peut laisser le lecteur indifférent par le langage utilisé.

      Notre objectif est de démontrer comment il est parvenu, par le langage utilisé, à rendre son œuvre réelle.

      Pour ce faire, nous allons dans un premier temps, donner une approche des termes «style» et «registre» par rapport au concept langage, ensuite, nous allons placer l’œuvre dans le contexte de la réalité, avant de présenter le locuteur (l’auteur) et son interlocuteur (celui à qui il s’adresse) tout en nous focalisant sur le vocabulaire employé pour se faire comprendre.

 

 

I-Langue et style

Comme pour la linguistique, les théoriciens ne s’accordent pas sur la définition du style et du registre, ce qui en fait un domaine controversé.  Chaque linguiste en a sa conception, William Labov[1] le définit ainsi:

Par style, nous entendons d'inclure l'une des [………..] formes linguistiques utilisées par le locuteur, qui peut être associée à un  ensemble de sujets, de participants, de contexte social

 

 

Pour d’autres comme Wolfram & Schilling-Estes[2]  c’est  « la Variation dans le discours des orateurs  individuels ». Quant à Allan Bell,[3] c’est « la plage de variation dans le discours d'un locuteur individuel».

 

 

I.1 Le Style

Le style est souvent défini comme la façon de marcher, de s’habiller, de parler, d’écrire, bref, de se comporter propre à un individu ou à un groupe. En sociolinguistique, puisque c’est de ce type d’étude qu’il s’agit, il se rapporte à la façon dont l’individu use de la langue dans sa diversité pour faire passer son message ; la façon dont l’individu montre son identité et tisse des relations à travers le choix de son langage.

C’est une large gamme de stratégies utilisées par le locuteur pour affirmer son identité et ses réalités sociales.

Le style intervient dans trois domaines principalement: choix du vocabulaire, de la structure grammaticale et la prononciation. Il peut englober le registre, mais contrairement à ce que les moins avertis croient, il est différent de ce dernier.

 

 

I.2 Le Registre

Le registre se rapporte au type de langage employé dans un discours, et est défini par rapport au contexte, au locuteur à un groupe partageant  beaucoup de choses en comment, comme le lieu de travail, les mêmes idéaux, les mêmes origines, etc.

C’est ainsi que les linguistes le définissent comme « la variante d’une langue utilisée pour un objectif ou un contexte social bien particulier ». A l’image des autres types de variations linguistiques, il existe un large éventail de registres, prenant en compte les réalités sociales, les préoccupations, les objectifs de tout un chacun.[4]

Bien que le registre impose quelques fois le choix de la structure grammaticale à employer, il est différent du style car affectant principalement le lexique.

 

 

II-L’œuvre dans le contexte de la réalité

II.1 L’œuvre

Le roman que nous allons analyser reflète un aspect de l’évolution de la société africaine symbolisée par le Ghana, fief de l’auteur ; roman dont le thème entre dans le cadre de l’Afrique durant la période post coloniale. Il est inspiré de la situation de l’Afrique (en général) après le départ des Blancs.

Cette situation est caractérisée par le cynisme, la désillusion, bref beaucoup de vices. Dans le roman, on raconte l’histoire d’une société où la corruption est tellement de mise qu’elle représente une condition sine qua non pour la survie. Elle est l’apanage de tous, des autorités comme des subalternes et rythme la vie quotidienne des individus.

L’histoire est racontée à travers la vie du héros surnommé « Monsieur » qui est un simple employé des chemins de fer ; il lutte pour résister contre les tentations faciles, ce qui le démarque des autres par son attitude, il est incompris et est victime de toutes sortes d’attaques. « Monsieur » évite tant bien que mal la corruption et se contente du peu qu’il gagne contrairement à beaucoup d’autres y compris son ancien camarade de classe Koomson devenu ministre, et qui ne vivent que de la corruption.

Le héros, animé par le souci de résister, est finalement rejeté par ses proches en l’occurrence son épouse et sa belle mère.

Le roman est fondé autour de la psychologie de ce personnage-héros qui refuse de prêter le flanc, par sa vigilance, son intelligence, son entêtement. Il est conditionné par des valeurs internes qui lui sont propres. En refusant de compromettre les principes établis, il représente l’être clairvoyant du groupe, groupe aveuglé par la cupidité et le matérialisme.

 

 

II.2 Le choix du registre d’Armah

Ayi Kwei Armah fait partie des plus grands auteurs africains par son talent, ses œuvres et par ses idées prônées. Il fait partie de la seconde génération d’écrivains après feu Léopold S. Senghor, Aimé Césaire entre autres, et s’est employé dans la plupart de ses écrits à montrer du doigt les grands maux de la Société Africaine.

