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Mode vestimentaire en milieu urbain, éthique et esthétique : Montengón, le Rousseau de l’Espagne des Lumières

Dame DIOP, Université Assane SECK de Ziguinchor

 

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Résumé

Le propos de cette communication vise à démontrer que le phénomène de la mode a toujours existé et ne fait que se réactualiser de manière cyclique depuis l’Antiquité à nos jours. De la pelisse (vêtement en peau d’animal) simple du primitif qui vivait de la nature « pure vierge », à la peau d’animal travaillée et bien ornée pour attirer l’attention des autres, du primitif qui perdait beaucoup de temps à confectionner ses propres vêtements, en passant par le mode vestimentaire clinquant et luxueux en milieu urbain au XVIII e siècle, nous essayerons de décrypter les dérives de la mode au sein de la société sénégalaise, grâce à la pensée de deux écrivains philosophes, romanciers, dramaturges, en l’occurrence Rousseau et Montengón.

La philosophie de Rousseau contre les habits de la mode qui font perdre à l’homme sa liberté et sa commodité nous servira de base pour expliquer le récent scandale dans le monde du show-biz, causé par un accessoire de femme porté par un jeune chanteur, sans oublier le mode vestimentaire de la jeunesse en milieu urbain, sous l’angle de la mondialisation en passant par Montengón, le Rousseau des Lumières de l’Espagne. D’autant plus que le bestseller du roman de ce dernier intitulé Eusebio (1786) est considéré par les critiques littéraires comme l’Émile espagnol. Dans El Mirtilo (1795), le protagoniste Mirtilo préfère la campagne à la ville (la Corte) en troquant sa tenue de ville contre une pelisse, à l’aune des primitifs qui vivaient de la nature « pure vierge ».

 

Introduction

L’homme peut-il se libérer d’une société lestée par la culture de masse, régie par le mimétisme qui touche son corps, considéré par Rousseau dans ses écrits comme la partie la plus intime de l’être humain, enclin à se vêtir avec tantôt des habits de luxe, tantôt avec des habits serrés, qui sont surtout aux antipodes de son choix personnel, et encore plus de la commodité ? Déjà au XVIIIe siècle, Rousseau (1717-1778) qui est considéré par Kant comme le « Newton du monde moral »[1],  propose tour à tour de réformer les mœurs, les institutions politiques et sociales, le droit et même la religion. C’est ainsi qu’en plein siècle des Lumières[2], Jean-Jacques Rousseau proteste avec véhémence contre le progrès des sciences et l’accumulation des richesses, contre une société oppressive et des institutions arbitraires. Pour éviter à ses contemporains de courir inévitablement vers la « ruine », il les conseille de retourner à la « simplicité naturelle », voire à la « nature pure vierge », quitte à préconiser finalement la solution extrême qui est la nudité, à l’aune des hommes de l’Antiquité.

 Toutefois, le projet de Rousseau n’est pas antisocial,puisqu’il ne vise qu’à définir une nouvelle socialisation[3], où l’individu sera libre dès la naissance vis-à-vis de son entourage immédiat. Autrement dit, il y aura un lien social qui permettra au groupe de respecter l’individu, qui respectera à son tour l’individualité des autres.  Bref, le culte du mimétisme est rejeté par Rousseau, grâce à des concepts philosophiques génériques qu’il a même réussi à traduire en actes dans la vie quotidienne, voire dans ses écrits.

             Il faut rappeler qu’au XVIIIe siècle la campagne servait de contrepoint à la ville. C’était une manière de mieux faire ressortir les défauts de la ville, où régnaient tous lesvices ou dépravations des mœurs pour reprendre le vocabulaire rousseauiste, contrairement à la campagne qui symbolisait la tranquillité et la paix. En atteste l’œuvre de Fray Antonio de Guevara[4] (1480-1545) déjà publiée en 1539 et intitulée Menosprecio de corte y alabanza de aldea (Mépris de la ville et éloge de la campagne) afin d’inciter les Espagnols à profiter des merveilles de la campagne, en cultivant la terre et en menant paître le bétail, au lieu de rester oisifs en ville, au moment où les travaux manuels[5] avaient été bannis. Cet éloge de la campagne à travers les travaux manuels était une satire contre la noblesse de sang, au profit de la noblesse de mérite. Dans son chef-d’œuvre Eusebio (1786), Pedro Montengón (1745-1824)  fait l’éloge des travaux manuels, véhiculant ainsi un discours économique et une satire contre la noblesse oiseuse et prétentieuse[6].

Le jeune noble et protagoniste de ce roman didactique, Eusebio, est confié à un précepteur (Hardyl) par sa famille adoptive en Pennsylvanie, suite à un naufrage ayant causé la perte de ses parents. Ainsi cette éducation de son maître quaker[7] (Hardyl), basée sur la vertu naturelle, lui  permet d’apprendre à tisser des paniers afin de devenir un artisan modeste, humble, bref vertueux[8]. C’est la religion naturelle sur fond de quakerisme[9] qui prédomine dans ce roman de Pedro Montengón (1745-1824).

            Les principales sources d’inspiration de cet écrivain espagnol d’Alicante sont Rousseau, l’abbé Raynal et Marmontel[10]. La différence entre ces trois écrivains est que Montengón n’était pas foncièrement contre la religion et encore moins pour la critique radicale de la bourgeoisie, à cause de ses origines nobles : il avait la pensée bourgeoise, sa classe sociale. Même si Pedro Montengón n’était pas pour la destruction de l’Ancien Régime, la vertu naturelle préconisée dans son roman didactique, Eusebio (1786), fustige l’ostentation et préconise la modestie et l’humilité[11]. L’habillement des quakers est capital dans l’éducation de ce jeune homme innocent. Il s’agit de vêtements extrêmement simples et sobres pour éviter tout luxe inutile[12].

