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Résumé

L’existence de la ville est liée à celle de la parole. Ainsi, la parole et les interactions verbales, produites à divers lieux urbains, construisent la ville, de même que les identités et les postures des uns et des autres en tant qu’habitants. La ville est le véhicule privilégié des cultures collectives ou à imposer, des produits de consommations à faire accepter, ainsi que de toutes les valeurs ou antivaleurs venant d’horizons divers et entretenues à travers les canaux de la communication et de la publicité. Les discours de la ville, à savoir les divers énoncés détachés ou non, les slogans, les déclarations politiques, institutionnelles ou religieuses, ont un pouvoir constructiviste. La ville apparaît comme l’espace propice qui les rend efficaces. Cet article cherche à montrer comment se fait cette construction discursive au sein de la ville.

Mots clés : discours, énonciation, formule, identité, positionnement, interdiscours

 

 

La ville est consubstantielle à la parole, c’est-à-dire aux différents discours qui y sont produits. Véhicule privilégié des cultures collectives ou à imposer, des produits de consommations à faire accepter ainsi que de toutes les valeurs ou antivaleurs venant d’horizons divers et entretenues à travers les canaux de communication, la ville apparaît comme l’espace de leur fabrication par le truchement du discours mais également de l’interdiscours. En ce sens, Claudine Moïse affirme : « La réalité sociale naît et se construit par les discours et dans l’interaction. »[1]

Nous savons que le langage à plusieurs fonctions que la linguistique a définies (Roman Jakobson, Halliday, etc.). Mieux, les mots ont un pouvoir, selon la linguistique pragmatique, ainsi que celle de l’énonciation plaçant les activités du sujet parlant et du récepteur du message au cœur de la production-réception verbale. Ils ont la capacité de faire agir autrui engagé dans une interaction, de servir d’intermédiaire ou de relation entre les individus, mais surtout ils ont un pouvoir constructiviste, celui de forger diverses images, postures, etc. La parole permet de produire des actions qui, concrètement, organisent et structurent la réalité et la vie sociale.

Suivant une perspective discursive et interactionnelle, au sein de la ville, la parole sert à fabriquer les valeurs communes et les postures identitaires. En effet, en tant que lieu délimité et organisé dans l’espace, la ville où se concentrent des personnes, ne peut se concevoir sans la parole individuelle ou collective. Pour être en relation avec l’autre, le voisin ou simplement l’inconnu rencontré, il faut lui adresser la parole, interagir avec lui. Notre réflexion nous permettra de montrer comment les positionnements, les identités, et les différentes valeurs souhaitées ou non sont construites en ville au moyen du discours. Nous nous appuierons sur un corpus de productions verbales diverses, des mots et des phrases, mais également des expressions, recueillis à partir d’espaces typiquement urbains. Ces formes langagières comportent une visée explicite ou cachée qui dit la ville et forge les cultures dans le contexte du « vivre ensemble » que constitue la ville, stigmatisant les uns, imposant des idées, poussant à telle ou telle action, etc. Nous les analyserons en recourant aux énoncés verbaux ou écrits produits au sein de la ville, d’où émergent des croyances, des dispositions intellectuelles et des identités propres au citadin. Cette étude ne porte donc pas sur la langue elle-même en milieu urbain, travail que d’éminents sociolinguistes ont déjà fait, mais plutôt, sur les discours, sur ce que les paroles orales ou écrites, ainsi que les situations d’interactions disent sur la ville. Elle cherche à analyser, en s’appuyant sur les pratiques langagières, les processus sociaux à l’œuvre, la catégorisation urbaine, la perception de l’autre, la construction verbale des identités.

 

I. Production de discours et autorité de la parole urbaine

Le terme de discours peut être compris suivant plusieurs acceptions (sur lesquelles nous ne reviendrons pas dans cet article). Dans le cadre d’une analyse des productions verbales urbaines, nous retiendrons l’acception selon laquelle le discours est l’activité verbale de sujets inscrits dans différents « contextes mondains »[2] au sein de la ville, produisant des énoncés d’un autre ordre que celui de la phrase. Le discours urbain est produit dans un contexte d’énonciation déterminé (la ville dans notre étude), et en interaction. Notre approche des discours de la ville s’appuie sur l’idée que tout discours est pris dans un interdiscours[3]. En d’autres termes, le discours « […] ne prend sens qu’à l’intérieur d’un univers d’autres discours à travers lequel il doit se frayer un chemin. Pour interpréter le moindre énoncé, il faut le mettre en relation avec toutes sortes d’autres. »[4] Ce point de vue rencontre celui de Bakhtine pointant, depuis longtemps, le caractère non homogène de tout énoncé à travers les concepts de polyphonie et de dialogisme. Cependant, nous ne nous limitons pas, ici, à l’analyse des seuls énoncés au-delà de la phrase, qui sont produits au sein de la ville soit en interaction soit en discours monologal, nous considérons également les mots-énoncés ou expressions-énoncés produits verbalement ou inscrits çà et là dans l’espace urbain, tels que les formules au sens de Krieg-Planque[5] (slogan, écriture d’affiche ou d’enseigne, etc.), les « phrases sans texte »[6] ou détachées au sens de Dominique Maingueneau (2012). Autant de petits énoncés que l’on rencontre un peu partout en ville, sur les voitures, les magasins commerciaux, les journaux de presse, les affiches publicitaires, les pancartes, etc. La notion de « formule », selon Krieg-Planque[7], signifie un ensemble de formulations qui, du fait de leurs emplois à un moment donné et dans un espace public donné, cristallisent des enjeux politiques et sociaux que ces formulations contribuent dans le même temps à construire. Plus exactement, elle en donne la définition suivante :

