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Abstract 

          Au Sénégal, la popularité sans cesse grandissante du football pousse les autorités sportives à mettre en œuvre une série de politiques destinées à développer cette pratique. Toutefois, face aux échecs répétés des différentes sélections nationales et au désintérêt des amateurs pour les championnats officiels, le « navétane » se présente comme une alternative crédible pour redorer le blason d’un sport qui suscite néanmoins autant de passions chez les individus. En effet, au-delà des aspects purement sportifs, ce mouvement populaire se singularise par la place de choix qui est accordée à l’environnement socioculturel. Des problèmes demeurent, cependant, dans la conjonction entre la structure formelle représentée par la FSF et le « navétane » qui, de par ses enjeux actuels, fait face à quelques difficultés qui peuvent entraver le développement du football dans son ensemble.

Mots-clefs: « navétane », football, championnat, développement.

 

 

Introduction: Petite épistémologie d’un phénomène socio-sportif

          Dans l’élaboration de sa politique sectorielle, l’État du Sénégal s’est appuyé sur un certain nombre de variables destinées à opérer une classification par ordre d’importance des différentes disciplines sportives. Il s’agit, entre autres, du rang obtenu par les participants durant les jeux olympiques, de la dimension des compétitions, de l’impact social de la discipline.[1] Cependant, depuis l’affiliation de la Fédération sénégalaise de football à la FIFA (1962), l’équipe nationale du Sénégal reste sur une place de finaliste malheureuse en Coupe d’Afrique et une autre de quart de finaliste en Coupe du monde (2002). Une telle situation prouve que le Sénégal n’a vraiment rien gagné à l’échelle internationale qui lui vaille son statut actuel de sport le plus populaire du pays.

          L’absence de rayonnement au sortir de compétitions internationales semble ainsi mettre « en évidence l'inefficacité́ du cadre juridique […] des lois, décrets et arrêtés qui ne suffisent pas pour développer et promouvoir ce sport » (Loum, 2004). A cela s’ajoute le peu de considération dont fait l’objet le championnat national, toutes catégories confondues, de la part aussi bien des organisateurs que des amateurs.De nombreuses voies s’élèvent ainsi qui dénoncent « l’amateurisme du football sénégalais » (Diop, 2006) ; en effet, ce sport a connu une trajectoire assez mouvementée au point de mériter le « carton rouge » du célèbre journaliste et chroniqueur sportif, Serigne Aly Cissé (1995).

          Cependant, et ce malgré la crise que traverse le football, l’engouement qu’il suscite auprès des acteurs sportifs sénégalais ne souffre d’aucune contestation: tout le monde ou presque joue au football ; tout le monde ou presque parle de football. Les autorités sportives du pays, conscientes de la fonction stabilisatrice de cette pratique, n’en continuent pas moins de scruter l’horizon sportif dans l’espoir de mettre cette discipline sur les rampes du succès. Et puisque la Fédération Sénégalaise de Football ne semble pas en mesure de prendre intégralement en charge la demande socio-sportive des usagers du football, une organisation parallèle s’est mise en place et s’est développée de manière fulgurante avant de ravir la vedette aux compétitions dites officielles: c’est le championnat « navétane ».

          Dans sa présentation consacrée à ce phénomène, Olivier Monlouis nous apprend que c’est vers la fin des années 50 que quelques adultes passionnés de football entreprirent « d’organiser, de manière informelle, des tournois pour occuper la jeunesse le temps des vacances »[2]. Par ailleurs, cette occupation finit par prendre une tournure autre que celle pour laquelle elle avait été instituée. Ce mouvement national populaire prendra assurément une grande ampleur au niveau national au point de devenir un vivier très fécond dans la célébration de l’identité de groupe mais aussi dans la dynamisation du football sénégalais dans sa globalité.

          C’est dans cette optique qu’il convient de placer cet article qui se propose d’apporter une modeste contribution à l’évocation de la dimension socioculturelle, économique et sportive de ce championnat fédérateur qui illustre fort bien la manière dont les logiques identitaires se traduisent en actes (Diaw, 1994). Comment est organisé le football au Sénégal ? Quid du championnat « navétane » ? Quelles sont les incidences de ce mouvement aux plans économique, socioculturel et sportif ? Voilà autant de questions dont des éléments de réponse permettront sans doute d’apporter un éclairage sur l’impact de cette pratique typique du football sénégalais.

 

 

 1. Le football au Sénégal: évolution d’un sport à enjeux

1.1. Bref rappel historique

          L’introduction du football au Sénégal reste intimement liée à la colonisation. En effet, « l’introduction du football au Sénégal participait d’une logique d’assimilation des populations colonisées qu’il fallait accommoder à la vie occidentale. » (Sow, 2008) Ainsi la pratique du football, qui était un moyen de détourner les jeunes Noirs d’éventuelles revendications politiques, était-elle assidue dans les comptoirs commerciaux.

          Notons que la première équipe de football dans la colonie du Sénégal fut fondée en 1920 mais ce n’est qu’à partir de 1928 qu’on répertorie les premiers footballeurs sénégalais ; ces joueurs qui recevaient une formation obligatoire évoluaient tous dans des équipes militaires. Le rôle de l’Église fut également déterminant dans la formation des clubs tout comme dans la vulgarisation de ce sport: « l’équipe de la Jeanne d’Arc de Dakar a été créée grâce à la volonté des Pères missionnaires de l’église Sainte Thérèse. » (Sow, 2006)

          Mais il convient de préciser que l’implantation du football dans ce pays a été facilité par le contexte socioculturel sénégalais qui « a constitué un terreau fertile à l’éclosion et à la diffusion de cette pratique sportive » (Sow, 2013). En effet, de nombreux sports traditionnels déjà existants à l’intérieur du pays ont, à bien des égards, permis au football de trouver un véritable point d’ancrage.