Par conséquent, ces topiques pourront nous permettre de mieux saisir certains phénomènes de la société contemporaine qui ne font que se répéter de manière cyclique, que ce soit au XVIIe, au XVIIIe ou aujourd’hui. La mode, qui est inséparable du luxe en plus d’être un frein à l’éducation, engendre inéluctablement les vices de l’ostentation et de la vanité, selon Rousseau. D’où la réactualisation du roman didactique et l’apparition des traités sur l’éducation tout au long du XVIIIe siècle en Europe dans la perspective de ramener les gens à la raison. Quant à la société contemporaine, la mondialisation[13] a plus ou moins entrainé l’homogénéisation ou l’uniformisation des cultures du monde qui ne cesse de devenir un « village planétaire »[14], aux dépens d’une jeunesse victime de manière inconsciente de la mode et des lois du marché.

            Enfin si Paris incarnait aux XVIIe et XVIIIe siècles la capitale de la culture et de la mode en tant que ville lumière de par son hégémonie[15] dans le monde, les États-Unis dominent aujourd’hui culturellement le monde en étendant leurs tentacules sur toute la planète. Rien qu’en voyant le mode vestimentaire de la plupart des jeunes gens citadins du pays, l’image de l’accoutrement des rappeurs américains saute aux yeux comme un faisceau de lumière. Mais, le récent scandale dans le showbiz sénégalais avec l’affaire des sacs de femme exhibés par un jeune chanteur[16] a immédiatement suscité l’indignation de la quasi-totalité du peuple. Une chose est sûre, ses habits serrés et les couleurs vives calqués sur le modèle des femmes ne cessent d’accréditer la thèse de ceux qui le taxent d’efféminé, voire d’être financé par des « lobbies ». Bref, le propos de cette communication visera donc à démontrer sur le plan éthique et esthétique si des habits qui deviennent vite obsolètes et évanescents, de surcroît imposés par la mode et surtout achetés de manière inconsciente ou consciente sont utiles ou pas, en se basant sur la philosophie des Lumières.

            Deux parties constitueront l’article, en l’occurrence le mode vestimentaire du XVIIIe siècle et le mode vestimentaire à l’époque moderne. Nous verrons dans un premier temps la mode chez Rousseau, en rapport avec la liberté et l’utilité, l’expérimentation de l’esthétique utilitariste du vêtement, avant d’aborder les idées rousseauistes de Montengón dans l’Espagne des Lumières. Dans un second temps sera abordé le mode vestimentaire à l’époque moderne en prenant l’exemple de la société sénégalaise de plus en plus secouée par les vagues de la mode en passant par le show-biz et les cités religieuses.

 

I. Le mode vestimentaire au XVIIIe siècle : éthique, vanité, ostentation, beauté et utilité

1. Le mode vestimentaire dans l’œuvre de Rousseau : liberté et utilité

La liberté est fondamentale dans la pensée de Rousseau[17]. Il s’agit entre autres de la liberté d’être, de penser et d’agir à partir de soi-même. Ce concept abstrait de la liberté est expérimenté dans Émile (1762) et La Nouvelle Héloïse (1761). On y voit qu’être libre est, selon la philosophie de Rousseau, le fait de rester soi-même pendant les différentes étapes de son évolution. Autrement dit, la liberté est dans ces deux romans un fait quotidien appliqué à la vie et non pas un concept philosophique abstrait, lointain, éloigné des réalités de la société. Ainsi Rousseau a-t-il mis en scène l’homme et sa propre image esthétique en fonction des valeurs politiques et morales de la communauté. Au lieu de nous libérer, le vêtement imposé du dehors ne correspond plus à sa fonction, occasionnant ce que Rousseau appelait « la seconde peau perverse ».

A travers ces critiques et les propositions alternatives, Rousseau voulait tout simplement présenter un projet global de réforme du monde occidental, grâce à la politique, à l’éthique et à l’esthétique du vêtement[18]. C’est surtout le vêtement des enfants et des femmes qu’il analysait sous l’angle de la dimension utilitariste, contrairement à la vanité décorative du rococo, en vue de vulgariser sa philosophie basée sur la liberté et la beauté. Le vêtement et l’utilité nous ramènent d’abord à l’évolution complexe de la mode versatile et excentrique entre la Renaissance et le Rococo, où la pensée néoclassique cherchait une relation plus utilitaire avec la manière de s’habiller. Il s’agissait avant tout d’une exigence sociale qui a finalement abouti à l’éclosion de propositions esthétiques mises en pratiques par Rousseau vers la fin du XVIIIe siècle.

Cependant les arguments les plus consistants de l’utilitarisme provenaient de l’Écosse avec notamment David Hume et Adam Smith. En 1762, date de la parution de l’Émile et du Contrat social, Henry Home publia Eléments de criticisme définissant ainsi la notion de « grâce » (d’élégance et de charme) en rapport avec l’être humain en mouvement. Autrement dit, le vêtement pouvait permettre ou empêcher l’action[19]. Dix ans avant le discours de Rousseau, Hume a publié son Traité de la nature humaine, où il présentait l’esthétique utilitariste la plus convaincante du siècle couronnée en 1751 par la publication de la Recherche sur les principes de la morale régissant la réforme utilitaire du vêtement. Selon Hume, les postures, les mouvements faciles et libres sont toujours beaux[20]. C’est une manière pour lui de faire l’éloge des habits beaux qui ne doivent pas alourdir le corps et encore moins l’emprisonner. 