Le roman reflète l’idéologie de l’auteur qui se cache derrière le héros « Monsieur » représentant ainsi le locuteur, s’adressant au lecteur, faisant fonction d’interlocuteur ; mais, dans quel but ? Celui d’attirer son attention sur les problèmes liés au vécu quotidien de la société.

Armah n’est pas le seul à avoir débattu d’un thème pareil, à côté de lui, il y a’ entre autres auteurs, Chinua Achebe, Wole Soyinka…. Cependant, il ya quelque chose qui fait son originalité, c’est la technique utilisée dans la relation des faits traduisant son langage lié à sa personne, son destinataire et son intention. Nous allons donc démontrer comment ce langage fait de son œuvre un prototype de la réalité.

 

 

-The Beautyful Ones Are Not Yet Born (L’Âge D’or N’est Pas Pour Demain)

Littéralement, « les magnifiques ne sont pas encore nés ». Commençons par le titre, avec le « y » de « Beautyful », et le choix du terme (magnifique) qui est ironique, l’idée que rien ne va est renforcée. « Ones » également est symbolique car il implique autrui, un peuple bien défini, mais est significatif car le mot « people » (peuple) aurait pu être choisi. Avec le titre, le lecteur curieux ferait tout pour savoir ce qui se cache derrière la couverture, pour savoir ce que Armah veut dire ou a l’intention de montrer en choisissant « y » au lieu de « i » qui est l’orthographe correcte ; et en omettant à dessein le mot « people » en guise de mépris, voire de dégoût                                                                  

L’histoire est racontée à travers le héros du nom de « Monsieur ». Si Armah décide de le laisser anonyme, ce n’est pas par hasard, c’est pour montrer son attitude par rapport au groupe et pourtant, c’est un homme comme tous les autres, représentant le commun des mortels, un simple employé des chemins de fer. Ce qui le différencie du groupe, c’est uniquement son comportement honnête dans un environnement où la vie est rythmée par la corruption. Cela montre une fois de plus le manque de considération, le mépris porté à l’égard de cet homme à qui l’on pourrait attribuer un nom propre.

Par le biais de cet homme, on vit les scènes, ce qui nous met en plein dans les évènements. Rien n’est plus réel qu’une telle description. Cette description est renforcée par l’utilisation des mots qui traduisent l’état des lieux comme: « vague, confused, indistinct ». Aussi, la relation de la scène de l’autobus nous permet de deviner l’état de la société: « The light from the bus moved uncertainly down the road until finally the two vague circles caught some indistinct object on the side of the road where it curved out in front ».[5][«La lumière émanant du bus balaya la route d’une manière incertaine faisant deux cercles vagues sur un objet incertain pour former une courbe au bord de la route ».]

Le caractère vague, confus, indistinct… se reflète même sur les objets, cela signifie que rien ne va dans ce pays, c’est un symbole. Il ya aussi celui des allumettes qui refusent de prendre: « The driver…took a crumpled packet of tuskers, lit a match, the head refused to catch however »[6]. Les termes employés sont significatifs et rendent bien l’idée de l’auteur, « chiffonné, refuser de prendre »

[« Le conducteur…sortit un paquet de cigarettes chiffonné, alluma un brin d’allumettes qui refusa de prendre ».]

En introduisant ces symboles, Armah veut insister sur le caractère sombre, indécis de l’avenir. Le brin d’allumette sent la situation désastreuse dont elle est victime, même les objets sont à l’image de leur utilisateur.

L’effet du dégoût participe également à la description avec l’image du mucus (secreté par le conducteur d’un bus) collé aux roues de l’autobus: « The driver …cleared his throat and spat out a generous gob of mucus against the tyre (…) [7]».

[« Le conducteur de l’autobus se racla la gorge et secréta un généreux crachat de mucus contre la roue ».]

Tout cela participe de la volonté de l’auteur de montrer combien l’environnement est si pollué qu’il ne peut y avoir de vie saine, ce qui explique l’attitude d groupe qu’il décrie.

Les scènes sont décrites au détail, en plus de cela, il y’a la couleur locale avec le choix des mots dans cette description détaillée de la vie quotidienne relatant une maman qui suce les narines de son enfant enrhumé pour les décongestionner: « Under a dying lamp, a child is disturbed by a long cough…at the end of it, his mother, calmly puts her mouth to the wet congested nostrils and sucks them free ».[8]

[« Sous une lampe mourante, un enfant est secoué par une toux longue…à la fin, sa maman posa calmement sa bouche contre les narines bouchées humides, les suça pour les décongestionner ».]