          Parmi ces sports figure le « kupe » à propos duquel Geneviève N'Diaye-Corréard (2006) dit qu’il consistait à « toucher un maximum de joueurs du camp adverse avec une balle que l’on lance à la main ». Après avoir touché l’adversaire, il fallait rejoindre son camp sans avoir à subir le même sort.

Schéma reconstituant une rencontre de « kupe »

Schéma reconstituant une rencontre de « kupe »

Source: Centre National d'Éducation Populaire et Sportive (CNEPS)[3].

         

 

Il convient de noter que le « kupe » était presqu’exclusivement pratiqué au Nord-Ouest du Sénégal par les femmes qui lui associaient des relents mystico-religieux. En effet, il se jouait pendant l’hivernage dans le but d’invoquer les esprits afin que la pluie tombe. Au centre du pays, il était le fait aussi bien d’hommes que de femmes qui, après s’être répartis en deux groupes adverses, se livraient à une rencontre de « kupe » pendant plusieurs heures: « de vieux chiffons assemblés en boule servaient de ballon dans lequel les joueurs donnaient des coups de pied. » (Diallo, 1980)

          Dans son organisation matérielle (forme du terrain, répartition des joueurs, etc.) comme dans son mode de fonctionnement (organisation technico-tactique), le kupe ressemble, sous certaines de ses variantes, au déroulement d’un match de football ; à la seule différence qu’on pouvait, selon les contrées, se servir de ses mains ou de ses pieds dans le champ de jeu.

          Concernant la pratique de ce jeu sportif, le sociologue Khaly Sambe (2004) nous apprend que « les passes, les déplacements, les démarquages, les appuis, les occupations des espaces libres et les couvertures sont des éléments qui structurent et valorisent hautement la qualité d’un jeu collectif. » Ainsi tous ces éléments technico-tactiques renvoient à la pratique du football tel qu’il est connu et pratiqué de nos jours.

          En plus du « kupe » qui était la forme la plus élaborée des jeux traditionnels collectifs répertoriés, plusieurs autres jeux sportifs sont recensés qui, en plus d’être de véritables révélateurs socioculturels, ont permis la vulgarisation du football au Sénégal. Le « jam naani », pratique sportive et culturelle des Wolofs[4] du centre du pays, consiste à atteindre son adversaire avec une boule de chiffon qui servait de ballon. Le « jimo » est un jeu traditionnel des Mandingues[5] de la région sud du Sénégal: il était pratiqué par les hommes et consistait en un exercice d’adresse destiné à toucher un adversaire accroupi dans son camp. La balle est faite également de chiffons et a la grosseur d’une balle de tennis. Le « fuku » des Toucouleurs du Fouta (nord du Sénégal) est également pratiqué par des hommes. Deux équipes s’adonnaient, tour à tour, à une chasse à l’homme à coups de « fuku » (balle en chiffons). Parlant de l’évolution de la politique du sport au Sénégal, Abiboulaye Ndiaye (1990) nous explique que la similitude du « fuku » avec la  balle pourrait expliquer que le football ait été appelé chez les Toucouleurs, vers les années 40, « fuku-bal ». Ce jeu se pratique sur un terrain plat d’environ 50 mètres délimité par deux lignes de fond qui représentent les camps des deux équipes.

          Ces jeux traditionnels déjà bien implantés dans le pays avant l’introduction du football présentaient, à bien des égards, quelques similitudes avec ce dernier. Cependant, « il convient de signaler qu’ils restent rarement pratiquées de nos jours puisque le football, dans sa version moderne, a fini d’occuper l’espace national. » (Sow 2013)

 

 

1.2. Du Conseil Supérieur de l’AOF[6] à la FSF[7]

          Durant la présence coloniale au Sénégal, l’autorité administrative qui gérait le football dépendait très étroitement du gouvernement de l’AOF. Ce dernier était chargé, par l’intermédiaire du Comité Régional de l’Éducation Physique et de Préparation Militaire, d’organiser les activités sportives dans les colonies. Abiboulaye Ndiaye (1990) nous apprend que la promulgation de l’arrêté du 24 août portant création du Conseil Supérieur de l’AOF et du Togo s’est déroulée en 1942. C’est ce  conseil qui présidera aux destinées du sport aofien jusqu’en 1948. 

          La Fédération Sénégalaise de Football a été créée dès l’accession du pays en 1960 à la souveraineté internationale. Ses organes sont constitués de l’Assemblée Générale, du Comité Directeur et du Bureau fédéral auquel sont affiliées les ligues régionales. Les clubs sont répartis dans deux différentes ligues (I et II) chapeautées par la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (LSFP) qui a compétence pour prendre les décisions relatives à l’organisation et au développement du football professionnel. C’est à la ligue qu’incombe la « gestion du football professionnel en application et en conformité avec les Règlements de la Fédération Sénégalaise de Football et les dispositions relatives aux accords passés avec cette dernière. »[8]

          Les principales missions auxquelles doivent s’atteler les différents démembrements de la FSF tournent essentiellement autour du développement de la pratique du football. A ce la s’ajoute également le fait que toute politique technique mise en œuvre a l’obligation de prendre en compte les spécificités culturelles du pays constitué d’une trentaine d’ethnies.

          Cependant, dans la réalité des pratiques, le constat est fait que la FSF ne semble pas en mesure de prendre intégralement en charge la demande socio-sportive des usagers du football. C’est ce gap que tente de combler le mouvement « navétane » à travers ses compétitions qui ont fini de ravir la vedette  aux ligues de football dites officielles.