Rousseau s’est distingué par ses théories, mises en scène dans ses romans, et surtout dans sa vie quotidienne, pour jouir de la plénitude de sa liberté face au mimétisme et aux conventions qui régissaient la société du XVIIIe siècle.

2. Rousseau : l’expérimentation de l’esthétique utilitariste du vêtement

 

Même si les théories de l’éthique et de l’esthétique du vêtement étaient déjà abordées par des philosophes anglo-saxons, Rousseau était celui qui les a expérimentées dans ses écrits et même dans sa propre vie. En 1782 lors de la représentation de son opéra, Le Devin de village, devant le roi à Fontainebleau[21], il s’est habillé comme un rustique (paysan, campagnard). Cette scène est racontée dans les premières pages de ses Confessions, une manière de construire un véritable symbolisme par à rapport à son accoutrement, qui était à l’opposé des habits portés à la cour royale, où prédominaient la mode et l’élégance.

Rousseau s’y est rendu avec sa tenue habituelle, débraillée, barbe mal rasée et cheveux mal peignés. Cette apparence peu soignée a été un acte de courage, parce qu’il était entouré de personnes richement habillées, dans une tribune où tout le monde le voyait. N’ayant pas voulu suivre la mode, il s’est habillé comme d’habitude pour éviter de se soumettre un tant soit peu à l’opinion d’autrui qui aurait risqué de lui faire accepter plus tard tout, sous prétexte d’être toujours lui-même et de ne pas avoir honte nulle part de se vêtir conformément à son choix.

3. Montengón, le Rousseau des Lumières

 

Quant à Montengón (1745-1824), la modération et l’humilité sont des thèmes qui caractérisent l’ensemble de ses héros romanesques, à savoir Eusebio, Eudoxia, Mirtilo, Antenor, excepté l’anti-héros Rodrigo perdu par l’ambition et les vices de la corte. Mais l’épisode de Paris dans Eusebio (1786) est édifiant, puisqu’Eusebio a failli être piégé par le Lord Som pendant la visite au bordel. Ce dernier réussit à lui faire troquer son habit de quaker contre une tenue luxueuse, élégante, afin de le voir se perdre facilement dans la luxure[22]. Le luxe et l’élégance sont des vices qui l’exposent aux déesses de la beauté et de l’amour[23], même s’il réussit in extremis à s’en sortir grâce à la vertu que son maître Hardyl lui avait inculquée.

            Appelé l’Émile espagnol par les critiques littéraires, Eusebio (1786) de Pedro Montengón est la représentation la plus définitive et la plus conséquente du rousseauisme radical, anthropologique et éducatif en Espagne[24]. Libéré de tous les vices qui opprimaient l’individu partout en Europe lors de son périple (Pennsylvanie, Angleterre, France, Espagne), Eusebio est l’incarnation du héros positif, pétri de vertu naturelle, éloigné des conséquences néfastes de la corruption, de la passion, de l’ostentation et de la mode. La vertu de son éducation prime sur les vices du progrès de la société européenne, qui font perdre à l’individu sa liberté.

La spécificité de Pedro Montengón (1745-1824) est qu’il ne rejette pas la civilisation contrairement à Rousseau dont l’élève (Émile) est coupé du monde en se réfugiant dans la nature[25]. C’est pourquoi Rogelio Blanco affirme qu’Émile s’accommode des normes de la vie alors qu’Eusebio devra le faire en fonction des endroits où il se retrouve.  L’Émile espagnol ne cherche pas la nature, mais il l’utilise comme contraste et alternative dans la mesure où Eusebio et son maître Hardyl vivent ensemble tantôt dans la campagne, tantôt dans la société. Cette éducation lui permet de résister, voire de se détourner des frivolités de la vie quotidienne[26]. Dans un autre roman aux allures historiques (El Rodrigo), le narrateur relate la fuite vers l’Afrique d’Evanio qui s’installe d’abord dans la campagne, sur une vaste étendue en friche afin de la cultiver[27] en se débarrassant de ses riches vêtements et de ses parures pour se mettre dans la peau d’un berger vêtu d’un habit humble et rustique[28]. S’ennuyant dans le luxe et la richesse des ornements du palais de Tolède[29], Florinda se rend à la campagne pour profiter[30] de la nature libératrice, contrairement à la corte[31] (la cour royale) où elle se sent en prison. La campagne paradisiaque sert aussi de contrepoint dans cette séquence où la ville reste invivable et infernale pour Florinda. Dans son roman pastoral (El Mirtilo), Pedro Montengón préconise le retour à la campagne à travers la déception du personnage principal qui peine à décrocher un travail à la capitale, juste après ses études en Italie. Préférant ainsi le travail de berger à la vocation de poète à la cour, Mirtilo quitte la ville et rencontre un groupe de bergers qui se dirigent vers l’Estrémadure[32]. Leur rencontre est facilitée par une chanson consacrée à l’inconstance des richesses et du mépris de la corte.

La campagne renferme les valeurs positives, la vertu et la sensibilité[33]. C’est uniquement dans la campagne qu’il peut y avoir cette vie innocente et tranquille, le paradis recherché par presque tous les écrivains, à savoir Gillemán, Rodríguez de Arellano, Zavala y Zamora, Montengón. Selon Joaquín Álvarez Barrientos[34], Montengón s’installe dans le courant qui valorise la vie à la campagne aux dépens de la vie en ville, comme ce fut le cas dans Eudoxia (1793). Pour lui, la leçon de Rousseau est évidente.