Le terme « formule » arrive avec son acception journaliste quelque peu péjorative : un énoncé concis, supposé porteur d’effet, souvent prononcé à des fins provocatrices ou polémiques, voire démagogiques, et susceptible d’être mémorisé donc reproduit, cité. Le terme « formule » arrive enfin avec une multitude d’acceptions circonscrites : la formule sera un énoncé joliment tourné et apte à retenir l’attention ; elle sera un adage, un proverbe, un dicton, une sentence […].[8]

 

Le corpus d’énoncés est ainsi composé de cet ensemble de discours produits au sein de la ville, de « phrases sans texte », de « formules » et parfois d’unités linguistiques transphrastiques ayant la forme d’un texte homogène.

L’énonciation même (ou les théories de l’énonciation) s’est élaborée avec la notion d’espace. Elle renvoie à un sujet parlant situé dans un lieu qu’indexent des déictiques qui le décrivent. Et ce sujet s’adresse à un « tu » interlocuteur au sein du même lieu. L’espace urbain n’échappe pas à la règle ; au contraire, il est un lieu par excellence d’énonciation, où interagissent verbalement de multiples locuteurs utilisant une multitude de langues. Les sciences du langage ont largement montré combien les catégories linguistiques permettent de structurer l’espace et donc la pensée du citadin. C’est précisément ce caractère fonctionnel, dans l’espace urbain, des productions langagières qu’étudient Mondada (2000)[9] et Barbéris (1987)[10] parlant de la « deixis spatiale ». Celle-ci est à la fois une structuration du discours et une perception même de l’espace. Elle est contrainte par l’environnement physique et par les opérations cognitives en œuvre. Les marques spatiales en discours (Klein, 1994)[11], déictiques, prépositions et adverbes locatifs, sont donc, d’une part, au centre des descriptions d’itinéraires urbains, dans leur délimitation, leur point de vue et d’autre part, de la place occupée par le locuteur dans l’espace (le « je-ici-maintenant » de l’énonciation).

L’espace urbain constitue le lieu privilégié pour légitimer le discours et lui garantir son efficacité en lui assurant une plus grande réception par un auditoire plus large. Il est le lieu où se concentrent les symboles et institutions les plus vivants d’une nation, à savoir les partis politiques, les grandes églises et mosquées, les entreprises, les universités, les grands, hôpitaux, les organes de presse, les pouvoirs exécutifs et législatifs, etc. C’est également un lieu souvent très cosmopolite où cohabitent diverses ethnies utilisant plusieurs langues en interaction et en présence d’une ou de plusieurs langues intermédiaires comme langue(s) de communication dans les échanges interindividuels les plus variés.

L’efficacité discursive varie selon l’espace d’énonciation dans lequel se trouve le locuteur : elle est plus élevée lorsqu’on parle à partir de la ville, non seulement parce que les canaux (presse écrite, radio, télévision, etc.) de la communication se trouvent souvent en ville, mais également parce que l’auditoire y est plus hétérogène et plus averti. Par exemple, une parole proférée par une personne habilitée comme celle d’un président d’une République africaine, à naturellement plus de portée lorsqu’elle est dite à partir d’un espace d’énonciation urbain très populaire comme la ville de Paris. C’est ce que font souvent les présidents africains qui veulent toucher un plus large public et créer ainsi un effet perlocutoire plus accru.

Ainsi, les différents Présidents de la République du Sénégal, depuis Léopold Senghor jusqu’à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, ont toujours préféré parler à leurs peuples et au monde entier à partir de Paris comme lieu d’énonciation, à l’occasion de leurs différents voyages. La situation discursive du locuteur, selon qu’il se trouve dans une chambre, dans un village reculé, une petite ville ou une grande ville, et selon le type de canal de la communication qu’il utilise, participe bien à rendre le discours plus efficace.

C’est à partir de la ville que se construisent les identités urbaines, que se crée la mode, que se forge l’idéologie politique ou religieuse, etc., à travers le discours qui a un pouvoir constructiviste notoire. A force de parler d’une chose, en recourant à un code langagier précis, à un espace d’énonciation donné et à des locuteurs ciblés, on finit par faire exister cette chose, en lui donnant un contenu et une forme. Le citadin se construit une identité et fabrique les institutions en produisant et en consommant des discours au sein de l’espace urbain. Ainsi, la figure du président de la République se construit par les mots : l’expression, « Monsieur le Président de la république… » à laquelle on ajoute, selon la personne, le nom de famille et le prénom, est utilisée de façon redondante et répétitive dans tous les discours des institutionnels de l’Etat à toutes les occasions officielles ou non, pour faire vivre et exister l’institution. Il en va de même de la figure des différents ministres et de toutes les identités politiques, sociales ou autres qu’il faut construire. Les paroles produites en ville, du fait de leur efficacité, constituent des discours d’autorité ; il suffit que ceux qui les énoncent soient socialement habilités à les proférer, et discursivement compétents.