 

 

2. Le « navétane », un mouvement vraiment populaire

2.1. Origines et déploiement d’un phénomène social

          Comme cela a été évoqué dans la partie introductive de cet article, le football « navétane » est né de manière informelle vers les années 50 de la volonté de sportifs qui ont éprouvé le besoin d’organiser des tournois de football afin d’occuper les jeunes. Ces rencontres de football opposaient dans un premier temps des équipes de rues situées à l’intérieur d’un même quartier. C’est après l’indépendance du pays que les compétitions furent élargies pour se tenir à un niveau plus étendu (village, ville, etc.) C’est fort du succès et de la popularité que le « navétane », par l’intermédiaire de quelques responsables de quartiers, fut érigé en mouvement au point que la réforme du football initiée en 1969 par l’ancien Ministre des Sports, Lamine Diack, lui confère une place de choix dans l’énoncé de la politique sportive menée par l’État du Sénégal.

          A ses débuts, le mouvement était essentiellement chargé d’organiser des activités sportives et culturelles au profit des plus grandes masses pendant la saison des pluies. Il faut noter que cette période coïncide avec les vacances scolaires ainsi qu’avec la trêve qu’observe généralement le championnat national officiel. Le mouvement « navétane », à travers les compétitions sportives et culturelles (notamment le théâtre) continue de susciter un grand intérêt au niveau des populations. Les clubs qui y sont affiliés sont plus connus sous le nom d’Associations sportives et culturelles (ASC) ; ces dernières relèvent à chaque fois que le besoin se fait sentir le pari de la mobilisation. Devenu ainsi une réalité institutionnelle, selon les autorités ministérielles, le « navétane » s’est de plus en plus structuré à partir de 1973 avec la création de l’ONCAV (Organisme National de Coordination des activités de Vacances). Le mouvement obtient donc son « récépissé de reconnaissance le 6 Janvier 1992 (N° 06496 MINT- DAGAT) et est reconnu d’utilité publique par décret présidentiel N° 96 - 688 du 17/08/96. »[9]

          Dans sa forme sociale, le « navétane » dépasse le cadre strictement sportif ; en effet, il est d’abord l’affaire de toute une famille, de tout un quartier, de toute une ville. Au-delà de l’aspect sportif, il offre à ses adhérents une occasion d’exhiber leur appartenance à une certaine organisation sociale et culturelle portée par tous les individus de la communauté. Le « navétane », tel qu’il se conçoit actuellement, accorde une place prépondérante à la culture, notamment à travers des compétitions théâtrales. De ce fait, il permet une plus large représentativité des populations (hommes, femmes, enfants, etc.).

          D’un autre côté, les ASC contribuent pleinement aux stratégies de développement local grâce à leur participation très active dans la gestion de leur cadre de vie qu’elles s’attachent à rendre habitable. Ainsi les années 90 ont-elles vu la naissance phénomène socioculturel qui consiste à assainir de manière assez régulière les différents quartiers abritant des équipes de football. Ce phénomène appelé « set setal » (expression wolof qui signifie « être propre et rendre propre ») s’est vite répandu sur toute l’étendue du territoire. Le « set setal » est un vaste mouvement de mobilisation qui met à contribution tous les habitants afin d’assainir le quartier. C’est d’ailleurs un des aspects qui semble en faire « un terrain privilégié à l’affirmation des appartenances collectives » (Bromberger, 1998). 

  

      Opération « set setal » en milieu urbain                           Opération « set setal » en milieu rural

Opération « set setal » en milieu rural (photo ci-après)Opération « set setal » en milieu urbain

 

 Une récente étude de Tado et Chazaud (2010) a permis de mesurer davantage l’ampleur de ce phénomène au sein duquel l’adhésion est motivée par le fait tout simplement qu’« un parent, un frère ou un oncle sont responsables de ces rencontres sportives ou culturelles inter-quartiers. Les maisons et les logements deviennent des lieux de réunion ou de rassemblement. »

L’ampleur du football « navétane » au Sénégal peut se mesurer aussi à la place que lui accordent les institutions étatiques. En raison de sa relative accessibilité à tous, ce « sport qui se développe en marge du système des sports de fédération » (Mbaye, 1997), présente aux yeux des autorités sénégalaises des enjeux multiples de par « sa capacité de mobilisation mais aussi les dérives dont il est la cause ou le prétexte [qui] en font un des domaines qui retient l’attention des pouvoirs publics. »[10]

          C’est le pouvoir de massification du « navétane » qui a poussé le Ministre de la recherche scientifique mettre sur pieds, en 2009, un programme national dénommé « Navétanes TIC » destiné à initier à l’outil informatique 1500 jeunes des ASC. Ces formations allaient de l’initiation simple au réseau WiFi-CPL en passant par l’assemblage d’ordinateurs et l’infographie.Deux années plus tard, c’est au tour de l’ancien ministre de l’énergie de s’attacher les services de ce mouvement populaire pour arriver à sortir le Sénégal de la crise énergétique. C’est d’ailleurs ce qui explique la signature d’une convention avec l’ONCAV dans le but d’impliquer toutes les associations sportives et culturelles réparties du pays. Même l’espace universitaire n’échappe pas à l’appel des « navétanes »: durant l’été 2012, un tournoi inter-pavillons a été organisé pour la première fois à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour imprimer à l’évènement un cachet fédérateur.

          A la lumière de l’intérêt que suscite le « navétane », on peut dire que ce championnat parallèle constitue un véritable révélateur social qui donne à l’ensemble du football sénégalais un caractère tout particulier justifiant ainsi la nécessité d’une explication à cette chose sociale intimement liée à l’environnement socioculturel du pays.