Dans sa thèse de doctorat[35], Marc Marti soulève le thème de l’envers du décor en analysant le contraste saisissant entre la misère paysanne et le luxe urbain[36]. Il s’agit d’une satire qui s’attaque au rapport de production (opposition seigneur/fermier). Le luxe permet de révéler l’injustice de la répartition de la richesse[37]. Le paysan croupit dans la faim, voire dans la misère, au moment où le courtisan s’empiffre et se perd dans le luxe, carrosses, théâtre, courtisanes, pierres précieuses, meubles chinois[38], etc.

D’une manière générale, les écrivains du XVIIIe siècle sont contre la mode et le luxe qui peuvent engendrer le manque de liberté et de choix, voire l’éducation dans la société. Ce sont pour eux des vices qui favorisent les apparences trompeuses, la superficialité, le masque, la vanité et la trahison, sans oublier la dépravation des mœurs au sein des villes.

Aussi Rousseau a-t-il créé un modèle pour les futures générations, à savoir la manière de vivre comme un primitif dans la société moderne, grâce à la négligence et à la rupture de la convention[39]. Autrement dit, la mode est atemporelle puisqu’elle existe dès l’antiquité en se réactualisant de manière cyclique jusqu’à aujourd’hui. Si nous prenons par exemple le cas de notre pays, nous nous rendons compte que le mode vestimentaire de la jeunesse est régi par le phénomène de la mode qui engendre ce que Rousseau appelait les noires mœurs de la ville[40], ou plutôt les mœurs légères de la ville.

Déjà au XVIIIe siècle, Rousseau décriait les vêtements serrés, que ce soit des hommes ou  des femmes. De plus, il y avait des hommes qui s’habillaient comme les femmes, en mettant des habits de couleurs vives. Et ce n’est pas une nouveauté lorsqu’un jeune chanteur sénégalais affirme sur TV5 qu’il adore la mode et qu’il en est victime en arborant un sac à main de femme. Un geste qui a fait pleuvoir sur lui une pluie de virulentes critiques, à cause des tabous, car on ne peut pas tout faire au Sénégal, selon lui avant de s’excuser publiquement.

 

II. Le mode vestimentaire à l’époque contemporaine : le cas du Sénégal à travers la mondialisation

  1. Le Sénégal et les « scandales » de la mode dans le show-biz

On ne peut pas tout faire quand on est artiste. Ils confondent des fois la personnalité et personnage. Je ne fréquente pas les homos, je ne sais pas ce qu’ils font. Chez nous, c’est interdit les homosexuels. J’ai fait clore le débat en déchirant le sac. J’adore la mode, j’aime m’habiller en italien (costumes de couleurs). J’adore les fringues, j’adore les belles voitures, j’adore me faire beau.

Wally Seck sur TV5 Monde dans L'invité, le 8 févr. 2016[41].

Dans le monde actuel, il y a des hommes qui s’affichent de plus en plus un sac à la main sans que cela choque. Mais au Sénégal ce geste ne peut pas passer inaperçu, au regard de la pluie de critiques qui s’est abattue sur ce jeune chanteur[42], fin janvier 2016 lorsque sa photo avec un sac à main a circulé sur la toile. Même s’il a toujours été accusé par ces détracteurs de s’habiller comme les homosexuels à cause de son mode d’accoutrement féminin, en l’occurrence les pantalons serrés, les vestes de femmes, les ceintures et les chaussures serties de strass, le sac à main est cependant la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans un pays où l’homosexualité est toujours punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement.

Le scandale a presque fait la une de tous les journaux du pays. Si L’observateur s’amusait d’un « Waly vide son sac », Le Témoin avait à sa une « Haro sur les homos et les sacs à main d’homme » avant d’enfoncer le clou « Waly a ouvert la boite de Pandore ». Pris en flagrant délit, le jeune chanteur a surtout heurté les autorités de la vie locale. Le communicateur traditionnel M. Mbaye Pékh s’en est mêlé en lui interdisant de porter un tel accessoire : « Un homme ne doit pas se vêtir comme une femme, encore moins avec un sac à main. Un homme peut mettre ses dossiers dans un cartable, à condition que ce soit un sac pour homme ». Dans une lettre ouverte appelant à la retenue et à la compréhension, son ami le chanteur Baba Hamdi n’a pas hésité à affirmer : « Il ne s’agit nullement de défendre l’indéfendable (…), il est vrai que Waly a ouvert la ‘boite de Pandore’ (…), à mon humble avis, on doit recadrer Waly »[43].

L’affaire est même devenue d’Etat, après que le magazine Jeune Afrique a publié un dessin satirique visant directement la confrérie des mourides à laquelle appartient le jeune chanteur. Le Président a condamné avec fermeté une « maladresse incompréhensible et inadmissible de la part d’un organe de presse qui s’identifie à l’Afrique et censé connaître, défendre et promouvoir la culture et les valeurs africaines.

Pour mettre fin à la polémique, le jeune chanteur qui avait pourtant assumé son accessoire en se décrivant comme une victime de la mode et en évoquant les exemples de stars américaines commeKanye West et Pharell Williams, adeptes du sac à main, décide finalement d’abdiquer en détruisant publiquement le sac. On dirait que ce n’est pas lui qui martelait sur RFI qu’il n’avait pas du tout l’intention de changer de style vestimentaire en affirmant que ce n’est pas la première fois qu’il portait un sac à main[44].