 

II. Construction de positionnements et d’identités urbaines

Les différentes interactions verbales urbaines, ainsi que les divers énoncés transmis à partir de la ville, construisent sans cesse des positionnements et des identités. En effet, « La communication, dans l’espace public, est l’ensemble des pratiques par lesquelles s’instituent les identités dont nous sommes porteurs et qui nous permettent de nous reconnaître dans l’indistinction constitutive de la sociabilité. »[12] Ces identités sont d’ordre politique, social, culturel et professionnel et se construisent à partir d’un positionnement des acteurs, par lequel s’instaure une identité énonciative. Celle-ci se manifeste par l’emploi d’un code langagier caractéristique de l’instance énonciative. Le locuteur pointe un positionnement précis en recourant à un registre de langue donné, une variété dialectale et un genre de discours. S’inscrivant ainsi dans une idéologie, une manière d’être et de faire et en conférant à son discours une vocalité liée à un corps, le locuteur urbain construit un positionnement identifiable. En fait, la ville est découpée en plusieurs champs discursifs : le champ religieux, politique, littéraire, culturel, professionnel, etc. Au sein de chaque champ discursif le positionnement permet de dessiner les frontières entre plusieurs identités discursives. Ainsi, on peut avoir comme identité un courant dans le champ discursif littéraire, un parti politique dans le champ discursif politique, un corps de métier dans le champ discursif professionnel, etc.

 

II.1. Positionnement dans le champ politique urbain : images véhiculées à Dakar

Les acteurs politiques produisent divers discours à travers divers canaux de communication pour marquer leur territoire et définir leur positionnement. Ils évoluent dans des espaces d’énonciation et de regroupement, qui constituent ce qui structure une partie de l’action politique (meeting, débats, affichages de slogans, réunions, rassemblements, défilés, cérémonies, déclarations télévisuelles, etc.). Ils construisent des imaginaires d’appartenance communautaire, mais surtout au nom d’un comportement commun plus ou moins ritualisé. Leurs discours politiques s’attachent à construire des images d’acteurs et à user de stratégies de persuasion et de séduction. Cela fait dire à Marc Augé : « Qu’il soit langage du consensus ou langage de terreur, le langage politique est langage de l’identité. »[13]

Exemple : 

Extrait de la déclaration à la télévision RTS/Sénégal, du Président de la République du Sénégal, Abdoulaye WADE (candidat du PDS et des Forces Alliées), lors des élections présidentielles, entre les deux tours, après sa déconvenue du 16 Février 2012.

[…] Le scrutin du 26 février confirme ainsi que notre pays reste solidement ancré dans le cercle restreint des démocraties modernes majeures et apaisées. […]

Notre pays est resté fidèle à sa réputation et nous devons tous être fiers d’avoir relevé avec bonheur tous les défis liés à l’élection.

D’abord, le défi du respect du calendrier républicain en tenant le scrutin sans changement, à date échue ;

Ensuite, le défi de la transparence et de la maîtrise du processus électoral, avec un fichier électoral contradictoirement contrôlé avec assistance internationale et offrant toutes les conditions de la fiabilité ;

Un système de contrôle commun fiable, accompagné par un mécanisme indépendant d’observation nationale et internationale,

Un défi de l’organisation, en mettant à disposition dans tous les bureaux de vote, tout le matériel électoral dans les délais requis.

Enfin, le défi de l’organisation d’un scrutin transparent, démocratique et pacifique.

Nous en sommes à présent au dépouillement au recensement des votes par les structures compétentes au niveau départemental, en attendant la publication prochaine des résultats provisoires.

Je tiens, à ce stade, à féliciter chaleureusement le Gouvernement pour avoir été à la hauteur de la tâche que je lui avais confiée : c’est-à-dire organiser un scrutin dans les meilleures conditions de transparence, de liberté et de quiétude pour les électeurs et d’égalité des candidats. […]

En même temps, je salue et je respecte les autres candidats et les compatriotes qui ont porté leurs choix sur eux. C’est là l’expression normale du pluralisme démocratique pour lequel je me suis toujours battu dans les moments difficiles que j’ai passés à l’opposition.

A tous mes militants, alliés et sympathisants, je demande de rester mobilisés parce que les tendances lourdes dégagées par le recensement qui, à l’heure actuelle porte sur 282 collectivités locales sur 551, soit la moitié, me classe en tête avec 32,17% et 25,24% pour mon suivant. Tout est donc possible : victoire ou second tour.

Dans la perspective d’un second tour, le PDS et ses Alliés dont le candidat reste en tête de la compétition vont naturellement explorer toutes les possibilités d’entente avec d’autres forces politiques, selon des modalités à convenir ensemble pour élargir notre électorat et nous assurer les conditions d’une victoire finale.

Ensemble, nous relèverons le défi. Vous avez ma confiance. Et je sais pouvoir compter sur la vôtre. […]

 

Ce discours du Président Wade, prononcé à Dakar, l’espace le plus urbanisé du Sénégal, a comme « scénographie »[14] une personne morale s’adressant à un groupe d’individus hétérogène composé de partisans et d’opposants, du monde diplomatique et de la diaspora sénégalaise. C’est une scène d’énonciation dont le lieu est la présidence de la république et, par extension, la ville de Dakar.