 

 

2.2. Organes constitutifs et fonctionnement du National Pop[11]

          Le « navétane » compte à l’heure actuelle plus de 3500 Associations sportives et culturelles réparties à travers le pays avec près de 500000 joueurs licenciés alors que la Fédération en compte 10 fois moins. Ce vaste mouvement est placé sous l’autorité de l’ONCAV (Organisme National de Coordination des Activités de Vacances) qui a pour principaux objectifs[12]:

-     de coordonner l’ensemble des activités de l’organisme sur l’étendue du territoire national ;

-     de faire du sport et de la culture des instruments efficaces pour l’unité de la jeunesse ;

-     d’organiser et de développer les activités culturelles et socio-éducatives ;

-     de favoriser le développement des activités socio-économiques ;

-     de participer activement à l’effort de santé publique ;

-     d’œuvrer à la sauvegarde de l’environnement et à la protection de la nature.

         

 

Dans l’article 4 des Statuts de l’ONCAV relatif à la composition et à l’organigramme de la structure, il est stipulé que cette dernière est formée « par les délégués des Organismes Régionaux de Coordination des Activités de Vacances (ORCAV). » Ces mêmes délégués, mandatés par les différents ORCAV, représentent les ASC qui les élisent à condition qu’ils aient dix huit ans au moins et qu’ils jouissent de leurs droits civiques et politiques.

Les ORCAV sont constituées d’ODCAV (Organismes Départementaux de Coordination des Activités de Vacances)  qui sont segmentés à leur tour en Zones auxquelles sont affiliées les différentes ASC.

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           Quand bien même chacune de ses structures ci-dessus énumérées jouit d’une certaine autonomie dans l’organisation des compétitions, c’est à l’ONCAV qu’incombe l’exercice du contrôle administratif et financier. Les ressources du mouvement « navétane », si l’on en croit l’article 12 des Statuts de l'ONCAV, proviennent essentiellement:

-     des droits d’affiliation et de réaffiliation ;

-     des droits de démission,  de réclamation, de réserve, d’appel et d’évocation ;

-     des recettes des rencontres sportives et culturelles ;

-     des produits générés par les activités socio-économiques ;

-     des redevances provenant de la sponsorisation ;

-     des subventions, dons et legs.

 

 

2.3. Organisation des compétitions « navétanes »

         Comme son nom l’indique, le championnat national parallèle, communément appelé « navétane », se caractérise par des « rencontres sportives qui se déroulent en général pendant la saison des pluies, d’où leur caractère saisonnier, rappelé dans le nom de navétane qui les désigne » (Mbaye, 1998). Les compétitions ont lieu en général de juillet à octobre même si de plus en plus elles ont tendance à se poursuivre jusqu’en décembre (ou parfois au-delà) en raison du manque d’infrastructures susceptibles d’accueillir des clubs de plus en plus nombreux. Cette période coïncide en général avec la trêve observée par le championnat national officiel qu’organise la Fédération sénégalaise de football par l’intermédiaire de ses différentes ligues.

          Ce Championnat national populaire réunit chaque année des milliers de jeunes qui s’affrontent dans le cadre d’activités sportives, culturelles et socio-économiques. Le volet sportif dans les compétitions « navétanes » tourne essentiellement autour du football ; le théâtre constitue la partie culturelle même si la musique et la danse sont très présentes ; la vente de produits divers au stade comme dans les quartiers ainsi que certaines manifestations à but lucratif fondent l’aspect économique ; le volet social concerne principalement les contributions faites aux plans sanitaire, éducatif, environnemental, etc. Ce mouvement permet ainsi d’organiser des vacances saines et utiles qui rapprochent les jeunes du quartier à travers diverses activités.

          Cependant, à l’évocation du nom navétane, toutes les pensées se tournent vers le football qui reste l’activité phare de ce mouvement qui trouve sa racine dans les quartiers. En effet, les compétitions commencent au niveau de la Zone ou les ASC, réparties dans des groupes, cherchent à remporter le trophée zonal au cours d’un mini-championnat. En général, les équipes finalistes de la Zone se qualifient pour les Phases départementales avant la tenue des Phases régionales qui désignent l’équipe représentante de la Région aux Phases nationales.

          Les rencontres se déroulent le plus souvent sur des terrains sablonneux très peu stabilisés comme l’illustre la série de vignettes ci-après.    

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Les ASC, disposant de très peu de moyens, comptent plutôt sur l’aide de mécènes pour faire face aux dépenses liées à l’achat des équipements sportifs et au regroupement des joueurs avant les matches. A ces dépenses s’ajoutent les frais d’affiliation des joueurs, les fonds destinés aux « khons »[13] et au recrutement de « mercenaires »[14], les frais de transport des équipes, etc.

          Les ASC reçoivent néanmoins des autorités municipales une petite subvention qui n’excède pas 1000 euros. La plus grande majorité des joueurs ne peut malheureusement compter que sur ses propres moyens ; c’est ce qui explique la rusticité de leurs équipements sportifs durant les séances d’entraînement (Cf. photos ci-après)

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3. Du football à la formation d’une mémoire collective[15]

3.1. Le « navétane »  comme marqueur d’identité culturelle

          Le « navétane », faut-il le rappeler, dépasse le cadre  strictement sportif en ce sens qu’il est d’abord l’affaire de toute une famille, de tout un quartier, de toute une ville. Au-delà de l’aspect sportif, il offre à ses adhérents une occasion d’exhiber leur appartenance à une certaine organisation sociale et culturelle portée par tous les individus de la communauté. La pratique du football « navétane » constitue ainsi « un terrain privilégié à l’affirmation des appartenances collectives, jette un pont entre le singulier et l’universel, suscite paroles et liens, symbolise les drames et la vie comme valeurs cardinales de nos sociétés. »  (Bromberger, 1998) 