En 2012, il y avait aussi eu un scandale lors de l’élection miss Jongoma[45] avec la diffusion sur la toile des photos d’une des candidates qui s’est fait photographiée dans son jean leggins jugé trop transparent. La Brigade des mœurs avait été saisie pour attentat aux mœurs et outrage public à la pudeur[46].

Pour élargir le champ de la réflexion, je suis allé à la rencontre d’une vingtaine d’étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor tout en ciblant ceux qui suivent la mode afin de leur poser quelques questions sur leur style vestimentaire. Et le constat est général : la plupart est victime de la mode de manière inconsciente, que ce soit les filles ou les garçons qui préfèrent dans la grande majorité arborer des vêtements serrés, des couleurs vives. Même les filles voilées ne sont pas épargnées par le phénomène de la mode, au vu des jeans ou des pantalons, des foulards de couleurs, du rouge à lèvres brillant. Le voile modernisé est actuellement de mise chez les jeunes filles. Et seule une infime minorité parmi elles, qui mettent le voile par conviction religieuse, ne suivent pas la mode pour passer inaperçues.

2. Mode et religion : le voile islamique et le voile « fashion »

Le port du voile est devenu, de nos jours, un effet de mode pour beaucoup de jeunes filles. En effet, quand certaines se voilent pour se conformer aux prescriptions de l’Islam, d’autres le font  essentiellement pour des raisons purement esthétiques[47].

Aujourd’hui, nombreuses sont les jeunes filles et les femmes qui mettent le voile pour des raisons esthétiques, contrairement à celles qui se voilent en suivant les recommandations de la religion musulmane. Nous avons délibérément choisi de ne pas entrer dans le débat sur le voile, la tradition et la religion afin de nous concentrer uniquement sur le propos de cet article visant à cerner la problématique du mode vestimentaire en milieu urbain en rapport avec l’éthique et l’esthétique. De toute façon, le voile par convictions religieuses ou le voile fashion sont diamétralement opposés au vu respectivement de la discrétion, de la pudeur et de l’ostentation ou du tape-à-l’œil. Autrement dit, les jeunes filles ou les femmes voilées par convictions religieuses ont tendance à cacher certaines parties de leurs corps pour ne laisser qu’apparaître le visage, les mains et les pieds, au moment où d’autres s’exhibent, la tête recouverte de voile ou à moitié voilée, les habits serrés, le rouge-à-lèvre brillant et les parures bien nouées[48].

Le voile fashion est actuellement un effet de mode très prisé par les filles dans la mesure où c’est un style beau qu’elles peuvent porter partout[49], selon elles. En tout cas, le voile religieux est maintenant concurrencé par le voile de la mode qui ne cesse de se propager. Résultat, le voile est banalisé dans la société : porter le voile jadis pouvait susciter la méfiance, la désapprobation ou le rejet de certains parents qui pensaient que c’était contraire à nos us et coutumes.

Enfin, le mode vestimentaire dans la société sénégalaise actuelle est caractérisé par la synthèse de trois cultures, en l’occurrence la culture traditionnelle, la culture occidentale et la culture américaine. Si la mode et le luxe épargnent une frange de la société, la plupart des cités religieuses en sont victimes.

 

3. Le mode vestimentaire des « bayy faal » ou Baye Fall

(…) La petite ville de Mbaké Cayor, (…). Ce lieu n’a pas été choisi au hasard. Il est très précisément le berceau du Mouridisme, là où le Cheikh Ibrahima Fall prêta allégeance au Cheikh Ahmadou Bemba Mbacké et reçu en retour une hache, acte fondateur et symbole de ce qui guiderait son action et celles de ses disciples : celle du don et du travail au service de l’homme, incarnation de Dieu sur terre. De ce guide spirituel est né le mouvement Baye Fall[50].

Coiffés de dreads et vêtus d’habits modestes bariolés à l’image de leur cheikh, les Baye Fall font prévaloir un nouveau projet  censé constituer la racine identitaire d’un projet de société[51]. Il s’agit d’un mouvement qui n’est pas basé sur les cinq piliers de l’Islam : ses membres en sont exemptés. Pour eux, le travail est le chemin de l’émancipation et de la dignité humaine. L’esprit de tolérance caractérise le baye-fallisme qui est un Islam ouvert basé sur l’acceptation de la différence, au moment où l’on évoque les frontières sanglantes de la religion. Peuplé par une très grande majorité de musulmans (95%), le Sénégal est un pays où les chefs religieux sont des régulateurs sociaux : les chefs religieux jouent un rôle prépondérant dans l’apaisement des tensions ou le règlement des conflits, grâce aux sollicitations des autorités et des acteurs politiques[52].

Conscients des défis du millénaire, les « baye Fall » initient la revitalisation de Mbacké Cayor, la localité de leur guide spirituel (Cheikh Ibrahima Fall), est un tournant dans la marche vers la révolution. Il s’agit d’une révolution basée sur le retour vers la nature, dans une zone presque désertique où sont construites des cases. Ils ont malgré tout réussi à y ériger un « périmètre agro-écologique »[53] qui marque ainsi l’harmonie entre l’homme et son environnement, et surtout la nécessité de combattre la désertification et l’appauvrissement des sols.  Leurs principales activités sont en effet concentrées dans cette localité pour freiner le fléau de l’exode rural, voire le phénomène de l’explosion des embarcations de fortune, grâce à l’éducation spirituelle, à l’enseignement et à la formation professionnelle. Cette éducation à la fois temporelle et spirituelle pourra, selon eux, permettre à la jeunesse de surpasser les contingences de la « vie moderne », puisqu’ils les encouragent à vivre dans la localité en leur garantissant des ressources économiques. C’est aussi une manière de contrecarrer l’exode rural qui ne cesse de gangrener le pays.