La visée illocutoire du locuteur Wade, dans ce discours, est de prononcer une annonce motivante de sa victoire finale au deuxième tour des élections présidentielles, dans le but de remobiliser ses troupes. C’est une allocution à travers laquelle le locuteur construit l’identité du futur vainqueur. Il s’agit de l’ethos du gardien consciencieux de la constitution, des lois et règlements : « Notre pays est resté fidèle à sa réputation et nous devons tous être fiers d’avoir relevé avec bonheur tous les défis liés à l’élection. »[15] A cette citation succède l’énumération de tous les défis que le Président de la république a eu le mérite d’avoir relevé. Le locuteur construit ainsi l’ethos du président de la république soucieux de la validité des élections ; c’est l’ethos du démocrate et celui du rassembleur. Il se positionne comme un président modèle, persévérant et cultivé, qui s’associe au destinataire-citoyen en recourant dans son énonciation à la première personne du pluriel, qui est inclusive : « ensemble, nous relèverons le défi.»[16] En même temps, par cette affirmation, il se montre pourvoyeur d’un rêve, exprimant la capacité à relever tous les défis sans exclusive.

On le voit, l’ethos discursif est sans cesse construit par le discours prononcé à partir de la ville, lieu privilégié d’énonciation et d’efficacité de la parole. Il lui est possible de forger cette image institutionnelle au-delà de sa personne, sa parole s’autorisant par ce que Bourdieu appelle le statut social, qui constitue selon une approche d’analyse du discours, son ethos extradiscursif. Mais en même temps, en parlant à partir de la ville et, plus exactement du palais présidentiel, il libère une image de soi à la mesure de l’idée du mérite, du démocrate et du travail bien fait, qu’il entend construire et faire accepter.

Cet ethos double, légitimé par la société sénégalaise et par sa Constitution, se trouve en interaction avec les discours d’autres politiciens situés dans l’opposition. Il s’agit, le plus souvent, de déclarations politiques, de débats télévisés, de slogans qui circulent et contredisent les discours du pouvoir ou y répondent. La ville est précisément le lieu de fabrication, de circulation et de diffusion des slogans[17] et des petites phrases de toutes sortes destinés à construire les identités.

Nous avons recueilli quelques slogans produits lors des élections présidentielles de 2012, quelques mois après l’investiture de l’actuel Président du Sénégal.

Examinons ces deux slogans complémentaires : « Contre la violation de la Constitution, Debout » et « Contre la vie chère, Debout »

Formule anonyme, le slogan a pourtant un énonciateur, le peuple, saisi globalement. Ce peuple s’adresse anonymement par le slogan au pouvoir et à ses détenteurs ou à ses détracteurs. Il intervient dans la manifestation en proférant des actes de langage. Les slogans ci-dessus équivalent aux énoncés performatifs suivants : « Nous affirmons que nous sommes debout contre la violation de la Constitution. Nous sommes debout contre la vie chère. » Ce sont des énoncés interjectifs qui ont la forme des slogans exprimant de façon percutante la révolte populaire. Leur performativité est implicite, sur le mode de la modalité assertive. Ils incitent à l’action et libèrent chez le parti politique émetteur un ethos du refus et de la révolte. Ils montrent l’identité discursive d’un parti politique en état de veille constant sur les biens publics et la garantie du coût de la vie accessible à tous les citoyens. Ils affichent la posture d’un parti politique éveilleur de conscience, et qui s’érige en gardien de la Constitution et des richesses nationales.

A côté de ces slogans, nous avons relevé d’autres comme le suivant : « ma carte, mon arme » « daas fananal » (Ce dernier slogan est une expression wolof du Sénégal qui signifie « affûter son couteau pour être prêt à se battre »). En disant « je déclare que ma carte est mon arme. », le locuteur politique montre qu’il est un citoyen averti qui connaît bien ses devoirs et ses droits. Il sait que sa carte lui permet de changer de régime politique quand il le souhaite. Le verbe « être » qui devait s’insérer entre les deux mots « carte » et « arme » fonctionne, ici, comme une ellipse provoquée volontairement pour rendre le slogan plus concis et plus percutant. C’est l’identité discursive du citoyen conscient de son pouvoir de destitution du régime politique, mais également celui du citoyen menaçant de sévir ou de sanctionner négativement, en cas de mauvaise gestion de la cité, comme dans un combat à mains armées.

Beaucoup d’autres énoncés, les uns produits par des opposants politiques, d’autres par des partisans du pouvoir en place, ont été relevés à Dakar et analysés comme des discours urbains producteurs d’images en interaction.