          Pour illustrer la manière dont les logiques identitaires se traduisent en actes, Aminata Diaw (1994) cite l’exemple des « navétanes » qui, selon elles, jouent un rôle fondamental dans l’affirmation des identités locales de quartier ou de village. L’impact de ce type d’organisation populaire mais fédérateur dans la vie d’un quartier peut se mesurer à sa force de mobilisation perceptible lors des évènements qui y sont organisés et qui ne relèvent pas uniquement du cadre sportif. En effet,

On adhère à un groupement de type navétane parce que […] un parent, un frère ou un oncle sont responsables de ces rencontres sportives ou culturelles inter-quartiers. Les maisons et les logements deviennent des lieux de réunion ou de rassemblement. (Tado & Chazaud, 2010)

          C’est ce qui semble d’ailleurs expliquer l’adhésion massive de tous les habitants du quartier sans exclusive. Les femmes au même titre que les hommes sont associées au « navétane » ; elles se mobilisent dans la recherche des moyens financiers au profit de l’ASC en organisant régulièrement des quêtes[16]. Elles sont également sollicitées dans l’organisation des manifestations d’ordre socioculturel et sont très actives au sein des comités de supporters durant les rencontres de football. Une telle démarche permet l’expression d’une identité culturelle qui, selon Joseane Lucia Silva (2009), est vivante à l’image du groupe.

          Les joueurs, dans la majorité des cas, natifs du quartier, réussissent à traduire des sentiments collectifs et à leur donner corps. Ils sont de ce fait « capables d’incarner, à un niveau exemplaire, des représentations, des sentiments et des aspirations qui leur préexistaient » (Faure & Suaud, 1994). Alioune Mbaye, qui analyse le football comme procédant d’une nouvelle forme de culture et du lien social au Sénégal, nous fait savoir que le « navétane » constitue aussi un lieu d’apprentissage de la prise de parole en public au sein duquel les jeunes jouent des rôles sociaux importants au regard des stratégies mises en place (Mbaye, 1997).

          Par ailleurs, porter son choix sur des noms d’équipes révélatrices d’un certain déterminisme culturel, se mobiliser pour défendre ardemment l’image du quartier pendant les rencontres sportives, dépenser sans compter son argent pour l’ASC et ne rien attendre d’elle en retour, telles sont, entre autres, les valeurs qui permettent d’identifier tout adepte digne du mouvement « navétane ».

          Le milieu « navétane » se distingue par sa grande originalité dans la dénomination des ASC: la plupart des noms ont été créés dans le but de toucher la fibre communautariste des adhérents par l’évocation de termes symboliques. En effet, si certains termes constituent le reflet d’une page de l’histoire du pays (ASC Lat Dior[17]) ou tout simplement du terroir (ASC Lébou Gui[18]), d’autres révèlent fortement le processus identitaire qui se déploie à travers l’appropriation voire l’assumation du statut social (ASC Nguéwel[19]). L’analyse onomastique de certaines appellations d’ASC dans le milieu du « navétane » révèle permet aussi le constat suivant: la plupart des noms d’équipes s’inspirent de manière analogique sur le modèle de termes « qui procèdent d’une volonté avouée (ou non) de se démarquer relativement à un protocole social préétabli » (Sow, 2013). Cécile Canut (2001) considère une telle posture comme une volonté de s’affirmer  dans la mesure où « les locuteurs choisissent un nom, en créent, se positionnent socialement, discursivement ». Pour Claude Levi-Strauss (1962), cette dénomination répond à un désir de s’identifier, de marquer une appartenance à un groupe social, à un système culturel donné.

          C’est ce qui explique le foisonnement de noms d’équipes qui émanent d’une scission entre les acteurs d’un seul et même quartier pour des raisons diverses ou d’une alliance entre deux ou plusieurs formations. Les noms d’ASC telles que Deggo, Manko, Benno, Dioubo[20] et de leurs équivalents sémantiques sont attribués le plus souvent à des formations sportives qui ont été créées à la suite de clivages intervenus au sein du club. Au-delà de la simple nomination se cache un appel à une pratique saine et loyale du football, à l’union des cœurs dans le respect des lois et règlements.

 

3.2. La préparation du joueur de « navétane »

          Le leitmotiv du football « navétane » reste assurément le fighting-spirit ; ceci eu égard à deux facteurs essentiellement:

-     la durée du championnat étant relativement courte (3 mois en moyenne), elle ne laisse assurément pas beaucoup de temps aux techniciens pour mettre en place une équipe suffisamment compétitive. La préparation hivernale ou physique dure 2 semaines environ et ne permet pas de se faire une idée précise des capacités physiques des joueurs ; l’accent est donc davantage mis sur le travail de résistance au détriment du développement de la capacité aérobique. Les entraîneurs, pour la plupart d’entre eux, n’ont pas de diplômes ; il s’agit d’anciens footballeurs souvent natifs du quartier qui viennent donner un coup de main au club sans un réel bagage technico-tactique encore moins psychologique ou pédagogique. C’est pourquoi le jeu collectif reste la base de l’entraînement des équipes « navétanes » qui font face à des urgences sportives puisqu’elles disposent de très peu de temps entre l’ouverture officielle du « navétane » et le début rencontres sportives ;

-     les joueurs jouant pour le quartier, la ville voire la région, n’ont en général pour seule satisfaction que leur envie de défendre l’honneur de leur territoire. Ces joueurs sont d’origines socioprofessionnelles diverses: étudiants, élèves, ouvriers, chômeurs, etc.