Ce qui est intéressant chez les « Baye Fall », c’est la révolution incarnée par un projet de société utopique, dynamique et expérimental centré sur le travail, la solidarité, la modestie, l’humilité, la frugalité, l’éducation théorique et pratique. Cependant, leur mode de vie simple dans un contexte de crise endémique a connu une très grande affluence de la part de beaucoup de jeunes gens parfois sans repères, déjà perdus dans les paradis artificiels.

Si la mode est bannie chez les « Baye Fall », il existe des cités religieuses comme Touba où les dégâts sont plus ou moins limités par une sorte de brigade des mœurs.

4. Le mode vestimentaire dans les cités religieuses : le cas de Touba et de Tivaouane

Le choix de ces deux cités religieuses se justifie par la quasi-inexistence de documents consacrés à ce sujet, même s’il s’agit des deux familles religieuses les plus représentatives au Sénégal. La ville de Touba et celle de Tivaouane sont respectivement la capitale des « mourides » et des « tidianes », deux grandes confréries séparées à peu près de 130 kilomètres. Toutefois, ce n’est pas le même climat qui règne dans les deux villes saintes. Les tidianes sont favorables au concept de laïcité : l’on y ressent beaucoup moins l’influence de la religion qu’à Touba[54]. Les symboles de l’État y sont mis en évidence à travers des écoles de la République communément appelées « écoles françaises », une gendarmerie et un Palais de justice. Pourtant tout n’est pas permis dans cette ville religieuse : les chrétiens n’ont pas obtenu l’autorisation d’y construire une église[55]. Quant à la cité religieuse de Touba, seules les écoles coraniques sont admises dans la ville. C’est la langue wolof qui y règne presque sans partage. Les chefs religieux traditionnels (les marabouts) y font la loi[56]. Le calife administre la cité[57] et les habitants ne paient ni impôts, ni taxes, ni factures d’eau, ni de frais de patente pour les taxis.

S’agissant du mode vestimentaire à Touba[58], les filles et les femmes se donnent du mal à contourner le code vestimentaire (le dress code) à cause de la brigade des mœurs, Safinatoul Aman (« cercle » ou dahira), en mettant des boubous chatoyants et hyper moulants, hijabs transparents ou richement brodés, maquillage savant et ongles hautement picturaux[59]. Safinatoul Aman veille, au jour le jour, au grain pour faire respecter les tenues décentes, quitte à humilier celles qui osent braver les interdits. A Tivaouane, il existe une ambiance beaucoup plus décontractée car on peut y voir des filles ou des femmes mettre une tenue vestimentaire « sexy » à faire tourner les têtes, sans choquer personne. Les jeans moulants et les tailles basses sont portés par les jeunes filles.

D’une manière générale, toutes les femmes ne sont pas voilées à Touba et à Tivaouane. D’autant plus que la femme sénégalaise tient aux canons de la beauté. En attestent les propos de Nelson Mandela[60] dans ses mémoires, en tant que grand amateur de la beauté féminine : Les Sénégalaises sont les plus élégantes de l’Afrique.

 

Conclusion

Le mode vestimentaire dans la société est soumis à une convention qui entrave la liberté de s’habiller par utilité et par commodité. Allant de pair avec le luxe, le masque, la superficialité, les apparences trompeuses, la mode est un frein contre l’éducation, les mœurs et les coutumes. En attestent les romans didactiques et les traités d’éducation du XVIIIe siècle. Même s’il ne s’agit pas pour le moment d’une analyse exhaustive de la situation depuis le XVIIIe siècle à nos jours, nous avons réussi à faire ressortir des coïncidences concernant le mode vestimentaire décrié par Rousseau et celui de la jeunesse mondiale, pour ne pas dire sénégalaise, à l’épreuve au mieux du mimétisme culturel et au pire de la mode qui va à l’encontre de nos mœurs et coutumes.

L’habit ne fait pas le moine. Et Rousseau prend le contrepied en disant : l’habit doit faire le moine. Et le moine ne doit pas être forcé à porter ses habits. Une manière de démontrer que l’homme doit avoir la liberté de s’habiller par commodité et par utilité, en battant en brèche le mimétisme culturel et surtout la mode sous-tendue par des fins mercantiles.

Puisque Paris symbolisait aux XVIIe et XVIIIe siècle la capitale de la culture  et de la mode, Rousseau la décrivait avec dégoût en sept mots : « Paris, ville de boue et de fumée »[61].

C’était une ville où l’on pouvait facilement s’embourber, à cause des mœurs légères pour ne pas dire des « noires mœurs » ou de la dépravation. Rousseau est l’auteur qui s’est le plus distingué dans la description dégoûtante de Paris des Lumières à travers ses écrits.

