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Safara n°22 est désormais disponible...

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On peut le dire. Le défi est relevé. Celui de la pérennité, donc de la fidélisation. Le Groupe d’Études Linguistiques et Littéraires (G.E.L.L.) offre au monde intellectuel le huitième numéro de sa revue – huit numéros en huit ans et dans des délais fixés. On s’en réjouit tout en gardant la tête froide car il faut entretenir la flamme, avec la même volonté et la même conviction.

        La tradition est respectée. Comme les précédentes, cette livraison se caractérise par la richesse de sa diversité. Elle couvre la littérature, la linguistique, la grammaire et la didactique.

        La littérature est revisitée dans son essence. Elle apparaît alors comme œuvre collective et création continue, qui « représente le monde comme une question et jamais comme une réponse » (Mateso). Ainamon la voit – à travers sa forme la plus achevée qu’est la poésie – comme le reflet d’une conscience, donc l’expression d’une réalité. C’est de ce même réexamen de l’essence que participent l’état des lieux du roman africain d’expression anglaise (Sougou), ou encore l’étude de la polyphonie romanesque à l’épreuve de l’herméneutique, la sémiotique et la pragmatique (B. Camara).

        Après la redéfinition de l’essence, vient l’usage. Nganga déplore le moindre effort de certains critiques littéraires qui engendre bien souvent « un comparatisme mal mené ». Une analyse sociologique du roman camerounais postcolonial révèle la « cohabitation » du conformisme et de la subversion, reflet d’une perception de l’autorité (V. N. Ndongo). Sissao rappelle que la littérature orale constitue pour le roman africain une source intarissable de sujets poétiques. Chimoun montre comment des romans féministes africains déchirent le voile de la pudeur et bousculent les vérités tranquilles de la conscience collective.

        Dans la même dynamique de remise en question, il ressort que de nombreux écrivains africains se démarquent de l’approche manichéenne et simpliste tendant à présenter le savoir et la violence comme un couple antithétique : la représentation de l’histoire coloniale de l’Afrique lie indissolublement ces deux notions (Kane). M. Camara traite de l’actualité de l’œuvre d’Anthony Burgess près d’un demi-siècle après : les termes dans lesquels le romancier anglais dénonçait l’instrumentalisation des institutions par des ploutocrates gardent toute leur vigueur en ce début de troisième millénaire, ce qui conforte la caractérisation d’écrivain visionnaire que certains critiques confèrent à l’auteur de l’Orange Mécanique.

        Dans le domaine de la linguistique et de la grammaire, les contributeurs abordent des questions de fond telles que les caractéristiques linguistiques de l’anglais de la demande (Aremo), l’article Ø à travers une étude comparée du wolof et de l’anglais (Fall), ou encre la diversité des occurrences de « comment » en français moderne (Diakhoumpa).

        La didactique n’est pas en reste. Lipenga montre les enjeux de l‘enseignement du français dans un contexte où cette langue prend un nouvel essor en Afrique Australe. Enfin – mais nullement le moindre –, Kouamé propose une approche pédagogique en matière de traduction de textes divers.

 

Bonne lecture

Baydallaye Kane

Chargé d’enseignement

Université Gaston Berger de Saint-Louis