Les mots « suck, free » reflètent la réalité à merveille ; car l’auteur pouvait user d’autres termes du genre « bouche à bouche » ; mais cette attitude banale est fréquente chez les femmes africaines.

On a un autre exemple de la dépiction de la réalité sociale, dans la scène où l’on nous parle des voyageurs attendant l’arrivée du bus ; « The waiting people slide toward it, but the conductor walks away and down the road. In a few moments, the waiters can hear the sound of his urine hitting the-clean-your-city can».[9]

[« Les gens qui attendaient s’y hissèrent, mais le conducteur s’éloigna en descendant la rue. Un peu plus tard, ils pouvaient entendre le bruit de ses urines fouetter le bac à ordures ».]

Une attitude bien de mise en Afrique, qui consiste à agir contrairement aux principes établis. Ici, le conducteur, contrairement à ce qui est inscrit sur le panneau, agit à sa guise. Encore une fois, le choix des termes est explicite, « clean-your-city can », (poubelle pour maintenir votre ville propre) pouvait être rendu par  simplement « rubbish/dust bin » (poubelle).

« the sound hitting », (bruit fouetter) est bien significatif, imaginons un peu la scène, un bruit (d’urines) aussi fort qu’il fouette un objet, et cet objet c’est quoi, là où l’on doit mettre ce qui salit.

Non seulement les termes jouent bien leur rôle, mais aussi, il ya l’effet de contradiction entre l’existence de la poubelle et le fait d’uriner à côté, qui cause l’insalubrité et de la poubelle et de l’environnement, un des caractères de notre société décrié par l’auteur.

Beaucoup d’exemples traduisent la réalité: la description du coup d’état militaire colle bien à la situation du Ghana en 1966, marquant la fin du régime de Kwame Nkumah. Il est ainsi décrit: « They say they have seized the power ». « Army and policemen (…) oh, I see, I thought they always had power. Together with Nkrumah and his fat men».[10] Le passage est un commentaire du coup d’état par « Monsieur » et un collègue.

Encore, les mots ne sont pas fortuits, car « the fat men » (les gros hommes) reflète le caractère cupide de ces gens du pouvoir cupidité, qui se manifeste jusqu’à leur constitution physique et que l’auteur pointe du doigt à travers « Monsieur » à qui il s’identifie.

Les mots utilisés sont particuliers et trahissent l’idée, l’intention de l’auteur qui n’hésite pas à user de gros mots si nécessaire: « Moron of a frog, rotten cunt, ire »[11], qui sont des insultes adressées au personnage de « Monsieur » par le taximan. Ce sont des expressions typiques propres au milieu. Le but de cette peinture, avec l’utilisation d’un tel vocable, est de dégoûter le lecteur non pas pour le plaisir de le faire, mais pour lui montrer comment la corruption, rythmait la vie de tous les jours au point de polluer l’atmosphère.

C’est ce qui explique l’utilisation de ces images dans la description du bloc des chemins de fer où travaille « Monsieur »:

Apart from the wood itself, there were, of course, people themselves, just as many hands and fingers bringing help to the wood in its course toward putrefaction ».«Left hand fingers in the careless journey from a hasty anus sliding all the way up the banister as their owners made the return trip from the lavatory downstairs to the offices above. [12]

 

 

On note une condamnation du peuple par Armah. Selon lui, ce peuple est presque inexistant puisque n’usant plus de la morale. A travers le dialogue, il nous montre les acteurs de ce jeu qu’est la corruption, par l’intermédiaire de « Monsieur » qui ne se retrouve pas dans cet univers: « Outside, the night was a dark tunnel so long that out in front and above there never could be any end to it ». Le héros est si troublé car, par son attitude, son intégrité, il est victime de toutes sortes d’attaques.

L’utilisation de l’expression «dark tunnel so……it»  (tunnel illimité)  n’est pas gratuite car elle renvoie aux problèmes  auxquels « Monsieur » est confronté dans sa lutte pour la préservation des principes établis tels que le travail, l’honnêteté, qu’il est le seul à respecter.

A travers le dialogue entre « Monsieur » et un client d’une part et son épouse et sa belle-mère, de l’autre, on note qu’il est dégoûté par la nausée physique transparente, alors que les deux femmes sont des cupides, des corrompues: « Somebody offered me a bribe today » [quelqu’un m’a offert un pot de vins] (c’est « Monsieur » qui parle) et son épouse lui répond: « And like an onwardChristian soldier you refused ?».Elle ne peut concevoir le refus de son mari devant la corruption.