Quant au mode vestimentaire à l’époque contemporaine, Nous avons vu que l’accoutrement des jeunes gens et des adultes d’une manière générale n’est pas quelque chose de nouveau, puisqu’il existait déjà à l’époque de Rousseau et de Montengón. Et nous avons choisi deux scandales liés à une affaire de mœurs dans notre pays, en l’occurrence le fameux sac à main d’un jeune chanteur, le jeans leggin estimé « trop transparent » d’une candidate de « miss Jongoma» en 2012, avant d’examiner le mode vestimentaire des jeunes gens grisés par la mode de manière inconsciente dans la plupart des cas. Bref, la mode a fait des ravages dans le monde antique et classique, voire dans la société contemporaine.

 

Bibliographie

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[1] Bernard GAGNEBIN, « ROUSSEAU JEAN-JACQUES - (1712-1778)  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 mai 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-jacques-rousseau/

[2] Ibid., Bernard GAGNEBIN, « ROUSSEAU JEAN-JACQUES - (1712-1778)  ».

[3] Jorge LÓPEZ LLORET, PERVERSA SEGUNDA PIEL. ÉTICA, ESTÉTICA Y POLÍTICA EN EL VESTIDO SEGÚN JEAN-JACQUES ROUSSEAU, © Ediciones Universidad de Salamanca, Cuadernos dieciochistas, 11, 2010, p. 70.

[4] Stelio Cro, La utopía de las dos orillas (1453-1793), Cuadernos para investigación de la literatura hispánica, Nº 30, 2005, pp. 70-74.

[5] Voir Gaspar Melchor De Jovellanos, Obras completas, Tomo I, José Miguel Caso González, Colecciones de autores españoles del siglo XVIII, 1984, pp. 334.

[6] In Dame DIOP, L’espace dans le roman de Pedro Montengón, thèse de doctorat nouveau régime, Université de Nice Sophia-Antipolis, 2012, page 2.

[7] Ibid., p. 199.

[8] Ibid., p. 195.

[9] Ibid., p. 15.

[10] Ibid., p. 39

[11] Ibid., p. 70.

[12] In “Histoire des quakers”, article consulté le 29/08/2016 à 18h30 :

Vêtements

Comme tous les vrais chrétiens, les Quakers tiennent à la mise en pratique de leur foi. Au début de ce mouvement et pendant deux siècles, ils portaient des vêtements extrêmement simples et sobres, qui les distinguaient de leurs concitoyens, ceci dans le but d'éviter tout luxe inutile et de pouvoir donner plus d'argent aux pauvres. Mais aujourd'hui, tout en maintenant le principe de sa simplicité, ils s'habillent comme tout le monde.

http://quaker.chez-alice.fr/plus_histoire.htm

[13] Denis COLOMBI, « MONDIALISATION (sociologie)  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 30 avril 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/mondialisation/

[14] Éric LETONTURIER, « LA GALAXIE GUTENBERG, livre de Marshall McLuhan  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 mai 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/la-galaxie-gutenberg/

[15] Gisèle SAPIRO, « CULTURE - Vue d'ensemble  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 30 avril 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/culture-vue-d-ensemble/

[16] Abdallah Soidri, « Quand le sac à main d'un chanteur relance l'homophobie d'Etat au Sénégal », consulté le . URL : http://www.marianne.net/quand-sac-main-chanteur-relance-homophobie-etat-au-senegal-100240084.html

[17] Jorge LÓPEZ LLORET, PERVERSA SEGUNDA PIEL. ÉTICA, ESTÉTICA Y POLÍTICA EN EL VESTIDO SEGÚN JEAN-JACQUES ROUSSEAU, op. cit, pp-237-238.

[18] Ibid., p. 238.

[19] Ibid., pp. 238-239.

[20] Ibid., p. 239.

[21] Ibid., p. 252.

[22] Lire Dame DIOP, L’espace dans le roman de Pedro Montengón: Nous avons ici une tentative du lord visant à piéger Eusebio qui a reçu une éducation puritaine de la part de son maître Hardyl. Il lui a fait troquer son habit de quaker contre une tenue luxueuse, symbole de l’élégance, p. 261.

[23] Voir Eusebio, Pedro Montengón, Edición de Fernando García Lara, cátedra,

Letras Hispánicas, 1998, p. 606:« ¡Qué casa tan deliciosa, milord! ¿Quién es el dueño? ¡Qué perfilado rostro! ¡Qué perfilado rostro! ¡Qué ternura de juventud! ¡Qué gracias! ¡Qué atrayente afabilidad, mezclada de dulce insinuación y confianza! ¡Qué ojos! ¡Qué primor detalle y de presencia! Eusebio queda enajenado y encogido »

[24] Jordi Quintana Albalat « El Eusebio de Pedro Montengon: Una Antropología utópica », Revista de historia de la psicología, Vol. 17, Nº 3-4, 1996, p. 29.

[25] Rogelio Blanco, Pedro Montengón y Paret (1745-1824): un ilustrado entre la utopía y la realidad, Universidad Politécnica de Valencia, 2001, p. 208.

[26] Ibid., p. 226.

[27] Pedro Montengón (1745-1824), El Rodrigo, Edición de Guillermo Carnero, Letras Hispánicas, ©Ediciones Cátedra (Grupo Anaya, S.A.), Madrid, 2002, p. 141: (…) descubre un extendido erial (…).

[28] Ibid., pp. 143-144: (…) se despojó de sus ricos vestidos y adornos y se cubrió del humilde sayo (…).

[29] Ibid., p. 168.

[30] Ibid., p. 167.

[31] Ibid., pp. 170-171: (…) la corte (…), una pérfida morada, (…).

[32] Ibid., pp. 70-71.

[33] Joaquín Álvarez Barrientos, La novela del siglo XVIII, Madrid, Júcar, 1991, p. 284.