Ainsi, pour construire, à tort ou à raison, une identité repoussante attachée au Président de la République du Sénégal, on fait circuler beaucoup de petites formules comme «Macky Sall = Hitler », « Macky Sall = Bokassa », « non à la dynastie Faye-Sall », etc. Telle est l’intention que révèlent ces discours. Ceux qui les tiennent sont-ils légitimement habilités à les tenir ? Véhiculent-ils des images fausses ou vraies du Président de la République ? Autant de questions qu’on peut se poser ? Cependant, notre propos n’est pas de répondre à ces questions ou de chercher à donner raison ou non aux auteurs de ces énoncés. Nous ne nous préoccupons que de l’analyse discursive des énoncés, des intentions et de leurs effets pragmatiques. Les figures d’Hitler et de Bokassa déjà bien caractérisées par leur capacité de nuisance et par l’exercice de la dictature sont utilisées pour caractériser le Président de la République. Du même coup, les auteurs des énoncés, qui sont des opposants politiques, cherchent à faire passer dans l’imaginaire populaire, l’image d’un président dictateur et autoritaire. Les mots proférés à tout bout de champ fonctionnent pour construire continuellement cette mauvaise image. Telle est la visée du locuteur. Ces deux formules, «Non à une justice sélective» ou «Macky Sall milliardaire illicite » comportent la même visée illocutoire, celle de dire que Macky doit aussi être poursuivi, pour détournement de deniers publics. Le locuteur n’ignore pas que le Président ne peut pas être poursuivi aussi longtemps qu’il exerce sa fonction présidentielle, même après, sauf exceptionnellement en cas de haute trahison. Or, il sait bien qu’on est loin de ce cas de figure, comme de toutes les images négatives fabriquées à l’encontre du Président. Pourtant, son propos tend à le nier pour mieux le disqualifier et l’exposer à une poursuite judiciaire au sujet de l’enregistrement illicite. L’accusateur, le peuple opposant, qui profère les propos, construit l’image du Président illégitime quant à la poursuite contre les « biens mal acquis ». Ces slogans fonctionnent, ici, comme une stratégie politique des opposants pour construire de mauvaises images, que la ville fait circuler le mieux.

Contrairement à ces discours, d’autres locuteurs urbains, du même peuple, construisent l’image d’un Président de la République moralement exemplaire et progressiste. Parmi ces énoncés, nous avons relevé les suivants : « yoonu yokkuté»  ou « la voie du développement », « ligeey sooga fab » ou « travailler pour avoir de l’argent », «  jëf sooga jël » ou « paiement après service fait », etc. On le voit, ces slogans montrent une image valorisante attachée aux citoyens qui les énoncent, en l’occurrence le peuple approuvant le pouvoir et son détenteur, le Président de la République et son programme. Leurs locuteurs s’adressent au peuple tout entier, chez qui ils suscitent l’espoir d’être hissé, par le régime politique, sur la voie du développement durable. Aussi lui dit-il que le Président de la République l’exhorte à travailler pour une rémunération méritée à la suite d’un service fait. Ce slogan, « travailler pour avoir de l’argent » est formulé par opposition au laxisme, au désœuvrement, à l’enrichissement illicite et au détournement de deniers publics. On met en exergue une image du Président qui met en valeur l’éthique et la probité dans la gestion du bien public. On nous montre un Président soucieux du mieux-être du peuple et adepte du travail, source de progrès.

La ville est ainsi le lieu où circulent des énoncés, où l’on construit, à tort ou à raison, diverses images en interaction, parfois en contradiction, selon les divers positionnements des locuteurs et des interlocuteurs.

 

II.2. Identité de l’homme « branché » dans l’espace social urbain

Par le truchement des mots, on rencontre des énoncés à Dakar, comme « camon town » (broussard par opposition au citadin) « nandité sonnul » (l’homme branché est tranquille et avisé) « dëkk ba la joggée » (habitant de la brousse). En effet, la ville apparaît aux yeux de la population, comme le lieu de construction des comportements de références relativement à la modernité et au savoir vivre.

Il se construit en ville une culture au quotidien, dans le bruissement incessant, par divers discours. La culture considérée est comme constituée, ici, de savoirs, de pratiques, de règles, de normes, de stratégies, de valeurs, de mythes qui se transmettent par le discours de génération en génération ; elle se produit en chaque individu et, tout en entretenant la complexité sociale, donne vie au « vivre ensemble » qui caractérise la ville.

La mode est suivie à la lettre par les discours. Lieu principal de l’accumulation du capital, la ville est le point de convergence de toutes les misères. Elle est l’espace de construction de toutes les mentalités vouées à la consommation effrénée des produits du marché industriel, politique, etc. En France en 2006, la récurrence du terme « jacquerie » employé à propos des émeutes de la banlieue fait paradoxalement référence à une société rurale. Le mot « zone » témoigne également de la difficulté à exprimer la réalité sociale contemporaine. Les « zones de non droit » fréquemment évoquées dans le discours des journalistes ou des responsables politiques renvoient à des mots empruntés au vocabulaire parisien de la fin du XIXe siècle. A l’époque, la zone est une bande de terrain non constructible, frappée de servitude militaire, qui jouxte les fortifications qui entourent la capitale (fortifications érigées en 1841-1845 sous l’impulsion de Thiers). C’est un lieu d’habitat précaire et illégal. La population y est ouvrière et peu qualifiée. Dans l’imaginaire collectif, elle devient un espace mythique, peuplé de « zoniers », d’Apaches, de prostituées et de marginaux. Cette même image est d’ailleurs fournie par la littérature : de la masure du corbeau des Misérables de Victor Hugo au Jésus la Caille de Francis Carco dans les années 1920, la boucle est bouclée.

