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Résumé

L’importance de l’analyse du discours pour la traduction peut certainement se mesurer à l’aune des facteurs textuels. Ceux-ci constituent, en effet, des aspects transversaux véhiculaires du sens et de la mission d’un texte, lesquels en déterminent les types et le niveau de récurrence. Dans le cas des textes spécialisés, le traducteur dispose sans doute de bien de leviers utiles pour la quête du vouloir-dire.

Cette contribution propose une étude traductologique des facteurs textuels à travers le discours spécialisé et tente de démontrer, sur fond d’un corpus de traductions, le rôle essentiel de ces derniers dans l’appréhension du sens.

Mots clés : facteurs textuels, linguistiques textuelle, sens, analyse du discours, traduction spécialisée

 

Abstract

The importance of discourse analysis for translation can be measured through textual factors. These are, indeed, crosscutting aspects likely to help uncover the mission and meaning of the text, two main parameters which determine their types and level of recurrence. In the case of specialized discourse, the translator has certainly some useful levers for the quest of the intended meaning.

This paper proposes a translatological study of textual factors through specialized discourse, and attempts to demonstrate, using a corpus of translations, the key role of the latter in the apprehension of meaning.

Key words: textual factors, text linguistics, sense, discourse analysis, specialized translation

 

 

Introduction

La grande percée de la théorie dite interprétative dans le domaine de la traductologie, ces dernières décennies, n’a pas empêché, pour autant, le renforcement des rapports de convergence entre linguistique et traduction. En considérant le texte comme matériau principal de l’étude scientifique, il est de plus en plus admis que, autant sur la théorie que sur la pratique, ces deux disciplines ont véritablement besoin l’une de l’autre[1].

En effet, dans le vaste champ pluridisciplinaire de ses centres d’intérêt, la linguistique fait souvent montre d’un domaine dynamique et innovant, essentiellement orienté vers l’étude, la construction et l’amélioration des performances en langue. C’est ainsi que, étant donné qu’en matière d’analyse du discours, le processus de quête du sens s’avère bien souvent complexe et variable d’un texte à l’autre, la linguistique contemporaine en est arrivée, notamment à travers le projet grammatico-textuel[2], à mettre au point une théorie du texte.

          L’objectif principal, entre autres, de ce projet consiste en l’étude systématique de ce qu’il est convenu d’appeler les facteurs textuels, afin de voir comment et en quoi ces derniers peuvent affecter ou faciliter la compréhensibilité d’un texte. C’est surtout en tout cela que les méthodes et résultats de la linguistique sont plus que jamais d’un grand apport pour la traduction en tant que processus.

          Aujourd’hui, vu l’importance que revêt une telle approche dans le cas de la traduction en général, et plus particulièrement de la traduction spécialisée, il nous semble fort utile de considérer les rapports entre traduire un texte de spécialité et analyser les facteurs qui en font et déterminent la textualité.

          Le présent article s’attache à démontrer comment les facteurs textuels interviennent comme leviers essentiels d’appréhension du sens dans le processus de traduction des textes de spécialité. Pour ce faire, nous en dégageons, dans un premier temps, puis analysons les différents types récurrents à travers le discours spécialisé, en nous appuyant notamment sur un corpus constitué de deux textes du genre suivis de leurs traductions respectives.

 

I. Les facteurs textuels : un objet d’étude de la linguistique contemporaine

          Comme la plupart des sciences humaines, la linguistique a aussi connu, dans son évolution, un certain nombre de phases d’innovations ayant souvent abouti à l’émergence de nouvelles tendances globalement inspirées de son orientation classique.

          En effet, aux premières années de sa naissance, la linguistique se reconnaissait à une seule position fondamentale (Hymes : 1991) : l’étude spécialisée de la structure et de l’histoire de langues particulières, de groupes de langues et de familles de langues. Beaucoup plus tard, précisément au début de la seconde moitié du siècle dernier, sous l’impulsion des idées de N. Chomsky, elle a connu un élargissement à la psychologie cognitive et à la nature psychologique de l’être humain : ce furent alors les prémices de l’actuelle psycholinguistique.

          De nos jours, la discipline a opéré une sorte de retour à la source, non pour reconsidérer les mécanismes d’évolution ou d’utilisation de la langue, mais justement pour analyser la structuration de celle-ci dans son cadre de manifestation concrète : le discours, oral ou écrit. Né à la suite et, dans une certaine mesure, en réaction aux idées chomskyennes, sous les plumes d’éminents linguistes et psycholinguistes tels que Sperber, Hymes, Van Dijk, Charolles, etc., le courant de la linguistique textuelle a lui aussi connu des ramifications internes ayant donné naissance à des sous-domaines comme l’étude des facteurs de compréhensibilité et de lisibilité textuelles :les notions de cohésion ou de continuité, de cohérence, de pertinence, de situationalité, d’intentionnalité, etc.