[34] Ibid., p. 238.

[35] Marti, Marc, Ville et Campagne dans l'Espagne des Lumières (1746-1808), Saint Étienne, 1994, Thèse de doctorat nouveau régime, troisième partie, chapitre 8 et 10, pp. 26-29.

[36] Ibid, p. 428.

[37] Ibid., p. 429.

[38] Ibid., p. 427.

[39] Jorge LÓPEZ LLORET, PERVERSA SEGUNDA PIEL. ÉTICA, ESTÉTICA Y POLÍTICA EN EL VESTIDO SEGÚN JEAN-JACQUES ROUSSEAU, Op. Cit, p. 252.

[40] Lire Fabbri, Maurizio, « Utopías posibles al acabar un siglo: Montengón y Thjulén »,

Homenaje a José Antonio Maravall / coord. por Carlos Moya Espí, Luis Rodríguez de Zúñiga,

Carmen Iglesias, Vol. 2, 1985, pp. 69-70.

[42] Lire marianne.net : Quand le sac à main d'un chanteur relance l'homophobie d'Etat au Sénégal, article consulté lehttp://www.marianne.net/quand-sac-main-chanteur-relance-homophobie-etat-au-senegal-100240084.html

[43] Ibid.

[44] Ibid.

[45] « Jongoma » : femme de forte corpulence. Miss Jongoma est le contraire de miss taille fine.

[46] Lire senxibar.com : Plainte contre Miss Jongoma 2012: le Procureur saisit la brigade des mœurs, article consulté le 9 Février 2013. Lien : http://www.senxibar.com/Plainte-contre-Miss-Jongoma-2012-le-Procureur-saisit-la-brigade-des-moeurs_a10245.html

[47] Rayhanatou DIALLO, ‘Mode et religion : Quand le voile ‘‘fashion’’ concurrence le voile islamique’, article cité le 28/09/2016 à 13h30. Lien : http://seneweb.com/news/Societe/mode-et-religion-quand-le-voile-lsquo-ls_n_162273.html

[48] Ibid. : Aussi, quant au port du voile comme effet de mode, Oustaz Matar clarifie: «Quand vous vous voilez, vous devez porter des habits décents, qui cachent vos rondeurs. Mais se voiler et faire du ‘‘Dangal’’, porter des habits serrés, c’est ne pas comprendre la religion et ce qu’elle dit du port du voile. C’est juste un effet de mode».

[49] Ibid.

[50] Valentine Van Vyve et Johanna De Tessières, « Les Baye Fall, voix méconnues de l'islam », sur www.lalibre.be, 31 mai 2015 (Article consulté le 22 septembre 2016)

Lien : http://www.lalibre.be/actu/movewithafrica/les-baye-fall-voix-meconnues-de-l-islam-5534c7e93570fde9b2cf7a15

[51] Ibid.

[52] Ibid.

[53] Ibid.

[54] Pierre Cherruau, Sénégal : Touba, la Mecque des mourides, article consulté le 23 septembre 2016 à 10h50. Lien : http://www.lemonde.fr/voyage/article/2010/12/13/touba-la-mecque-des-mourides_1452650_3546.html

[55] Ibid.

[56] Maïté Darnault, Sénégal: Mbacké et Touba, vice et versets, article consulté le 23 septembre 2016 à 17h00 : A l’entrée de la ville, une arche de béton peinte en vert marque l’amorce d’un bouchon monstre, et le début des interdits. Ici règne la loi des chefs religieux traditionnels, les marabouts. Chaque talibé (disciple) et sa famille choisissent de s’en remettre à un cheikh, qui les guidera dans leur vie quotidienne aussi bien que spirituelle. Au sommet de cette hiérarchie, le calife général des mourides, Sidy al-Mokhtar Mbacké depuis 2010. C’est l’un de ses prédécesseurs, Abdoul Ahad Mbacké, qui avait décrété, en 1980, dans une lettre au procureur de la République du tribunal d’instance de Diourbel, la prohibition sur son territoire «de l’ivresse, de la vente et de la consommation d’alcool, de tabac, de drogue, notamment le yamba [cannabis, ndlr], des jeux de hasard, de loterie, des vols et recels, des tam-tams, musiques de danse et manifestations folkloriques», ainsi que «tout ce qui est contraire à l’islam» - ce qui inclut de fait le cinéma, le football et le port du pantalon.

Lien : http://www.liberation.fr/planete/2015/01/25/senegal-mbacke-et-touba-vice-et-versets_1188440

[57] Ibid.: A Touba, la police et la justice dépendent de comités de vigilance, placés sous l’autorité directe du calife général des mourides.

[58] Ibid. : Le Magal a des airs de grand défilé en costume traditionnel, à mi-chemin entre le paseo espagnol et les circonvolutions autour de la Kabaa, à La Mecque.

[59] Ibid.

[60] Ibid.

[61] Voir l’article de P. Citron, La Poésie de Paris dans la littérature française de Rousseau à Baudelaire, Éd. De Minuit, 1961, pp. 99-103 ; Voltaire, Candide ou L’optimisme, suivi du texte apocryphe de 1760, par Jean Golzink, Texte et contextes, I.M.E., 1985, Magnard, pp. 237-239 : (…) Adieu donc, Paris, ville célèbre, ville de bruit, de fumée et de boue, où les femmes ne croient plus à l’honneur ni les hommes à la vertu. Adieu, Paris : nous cherchons l’amour, le bonheur, l’innocence ; nous ne serons jamais assez loin de toi.