L’identité du banlieusard est construite par opposition à celle du branché de la ville. La banlieue fait peur. Cette crainte est partie intégrante d’un discours anti-urbain qui s’est affirmé dès le XIXe siècle, en France comme en Grande Bretagne. La parole urbaine est descriptible en termes de stigmatisation, de code langagier de la banlieue, de violence, de mots ou d’expressions empruntés au monde arabe, comme l’expression « intifada des banlieues », de mots violents tels que « front » utilisés par les étudiants, notamment ceux de l’université de Cheikh Anta Diop de la ville de Dakar. En somme, il y a une « banlieurisation » du discours sur la ville, phénomène qui fait du malaise des banlieues celui des villes.

Aussi la ville est-elle un espace d’écriture et de lisibilité des enseignes et des affiches, signalétiques commerciales et institutionnelles. Ces écritures participent à dire la ville, à la décrire et à transmettre toutes les informations utiles aux citadins.

 

II.3. Identités politiques, sociales et culturelles

Comment le citadin arrive-t-il à construire son identité par la parole en interaction ?

Tout acte de langage émane d’un sujet qui ne peut se définir que par sa relation à l’autre. Et cette relation se manifeste par un processus d’influences mutuelles, les interactions verbales, et selon un principe d’altérité (sans l’existence de l’autre, point de conscience de soi). A travers cette relation, chaque acteur urbain cherche à influencer l’autre de sorte qu’il fasse les choses ou parle selon son intention à lui, ou mieux qu’il pense comme lui.

Cependant, chacun ayant son propre projet d’influence, les interactants[18] (les deux locuteurs agissant mutuellement par la parole l’un sur l’autre) sont amenés à gérer leur relation, selon un principe de régulation guidé par les lois de la politesse linguistique. Patrick Charaudeau (2005) apporte des précisions à cette idée en disant :

Mais agir sur l’autre ne peut en rester à une simple visée de faire faire, de faire dire ou de faire penser. La visée s’accompagne d’une exigence, celle de voir l’intention suivie d’effet. Cette exigence complète la visée communicationnelle par un but d’action qui consiste à mettre l’autre dans une position d’obligation à s’exécuter, c’est-à-dire dans une relation de soumission à la position du sujet parlant.[19]

 

Les identités politiques (ou parfois religieuses) prennent, dans l’espace de la ville, la forme des médias et des institutions de communication et d’information qui y naissent et y sont diffusés. Si la ville est l’espace où naît la politique, c’est que c’est dans l’espace de la ville que les acteurs politiques, leurs discours, leurs modes de représentation, se confrontent les uns aux autres. L’espace urbain est l’espace où se donnent à voir les manifestations et les défilés institutionnels ou politiques (manifestations revendicatives, mais aussi manifestations de visibilité des acteurs institutionnels) qui donnent à voir les identités politiques de ceux qui en sont porteurs en les donnant à voir aux habitants. Défilés, cortèges, manifestations rituelles et protocolaires de toutes sortes donnent dans la ville une visibilité matérielle réelle aux institutions et aux acteurs politiques de la cité. L’espace de la ville est également l’espace où se diffusent et se propagent les représentations symboliques des identités politiques, en particulier sous la forme des journaux, des affiches et de toutes les inscriptions publiques, ou encore sous la forme des emblèmes (drapeaux, inscriptions diverses) qui caractérisent les édifices publics dans de la ville.

On trouve en ville des activités culturelles et des identités professionnelles : la ville se fait le siège et le lieu de visibilité des métiers, des tableaux signalétiques des boutiques, l’ « épigraphie commerciale urbaine», la publicité, etc. Les affiches publicitaires, mais aussi les différents types de publicité lumineuse ou de panneaux mobiles qui jalonnent l’espace urbain, constituent autant de discours et de représentation lisibles et identifiables des activités professionnelles, qui se déroulent dans la ville et font de l’espace urbain un espace d’échange et d’activité économique. Il s’agit également des activités professionnelles consistant dans une certaine forme d’occupation de l’espace. On peut en énumérer les crieurs publics, les vendeurs de journaux, les marchands ambulants, les auteurs de spectacles de rue, etc., se déplaçant en permanence dans l’espace de la ville et en s’y proposant des activités. Ces différents acteurs urbains contribuent, par leur activité symbolique, à faire de l’espace de la ville un espace de communication et de représentation identitaire.

 

III. Discours et contextes de la ville

C’est par la langue que l’espace, les lieux, les activités et politiques de la ville se mettent en discours : d’abord par la description physique : les cartes de la ville, les figures géométriques, les repères, les points cardinaux, etc. Ensuite, on observe également une forme de mise en discours touchant la formation, le recrutement, l’audit, la traque des biens mal acquis, mais également les politiques sociales telles que « le développement durable », « la scolarisation universelle », « la bourse de sécurité familiale », « la couverture maladie universelle », etc. Ce type de discours construit une image du projet social urbain ou national plus largement, et des aspirations des gouvernants.