          Il s’agit essentiellement, pour cette linguistique textuelle, telle qu’entendue par Beaugrande ou Charolles, de procéder à l’identification et à la description des différents systèmes de marques contribuant à la cohésion du discours ou encore à l’étude des propriétés constitutives du texte ainsi que leurs différents emplois dans un contexte communicationnel. C’est en somme mener une étude ayant pour but de voir comment la langue fournit à ses utilisateurs un ensemble de moyens leur permettant d’indiquer certains rapports qu’ils établissent entre les différentes choses qu’ils expriment, notamment par le repérage des facteurs textuels à même de conférer au discours une certaine homogénéité ou continuité. Ceci reviendrait, d’après Rastier, à mettre en lumière les propriétés de cohésion et de cohérence qui font qu’un texte n’est pas réductible à une simple suite de mots !

 

I.1. Approches définitoires

          Afin de mieux cerner et aborder les différents types de facteurs textuels, il convient ; en premier lieu, de tenter d’en dégager une définition sur la base de quelques approches assez édifiantes.

        

I.1.0. Préliminaires

           Bien qu’une étude systématique des facteurs textuels soit une orientation assez nouvelle de la linguistique contemporaine, pourtant leur emploi, ou du moins leur évocation, dans les domaines pédagogique et docimologique ne date pas du tout d’aujourd’hui[3] ! En vérité, on ne peut ignorer l’existence, dans la plupart des copies d’élèves ou d’apprenants en langues, des remarques du genre « manque de cohérence », « manque de pertinence » ou parfois même « manque de cohésion dans les idées »… ! Mais toujours est-il qu’une définition exacte de ces termes est souvent sujette à controverses, notamment quant à leur applicabilité dans le cadre textuel.

          Alors que les dictionnaires, tels que le Robert et le Hachette, définissent par exemple la cohérence respectivement comme le rapport étroit d’idées qui s’accordent entre elles et le rapport de logique et d’adhérence entre les idées d’un discours, les spécialistes de la question, eux, s’adonnent à des spéculations assez généralistes mais plutôt édifiantes !

 

           I.1.1. L’approche psycholinguistique

        L’approche psycholinguistique sur les facteurs textuels s’intéresse essentiellement aux notions de cohérence, de cohésion et, dans une moindre mesure, de pertinence du discours, et a connu ses véritables premières théories entre la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt.

          C’est Van Dijk qui, par exemple, à partir de l’étymologie textus (tissé), met en relief le caractère indissociable des notions de cohésion, de cohérence et de texte. Dans son célèbre ouvrage intitulé « Le texte », il tente d’expliquer, entre autres, que la cohérence d’un texte se trouve dans les liens qui se forment entre ce qu’il appelle la microstructure (niveau des phrases) et la macrostructure (le sujet développé d’une phrase à l’autre pour constituer un tout homogène). Pour Van Dijk et Kinstch, la cohérence du discours réside en grande partie dans la reprise d’un argument dans la structure propositionnelle.

           Parallèlement, Johnson-Laird (1983), abordant la question sous un autre angle, note que « dans un discours, chaque phrase doit référer explicitement ou implicitement à une entité à laquelle il a déjà été fait référence (ou qui a été introduite) dans une autre phrase, car seule cette condition permet d’intégrer les phrases dans un modèle unique » (p. 371). Pour lui, la cohérence et la cohésion du discours représentent des facteurs clés permettant au lecteur d’enregistrer les informations suivant leur fil d’apparition et à les intégrer dans un schéma mental. C’est là un principe fondamental de la compréhensibilité du discours.

           Dans le même ordre d’idée, Sperber et Wilson (1989), considérant les notions de cohérence et de pertinence, soutiennent que l’interprétation de tout énoncé ou de toute séquence d’énoncés est gouvernée par un principe unique qu’ils appellent pertinence optimale. Contrairement à ce que défendent certains théoriciens en linguistique textuelle, ce principe s’applique même quand il n’y a pas d’infraction au critère de cohérence. Selon eux, l’interprétation du langage est en effet fondamentalement contextuelle et inférentielle : elle suppose l’élaboration d’hypothèses contextuelles qui assurent la manifestation des informations en situation. Le contexte, ici, n’est pas conçu comme donné, il ne se réduit en particulier pas à des savoirs latents supposés partagés (cf. Moeschler, 1994), il est construit par l’interprétant et peut se modifier au fur et à mesure qu’il avance dans la découverte du texte.