          Le maître-mot en « navétane » reste la fameuse expression wolofe dem ba diekh /dem ba ɟeex/ qui signifie littéralement « aller jusqu’à épuisement ». Elle se base sur un bon mental des joueurs qui sont sans doute convaincus de ne pas disposer d’arguments techniques et tactiques suffisants ; en somme le dem ba diekh est un appel au dépassement de soi. Cette représentation mentale du football a fini par devenir un label sportif que le « navétane » partage avec d’autres milieux (politique notamment).

          La préparation psychologique du joueur de « navétane » s’appuie essentiellement sur les pratiques mystiques, plus connues sous le nom wolof « khon ». Cet usage socioculturel est en effet très présent dans le milieu sportif sénégalais en général. Cependant, l’ampleur qu’il a prise dans le « navétane » dépasse l’entendement au point que les entraîneurs en ont fait un atout incontournable dans la préparation psychologique d’avant-match. Si la réunion technique à la veille d’un match doit être en général consacrée à la mise sur place du dispositif technico-tactique ou de diverses autres stratégies, dans le « navétane », on lui substitue plutôt des séances de bains rituels en présence ou non du marabout qui en est l’initiateur. Ces bains mystiques auraient le pouvoir de conjurer un hypothétique sort que les adversaires seraient amenés à jeter mais ils permettraient également de protéger les joueurs contre d’éventuelles blessures.

 

Joueurs en regroupement la veille d’un match

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          Les joueurs sont ainsi les premiers à exiger une protection mystique avant leur entrée sur le terrain. Et cette pratique reste de mise quelque soit l’environnement (social, culturel, économique)[21]. C’est dire que la dimension mystique est présente quasiment à chaque rencontre et les consignes des féticheurs prennent souvent des tournures aussi cocasses les unes que les autres. Par exemple,

-     les joueurs ont l’obligation de porter tous des gris-gris avant de fouler la pelouse ;

-     des talismans sont enterrés dans une partie déterminée du terrain de football ;

-     les joueurs peuvent être  soumis au régime du silence absolu quelques minutes avant le match ;

-     on peut demander à un joueur de verser de l’urine ou de jeter un citron dans les buts adverses pour anéantir les fétiches de l’équipe adverse ;

-     un membre d’une équipe peut être amené à brandir un miroir ou à maintenir une lampe torche allumée pendant toute la durée d’un match ;

-     etc.

 

Bains rituels d’avant-match

Bains rituels d’avant-match

 

Photos représentant des amulettes portés par les joueurs

Photos représentant des amulettes portées par les joueursPhotos représentant des amulettes portées par les joueurs

     

 

3.3. Le « navétane », une aubaine pour le football sénégalais ?

         

          C’est connu, le football sénégalais, depuis quelques années, peine beaucoup à mobiliser: les matches des différents championnats organisés par les ligues de football ont toujours du mal à attirer supporters et amateurs. L’équipe nationale qui passionne toujours les sénégalais depuis les prestations historiques de 2002 (en coupe d’Afrique et coupe du monde) traverse des périodes troubles depuis plus d’une décennie maintenant. Le développement technique du football à la base semble être un vœu pieux de la part des autorités sportives du pays: les textes existent mais les moyens pour une bonne mise en œuvre sont inexistants. C’est ainsi que les pays d’Europe (particulièrement la France) sont devenus sans le vouloir les principaux pourvoyeurs de joueurs à la sélection nationale qui est constituée à 99 % de binationaux.

          Face au manque criard de résultats et de popularité du football sénégalais, on est en droit de se demander si  le « navétane » qui a fini de cristalliser l’attention des adeptes autour de lui n’apparaît pas comme une bouée de sauvetage pour les autorités fédérales qui pourraient le structurer davantage et impliquer les organisateurs dans le fonctionnement général et le développement technique du football dans son ensemble. En plus de susciter un très grand intérêt pour les raisons énumérées plus loin, le « navétane » est aujourd’hui devenu une pépinière pour le football d’élite. En effet, la prolifération des centres de formation n’empêche pas les dirigeants de privilégier le recrutement au sein de ce mouvement qui révèle des talents à l’état brut.

          C’est ce sans doute ce qu’ont compris certains dirigeants du Championnat National Populaire qui pensent que le « navétane » ne peut plus se contenter des compétitions inter-quartiers durant la période estivale ; les nombreux enjeux qu’il y a dans le football poussent aujourd’hui les clubs de « navétane » à aspirer intégrer l’élite du football sénégalais. C’est cette prouesse qu’a réussie l’ASC Niarry Tally de Dakar, un des clubs de « navétane » les plus populaires de la capitale. Cette ASC, fondée en 1981, a fait les beaux jours du mouvement national populaire avant de passer en l’espace de quelques années de la Division Régionale à la Première Division  (2009) du championnat national de football en passant par les Divisions III et II. Cette équipe qui a conservé son âme de club « navétane » est parmi les formations sportives qui mobilisent le plus au Sénégal. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu d’être vice-championne du Sénégal en 2010 et vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2012.

 

 

          ASC Niarry Tally - « Navétane » 2005                                   NGB Niarry Tally – Ligue I 2012

  ASC Niarry Tally - « Navétane » 2005            

                     NGB Niarry Tally – Ligue I 2012

      

 

          Le revers de ce succès d’un club issu du Championnat National Populaire est à chercher, entre autres, dans le manque de professionnalisme des joueurs qui préfèrent le « navétane » au football dit professionnel. En effet, un point des statuts et règlements du « navétane » stipule qu’un joueur qui participe à plus de 5 matches des Championnats de 1ère et 2e division n’est plus qualifié pour les compétitions qu’il organise. L’absence de moyens financiers constitue également une entrave qui peut plonger le club dans des difficultés ; les joueurs quittent pour aller évoluer dans d’autres équipes aux moyens plus conséquents. 