L’utilisation massive des sigles, qu’affectionne l’administration (ZEP[20], PDEF[21], etc.), a pour effet de « bien parer » la réalité et de rendre invisibles certaines catégories sociales. On ne dira pas « ménages immigrés », mais « population défavorisées ». De nouveau zonages (zones sensibles, zones franches, zones d’éducation prioritaires, zones d’aménagement concertées) sont ajoutés aux découpages administratifs et politiques existants. Les mots associent l’image de danger social et/ou de pauvreté voire de promiscuité, aux classes populaires. Le vocabulaire désigne la différence, signale la dangerosité, souligne la marginalité par rapport à la loi commune.

On observe de multiples écrits sur les murs de la ville, les panneaux, les affiches, les pancartes, les véhicules, en somme toutes les surfaces sur lesquelles on trouve de l’écrit. Cela implique l’idée de plurilinguisme de la ville. C’est également le signe d’un recours à la toponymie pour dire la ville. En effet, la nomination des lieux est le premier acte de prise de possession de la ville par un pouvoir politique. L’on se rappelle au Sénégal, il y a quelques années, sous le régime du Président Abdou Diouf, l’Etat s’était systématiquement mis à rebaptiser les rues, les écoles et lycées des grandes villes, surtout ceux de Dakar. C’est ainsi qu’entre autres, le lycée Van Vollonoven et l’avenue William Ponty de Dakar sont rebaptisés respectivement Lycée Lamine Guèye et Avenue Georges Pompidou. « Découvrant » l’Amérique, qu’il croyait être les Indes et qui étaient, en fait, la mer des Caraïbes, Christophe Colomb, par exemple, est pris d’une véritable fureur baptismale : les îles, les caps, les baies, il baptise tout, sans se demander si les indigènes, Caraïbes ou Arawaks, n’ont pas déjà nommé leur environnement. Mais, les (re)nommant, il croyait se les approprier, les créer, ou simplement les découvrir. Cette prise de possession symbolique peut être réitérée par des pouvoirs successifs qui débaptisent pour effacer les traces du pouvoir précédent, puis rebaptisent pour laisser à leur tour leur marque. C’est ainsi que Saint Petersbourg est devenue avec la révolution d’octobre Leningrad puis, après la chute du régime communiste, Petersbourg. Ce sont autant de prises de possession symbolique. Aussi la toponymie apporte-t-elle un témoignage sur l’histoire linguistique de la ville. Les noms de lieux fonctionnent alors comme des fossiles et nous disent qu’ici ont vécu des locuteurs de tel ou tel pays.

Ce processus d’affectation des noms aux divers lieux de la ville relève de l’interdiscours. En effet, un des lieux où la notion d’interdiscours apparaît opératoire est le processus d’affectation d’un nom à un référent, ou à un objet de discours, comme la nomination des lieux de la ville.

Le dialogisme de Bakhtine et l’analyse du discours reconnaissent l’existence d’un ailleurs extérieur au discours. C’est précisément cet ailleurs manifestant l’hétérogénéité discursive qui rend possible la nomination des lieux urbains. Dialogisme et interdiscours réfèrent historiquement à Bakhtine (1969) et à Michel Pêcheux (1969). Pour ce dernier, « […] les mots, expressions, propositions, etc., reçoivent leur sens de la formation discursive dans laquelle ils sont produits. »[22] Bakhtine définit l’interdiscours comme suit :

Notre langue quotidienne est pleine de mots d’autrui : avec certains, notre voix se fond totalement, oubliant leur appartenance première : par d’autres, que nous considérons comme bien fondés, nous renforçons nos propres mots ; dans d’autres encore, nous introduisons nos orientations personnelles, différentes et hostiles. […] Les mots d’autrui introduits dans notre discours, s’accompagnent immanquablement de notre attitude propre et de notre jugement de valeur, autrement dit deviennent bi-vocaux.[23]

 

Cette bi-vocalité, mise au service d’une prise de position, s’exprime notamment dans l’acte de nomination et a été dénommée dialogisme de la nomination, type d’interdiscours que construit la ville.

 

Conclusion

On le voit, les paroles de la ville se comprennent comme une construction d’identités politiques, sociales, culturelles, que l’espace urbain, jouissant d’une certaine autorité discursive, rend efficace. Cela montre le caractère constructiviste des échanges verbaux, surtout dans la situation d’énonciation privilégiée que constitue la ville, lieu des interactions verbales de toutes sortes, mais également espace de production d’énoncés détachés ou de petites phrases sous forme de slogans, de manifestes ou de déclarations politiques, de courts énoncés divers présents sur de multiples supports caractéristiques de la ville ( affiches, murs, frontons de magasins, voitures, etc.).

La ville est, par ailleurs, le lieu de fabrication et de circulation de toutes les informations destinées à un large public, dont les décideurs doivent façonner d’une manière ou d’une autre le comportement. C’est en ville que la force pragmatique du discours, se manifeste au mieux. Ainsi, les discours urbains, qu’il s’agisse de la publicité ou de la mode, ou même de la politique, ne laissent pas intacts les citadins toujours tentés de se livrer à leur consommation effrénée. Le processus de transformation identitaire est facilité par le fait que la ville fait entendre, sans cesse, un interdiscours destiné, entre autres, à rendre possible la nomination des rues, des écoles, en somme de tous les lieux urbains, mais également, des évènements sociaux, des activités de développement de l’Etat, etc.