« Onward christian soldier » (soldat chrétien carré), rend bien la déception de la part de la dame qui ne peut concevoir le recul devant une telle opportunité. La belle-mère aussi, s’adressant à son beau-fils lui dit: « My poor husband, (…) you have no shoes to wear, (…) you must know you have nobody, you are an orphan, a complete orphan (…). You mustn’t run around like people who have men behind them to buy shoes… »[13].

[« Mon pauvre mari, (…) tu n’as pas de chaussures, (…) sache que tu n’as personne, tu es comme un orphelin, (…). Tu ne dois pas te comporter comme ce qui courent après les autres pour avoir de quoi acheter des chaussures ».]

Encore, les mots «orphan, shoes » (orphelin, chaussures) sont importants ; la belle-mère qui compare « Monsieur » à un orphelin qui n’a personne pour lui acheter des chaussures. Un prétexte pour montrer combien vivre sans la corruption était impensable.

La différence entre le héros et son ami Teacher et les autres est montrée par l’utilisation d’un vocabulaire spécifique, par exemple quand « Monsieur » rentrait de chez son ami, p3… il était capable de retrouver son chemin malgré malgré l’obscurité, cela explique sa conscience, son esprit d’éveil par rapport au groupe.

Tous les corrompus sont convaincus de la nécessité de la cooruption ; l’exemple le plus frappant est celui du ministre Koomson, avec la fin qui lui a été réservée. Après le coup d’état militaire, il est venu chercher refuge auprès de son ami « Monsieur », il est ainsi décrit:

His mouth has the rich stench of rotten menstrual blood.  The man held his breath until the new smell has gone down in the mixture with the liquid atmosphere party man’s farts fitting the room.[14]

[Sa bouche sentait la puanteur de menstrues pourries. L’homme retint sa respiration jusqu’à ce que l’odeur mélangée au pet, se mélangea avec l’air]

 

 

Koomson a tellement usé de la corruption qu’il en dégage même, il en est repu. « …stench of rotten menstrual blood ». ( puanteur de menstrues pourries), et là encore, « pourries » pouvait être évité à la place de « décomposées », qui sonne moins dur. La bouche de Teacher est comparée à l’odeur du sang menstruel par l’odeur qu’elle dégage, odeur symbolisant la corruption.

L’autre exemple concerne Estella Koomson, la femme de « Monsieur » et sa maman qui croient fermement au matériel et pensent que pour survivre, il faut user nécessairement de la corruption. Faisant allusion à Estella, Oyo, la femme à « Monsieur » dit:

and why not ? Why not shake Estella Koomson’s hand, was not the perfume that stayed on yours a pleasing thing? May be you like this crawling we do, but I’m tired of it, I would like to have someone drive me where I want to go.[15]

[Pourquoi pas? Pourquoi ne pas serrer la main à Estella Koomson, n’etait-ce pas un plaisir d’avoir son parfum à tes mains? Tu aimes peut-être la situation lamentable  dans laquelle nous sommes, j’en ai marre, j’aimerais avoir quelqu’un qui me donne une situation meilleure.]

 

 

Tout ce qu’elle admire chez Estella, c’est le bien matériel, la prospérité et elle influence son mari à user du goût de l’argent facile pour avoir le même statut. L’ironie dans l’utilisation du « y » dans le titre revient à la fin du roman. On a un contraste esthétique, l’image d’une fleur solitaire étrange et très belle au milieu de cette atmosphère polluée, cette nausée.

Le contraste revient, comme au début du roman ; l’homme averti est représenté par la fleur et le reste qui l’est moins, par le « y » qui vient gâcher l’orthographe correcte de « Beautiful ».

Et la pierre où est marquée: « The Beautyful Ones Are Not Yet Born »[16] est explicite. En voilà une ironie de la part d’Armah.

 

 

Conclusion

Après l’étude du roman, on se rend compte qu’Armah a usé de toutes sortes de motifs pour faire passer son message ; parti d’un point de vue sur la situation générale de l’Afrique à l’image de son pays, il a écrit avec fougue ce qui se note dans son expression.

A partir de la psychologie du personnage-clé qu’est « Monsieur », il présente la réalité qui marque la vie de tous les jours avec une description détaillée des faits. Ce personnage représente la minorité consciente, innovatrice, guidée par la droiture et la sainteté d’esprit.