          Un autre phénomène qui gangrène considérablement le milieu du football professionnel est la violence émanant du « navétane » ces dernières années. Pas un jour ne se passe sans que ce milieu ne défraie la chronique de par les batailles rangées et les agressions qui émaillent quasiment chaque rencontre. Le pire est que les violences qui sont souvent le fait de supporters inconscients ont souvent pour origines des pratiques mystiques. Elles se propagent ainsi dans les quartiers qui vivent de véritables cauchemars au point que l’idée de la suppression de ce mouvement est évoquée avec insistance. Cette recrudescence de la violence entache donc fortement le « navétane » qui sort ainsi de son rôle originel et touche parfois le Championnat national professionnel. En lieu et place des attrayantes ASC des débuts du « navétane », on ne voit de nos jours que des AS plus préoccupées par les enjeux sportifs que par autre chose. Il est d’ailleurs reproché à l’État sénégalais une fuite de responsabilités face à ce mouvement populaire souvent utilisé à des fins politiques.

 

 

Conclusion: L'enjeu du « navétane » risque-t-il de tuer le jeu?

          S’il y a un secteur de la vie footballistique sénégalaise qui peut se prévaloir d’un dynamisme réel, c’est bien le « navétane » qui, pour les adeptes du football, apparaît comme une formidable aventure humaine. Grâce à sa très grande capacité de mobilisation, ce mouvement qui a fini de déployer ses activités sur toute l’étendue du territoire présente de multiples enjeux qui légitiment sa structuration actuelle. Sous les oripeaux d’une distraction socio-sportive conçue pour occuper les jeunes pendant la période estivale, le « navétane » s’est développé au fil des années au point de devenir une réalité institutionnelle selon les termes des Pouvoirs publics qui le considèrent comme l’expression du sport de masse par excellence.

          Omniprésente à l’intérieur de ce mouvement, la pratique du football « navétane » recèle de nombreux aspects dont pourraient s’inspirer les autorités fédérales pour mettre en place une politique sportive efficiente qui puisse rendre le football sénégalais plus attractif. C’est parce que le football « navétane », à travers son mode de fonctionnement, a réussi à cristalliser toutes les attentions faisant ainsi du ce mouvement national populaire un lieu de mémoire où se façonne une identité collective. Au-delà des compétitions sportives se tient à l’intérieur des quartiers toute une série d’activités à vocation culturelle etsocio-économique qui contribuent, le temps des vacances scolaires, à occuper sainement les jeunes, à susciter des vocations et à résorber le chômage dans les quartiers. De quoi amplifier le sentiment d’appartenance à un tel mouvement au sein duquel la notion de solidarité organique (Durkheim, 1893) trouve tout son sens.

          Cependant, la passion grandissante liée aux enjeux dans les « navétanes » a tendance à générer de nombreux troubles dans les stades ; ce qui constitue une entrave à la belle impulsion qu’avait prise ce mouvement. Cette violence impacte considérablement l’univers du football au Sénégal dans toutes ses composantes: tout récemment (en octobre 2012), le match retour qui opposait le Sénégal à la Côte d’Ivoire dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2013 a été émaillé de graves incidents. Cette situation a eu pour conséquence immédiate l’arrêt de la rencontre avant que l’instance disciplinaire de la CAF ne décide de suspendre le stade Léopold Sédar Senghor pour un an. En plus de l’amende de 100 000 dollars dont doit s’acquitter la FSF, les rencontres de l’équipe nationale se joueront pendant ce temps sur terrain neutre. Des doigts accusateurs sont pointés vers le mouvement « navétane » qui, depuis un certain temps, a habitué les Sénégalais à de pareils débordements autorisant de fait les préoccupations légitimes de ses contempteurs qui estiment que ce phénomène social, malgré les valeurs sportives et morales qu’elle cherche à vulgariser, ne présente pas des gages suffisants pour contribuer de manière significative au développement du football sénégalais.

 

          Scènes de violence dans les stades

Scènes de violence dans les stades

Scènes de violence dans les stades

   

 