Cette nomination inhérente à la vie urbaine n’est rien d’autre qu’un discours hydrique, qui dit la ville et lui donne une identité, ainsi qu’aux différents acteurs. La ville nous est apparue à la fois comme un espace de fabrication d’une identité collective, une culture du citadin. Sur la parole urbaine se concentre la réussite (ou l’échec) de la relation d’un individu avec son entourage. Trait d’union vers l’autre, elle est un facteur non négligeable, en termes de cohésion sociale et de solidarité, et tient une place centrale dans le processus de façonnement des identités. La parole urbaine sert d’intermédiaire entre les individus ; elle est lien, expression et action au sein de la ville, espace de consommation de discours. En cela, c’est un acte au sens plein du terme, engageant dans sa profération l’individu tout entier (valeur performative). La parole urbaine permet une confrontation à l’autre et au monde, et c’est en ce sens que nous la désignons comme un «principe » actif d’expression des composantes de la ville, car d’elle naît l’échange, principe de pluralité (points de vue, valeurs…). De plus, la parole, subordonnée à la langue, est un marqueur de personnalité : elle donne à entendre une origine ; par exemple, comme nous l’avons remarqué, le parler urbain est foncièrement différent du parler rural.

 

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* FASTEF, ex. Ecole Normale Supérieure de Dakar

[1] Claudine Moïse, 2003, «Des configurations urbaines à la circulation des langues ou … les langues peuvent-elles dire la ville ? », in Sociolinguistique urbaines. Frontières et territoires, Rennes, Editions Modulaires Européennes (E.M.E), 2007, pp. 55-81, p43.

[2] Le « contexte mondain » est défini par opposition au contexte simplement linguistique, celui que l’on trouve au sein de la phrase ou même du mot.

[3] Suivant une première conception très simple, nous pouvons dire que l’interdiscours est au discours ce que l’intertexte est au texte.

[4] Maingueneau, D., Le Discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Paris, Armand Colin, 2004, p.33.

[5] Krieg-Planque, A., La Notion de formule en analyse du discours, Paris, Presse universitaire de Franche-Comté, 2009.

[6] Dans son ouvrage, Les Phrases sans texte, Paris Armand Colin, 2012, Maingueneau, D., appelle phrases sans texte les sentences, les slogans, les petites phrases, les formules, les maximes, les titres dans la presse, etc., qui prétendent tous échapper à l’ordre d’un texte.

[7] Grieg-Planque, A., La Notion de « formule » en analyse du discours. Cadre théorique et méthodologique, Besançon, Presse Universitaire de Franche-Comté, 2009a.

[8] Krieg-Planque, A., Op.cit, 114.

[9] Mondada, L. 2000, Décrire la ville. La Construction des savoirs urbains dans l’interaction et dans le texte, Anthropos, p.60.

[10] Barbéris, J.-M, « Deixis spatiale et interaction verbale », Cahiers de praxématique, n°9, pp.25-39.

[11] Klein, W., Temps en langue, Angleterre, Routledge, 1994.

[12] Lamizet, B., « Identités et territoire urbaines. La ville, espace de communication », in Sociolinguistique urbaines. Frontières et territoires, Rennes, Editions Modulaires Européennes (E.M.E), 2007, pp. 303-333, p.303).

[13] Augé Marc, Pour une anthropologie des mondes contemporains, Flammarion, Paris, 1994, p.94.

[14] La notion de scénographie, forgée par Maingueneau, renvoie à la situation d’énonciation considérée de l’intérieur du discours. L’énonciation met en place son propre dispositif de parole, dispositif différent du cadre physique. Dominique Maingueneau en parle comme suit : « Dès son émergence, la parole suppose une certaine situation d'énonciation, laquelle, en fait, se valide progressivement à travers cette énonciation même. La scénographie est ainsi à la fois ce dont vient le discours et ce qu'engendre ce discours. » (Maingueneau, D., Le Discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Paris, Armand Colin, 2004).

[15] Citation tirée du discours de Wade ci-dessus.

[16] Citation tirée du discours de Wade ci-dessus.

[17] Reboul, O., dans son ouvrage, Le Slogan, Bruxelles, Complexe, 1975, p.42, définit le slogan de la manière suivante : « […] une formule concise et frappante, facilement répétable, polémique et le plus souvent anonyme, destiné à faire agir les masses », et dont « le pouvoir d’incitation excède toujours [le] le sens explicite ».

[18] La notion d’interactant est empruntée à la linguistique interactionniste. A ce sujet, voir l’ouvrage de

Kerbrat-Orecchioni, C., Les Interactions verbales, Paris, Armand Colin, T1, 1990, T2, 1992.

[19] Charaudeau, P., Le Discours politique. Les masques du pouvoir, Paris Vuibert, 2005, p.12.

[20] ZEP signifie Zone d’Education Prioritaire en France.

[21] PDEF signifie Plan de Développement de l’Education et de la Formation.

[22] Pêcheux, M., Analyse automatique du discours. Paris, Dunod, 1969.

[23] Bakhtine, M., La Poétique de Dostoïevski, Paris, Points, 1970, Essai, p. 129.