Son message s’adresse au groupe moins averti, guidé par la tentation facile ; qu’il a voulu sensibiliser et éduquer sur le devenir de son pays ; ce qui fait l’originalité de son style imagé. Parti de la déception, du dégoût, il use d’un vocabulaire typique de la situation qu’il fait vivre en même temps au lecteur.

Le registre également colle parfaitement au contexte et le destinataire, c’est-à-dire que les termes employés reflètent et son sentiment sur la situation et son sentiment à l’égard de son interlocuteur qu’il culpabilise et sensibilise en même temps.

Cela explique le choix des mots où l’on note plus que le dégoût, la vulgarité. Ce qui se comprend car, comme on le dit en sociolinguistique, l’individu use de son répertoire pour faire passer son message, et le choix de ses mots est dicté par ce qu’il tient à véhiculer, d’une part, et par le type de personne à qui il est destiné de l’autre.

Armah a bien su profiter de l’occasion pour faire partager son sentiment à son interlocuteur qui n’est personne d’autre que le politicien de l’époque, assoiffé de pouvoir qui est prêt à toutes les bassesses du monde pour atteindre son objectif qui n’est rien d’autre que d’accéder au pouvoir, de s’accaparer de toutes les richesses, et de vivre dans l’opulence au grand dam de la masse représentée par le reste de la population.

Celui-là, qu’il qualifie de cupide, de corrupteur, bref de tous les vices ; l’indexant du doigt comme étant le principal responsable de la situation catastrophique de leur pays. Son objectif, Armah l’a bien réussi pour avoir trouvé le mot juste à l’intention de son « auditoire »

 

 

BIBLIOGRAPHIE

ARMAH, Ayi Kwei. The Beautyful Ones Are Not Yet Born. London: Heinnman. 1988. P30

-    BELL, Allan. "Language style as audience design." In Nikolas Coupland and Adam Jaworski, Eds.  Sociolinguistics: A reader, 240-50. St. Martin’s Press. 1997.

-    LABOV, William. "Field Methods of the Project in Linguistic Change and Variation." Language in Use, Prentice-Hall:  In John Baugh and Joel Sherzer, eds., 1984. 28-53.

-    WOLFRAM, Walt, and Natalie Schilling-Estes. American English, Chap. 8: "Dialects and style". Oxford: Blackwell. 1998

-    www.esoeonline.org/.../stylevsregister

 

 

APPENDIX

Voici la liste des principaux termes employés par Armah. Avec leurs synonymes moins poignants. Les mots sont en gras et leurs synonymes en caractère normal. Ils sont donnés selon leur ordre d’apparition dans le texte.

-The man / mister x

-Beautyful / good

-Ones / people

-Vague / distant

- confused / deafening

- indistinct object / something.

-Crumpled / old

-Refuse to catch (a match) / couldn’t be lit.

- Generous (gob of mucus) / big

- Dying (lamp) / faint

- Suck free (nostrils) / clear

- Hit (sound of his urine) / touch

-City can / dust-bin

- Fat men / rich men

- Seized (the power) / took

- Moron of a frog- rotten cunt / idiot

- Dark and so long that there never could be an end to it (tunnel) / dark and long

- Onward Christian soldier / droit

- Rich stench / stench

- Rotten (menstrual blood / strong smell

- Pleasing thing / good thing.

-Putrefaction (wood) / decay

- Return trip from (lavatory ) / coming from

- Man’s farts (filling the room) / smelling farts

- Hasty anus / stool



[1] William LABOV. "Field Methods of the Project in Linguistic Change and Variation." Language in Use, Prentice-Hall:  In John Baugh and Joel Sherzer, eds., 1984. 28-53.

[2] Walt WOLFRAM and Natalie Schilling-Estes. American English, Chap. 8: "Dialects and style". Oxford: Blackwell. 1998

[3] Allan BELL. "Language style as audience design." In Nikolas Coupland and Adam Jaworski, eds., Sociolinguistics: A reader, 240-50. St. Martin’s Press. 1997.

[4]www.esoeonline.org/.../stylevsregister                                                      

[5]Ayi Kwei ARMAH. The Beautyful Ones Are Not Yet Born..London: Heinnman. 1988. P30 [Nous mettons la traduction française entre corchets droits]

[6] Ibid. p1

[7] Ibidem

[8] ARMAH. Ibid. P35

[9] ARMAH. Ibid.p30

[10] Ibid. p157

[11] Ibid. p9

[12] ARMAH. Ibid. P12

[13] Ibid . p123

[14] ARMAH. Ibid. P163

[15] Ibidem. P 44

[16] Ibid.. p.183