Références bibliographiques 

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  • Cissé S. A. (1995). Sénégal carton rouge. Dakar: Niamagne.
  • Diaw A. (1994). Démocratisation et logiques identitaires en acte. Dakar: CODESRIA.   
  • Diop A. (2006). Le football sénégalais entre succès et amateurisme. Dakar: Éditions Alfa.
  • Faure J.-M. & SuaudC. (1994). Les enjeux du football. Actes de la recherche en sciences sociales, 103, 3-6.
  • Durkheim E. (1893). De la division du travail social.Paris: Les Presses universitaires de France.
  • Halbwachs M. (1950). La Mémoire collective. Paris: Presse universitaire de France.
  • Lévi-Strauss C. (1962).La pensée sauvage. Paris, Plon.
  • LouhaurJ. (dir.) (1985). Répertoire de jeux traditionnels et essai de codification en vue de leur intégration dans le cadre de l'éducation physique et de l'animation sportive. Thiès: CNEPS.          
  • Loum F. D. (2004). Analyse des politiques publiques sportives au Sénégal de 1960 à 1998: approche socio-politique de l'évaluation. Strasbourg: Université Strasbourg.
  • Lucia Silva J. (2009). "L'anthropophagisme" dans l'identité culturelle brésilienne. Paris: L’Harmattan.
  • Mbaye A. (1997). Les navétanes: une nouvelle forme de culture et du lien social au Sénégal. Clermont-Ferrand: Université de Clermont-Ferrand 2.
  • Mbaye A. (1998). Les navétanes au Sénégal ou le football parallèle. Football et Sociétés, 7, 141-154.
  • Monlouis O. (2001). Présentation du film Navétanes, la Mousson des Champions. URL: http://sheepshed.info.
  • Ndiaye A. (1990). L’évolution de la politique du sport au Sénégal: l’exemple du football des années quarante aux années soixante dix. Dakar: Université Cheikh Anta Diop.
  • Ndiaye-Corréard G. & Schmidt J. (1979). Le Français au Sénégal. Enquête lexicale, Q à Z, n° 26, Documents linguistiques, Dakar: Université Cheikh Anta Diop.
  • Niang Diallo N. (1980).  Le Fort maudit. Paris: Hatier.
  • Ministère des Sports du Sénégal. Le Mouvement Sportif: Le Nawetaan. URL: http://www.sports.gouv.sn
  • Sambe K. (2004). Les jeux traditionnels: leur implication dans l’éducation des jeunes sénégalais (études et perspectives). Dakar: Université Cheikh Anta Diop.
  • Sow P. A. (2006). Étude sociolinguistique de pratiques discursives relevées dans le milieu  du football au Sénégal. Dakar: Université Cheikh Anta Diop.
  • Sow P. A. (2008). L’Alternance codique dans le milieu du football au Sénégal. Paris: Sorbonne Nouvelle.
  • Sow P. A. (2013). Le français parlé dans le milieu du football au Sénégal, une pratique sociolectale. Villetaneuse: Université Paris XIII (en cours).
  • Tado O. & Chazaud P. (2010). Football, religion et politique en Afrique. Sociologie du football africain. Paris: L’Harmattan.



[1] Cf. « Arrêté portant classification des disciplines sportives et récompenses aux sportifs ». Texte officiel disponible sur: http://www.sports.gouv.sn/article.php3?id_article=126&var_recherche=football. Consulté le 21/04/2013.

[2] Olivier Monlouis, 2001, « Navétanes, "La Mousson des Champions" », http://sheepshed.info/navetanes/resume.html (Article consulté le 27/02/2012).

[3]Le document, réalisé sous l'égide de la Conférence des            Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays d'expression française (CONFEJES), fut dirigé par Jacques Louhaur, Professeur d'EPS, Conseiller pédagogique de la région de Thiès.

[4] Les wolofs constituent l’ethnie dominante au Sénégal.

[5] Les Mandingues, aussi appelés Mandés, sont un peuple de l’Ouest africain originaire du Mali.

[6] Afrique Occidentale Française.

[7] Fédération Sénégalaise de Football.

[8] « Statut de la ligue sénégalaise de football professionnel » ; les données sont disponibles sur le site internet: http://www.lsfp.sn/index.php?option=com_contentetview=articleetid=68etItemid=66 (consulté le 12/02/2010).

[9] Information fournie par le site du Ministère des Sports: http://www.sports.gouv.sn/article.php3?id_article=90 (vu le 28/02/2012).

[10] République du Sénégal, Ministère des Sports, « Le Navétane dans la du Ministère des Sports: Problèmes et Perspectives » in Le Mouvement Sportif: Le Nawetaan. URL: http://www.sports.gouv.sn/article.php3?id_article=90. Consulté le 08/11/2012.

[11] Le National Pop est le nom donné au Championnat national populaire encore appelé mouvement « navétane ».

[12] Cf. Statuts de l'ONCAV Textes disponibles sur http://guidenawetanes.over-blog.org/pages/Statuts_de_lONCAV-884977.html.

[13] Le mot khon est un terme wolof qui renvoie aux pratiques mystiques, encore appelées fétichismes, très prisées dans le milieu du « navétane » où les équipes lui accordent une très grande place.

[14] Le « mercenaire » est un joueur de football qui fait valoir son talent au profit d’une équipe moyennant une somme d’argent obtenue souvent après d’âpres négociations. Il reste rarement plus de deux années de suite dans la même équipe.

[15] Nous reprenons ici une expression chère au sociologue français Maurice Halbwachs (1950) qui considère la « mémoire collective » comme la mémoire partagée par un groupe, un peuple, une nation... Elle constitue, selon lui, le lieu ou se forme et se modèle l’identité d’un groupe social donné. Halbwachs estime qu’un individu ne se souvient jamais seul ; sa mémoire ainsi que ses souvenirs sont en partie structurés par la société.

[16] Les quêtes consistent à faire le tour de toutes les maisons du quartier pour solliciter un appui financier ; aucun montant n’est cependant fixé aux différents souteneurs.

[17] Souverain du royaume historique du Cayor (Ouest du Sénégal), Lat Dior Ngoné Latyr Diop(1842-1886) est un héros national qui s’est farouchement opposé à la pénétration coloniale française.

[18] Les Lébous constituent une communauté ethnique vivant principalement dans la région de Dakar.

[19] Les « Guéwel » appartiennent à la caste des « Gnégnos » considérés au Sénégal comme le groupe qui se situe au niveau le plus bas dans la stratification sociale du pays.

[20] Ces mots du wolof renvoient presque tous à l’idée d’une union sacrée.

[21] Le Sénégal a la particularité d’être un pays multiculturel car près d’une cinquantaine d’ethnies y vivent ; et chacune d’elles se caractérise par une organisation sociale propre au fonctionnement de la communauté. De même, les différences culturelles et cultuelles assez avérées constituent une véritable richesse pour le pays ; les supporters n’hésitant pas ainsi à puiser dans leur répertoire pour pousser les joueurs au dépassement.