          Afin de mieux saisir les notions de cohérence et de pertinence selon l’approche psycholinguistique, prenons un cas d’illustration :

        Exemple1 : le lundi matin dernier, la circulation automobile était presque impossible dans la banlieue dakaroise parce qu’il avait abondamment plu la veille au soir.

          Cet énoncé fait à la fois montre d’une cohérence (présence du marqueur de causalité) et d’une pertinence (logique relation de cause à effet entre la proposition principale et la proposition subordonnée) indiscutables !

        Mais,

        Exemple2 : avant-hier il a beaucoup plu sur l’île, suite à l’envahissement de Saint Louis par des touristes venus de toutes parts.

 

          On note dans cet exemple, certes une certaine cohérence (utilisation du connecteur temporel suite à), mais quant à la pertinence, elle brille par son absence (en effet, on conviendra aisément qu’il n’existe a priori aucun rapport entre l’abondance de pluie et l’affluence de touristes sur l’île). La cohésion de l’énoncé, par contre, se manifeste à travers la référence cataphorique établie entre les termes île et Saint Louis pour éviter la répétition.

           En outre, on ne saurait passer sous silence deux autres facteurs clés dont le repérage te l’analyse permettent un approfondissement de la compréhension du texte : l’intentionnalité et la situationalité.

          En effet, telle que définie par Searle dans son ouvrage ainsi intitulé, « l’intentionnalité est la propriété en vertu de laquelle toutes sortes d’états et d’événements mentaux renvoient à ou concernent ou portent sur des objets et des états de choses du monde » (1985 :15). En d’autres termes, l’intentionnalité d’un texte qui n’est autre que celle de son auteur, renvoie à l’ensemble des intentions ayant présidé à sa mise en forme. Sa détermination doit donc constituer une étape préalable à la traduction, du moins théoriquement.

           Quant à la situationalité, elle joue un rôle, sans doute pas des moindres, dans l’appréhension objective du sens d’un texte. On entend par situationalité, ou encore contexte, la relation intrinsèque qui lie un texte à une situation donnée. La compréhension, précisément en vue d’une éventuelle traduction d’un texte passe nécessairement par sa contextualisation ou situationalisation, c’est-à-dire son cadrage systématique dans une situation de communication ayant motivé sa production.

 

          I.1.2. L’approche linguistique 

   I.1.2.1. Cohésion et cohérence chez M. Charolles

       De façon générale, la notion de facteurs textuels passe pour une initiative premièrement linguistique. Même si l’ensemble des approches s’appuie sur la vision propre de leurs auteurs respectifs, il existe toutefois des conceptions transversales entre les unes et les autres.

          Avec Charolles (1978, 1988), la notion de cohérence textuelle est un principe très général d’interprétation du langage en contexte, tandis que la cohésion, plus ou moins externe à la structure sémantique du texte, est marquée par des éléments lexico-grammaticaux qui permettent sa lisibilité comme corps homogène.

           Pour donner une représentation assez visuelle de cohésion, il propose le schéma général suivant :

alysambou

Figure 1 : représentation schématique des relations de cohésion

Source : Charolles (1988)

      

On relèvera dans ce schéma deux faits importants :

        ─La cohésion d’un texte commence par sa microstructure et s’étend progressivement à la macrostructure, au fur et à mesure que les phrases se succèdent.

        ─La cohésion d’un texte n’inclut pas nécessairement sa cohérence, mais il est aussi à noter qu’un discours peut être cohérent sans faire montre d’une quelconque cohésion.

         Prenons deux exemples pour illustrer ce qui précède :

        Exemple1 : Mass a échoué. Il n’a pas eu l’UE de traduction, où l’on remarque une cohérence sans cohésion.

        Mais,

         Exemple2 : Mass a échoué parce qu’il n’a pas eu l’UE de traduction, où l’on note à la fois cohérence et cohésion.

          

Outre que l'étude du fonctionnement de ces marques amène déjà, selon les propos de Charolles (1988) aux confins de la pragmatique linguistique, elle ne permet pas de rendre compte des nombreux cas où une séquence paraît parfaitement cohérente quoiqu’elle ne comporte aucun indicateur relationnel. L'occurrence d'un connecteur et/ou d'une anaphore et/ou d'une quelconque autre marque de cohésion n'est en effet ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour que par exemple une suite de deux énoncés paraisse former une séquence cohérente intelligible en tant que tout.

            Partant de ce point de vue et s’inspirant de travaux en grammaire du texte, Charolles propose quatre règles de bonne formation textuelle, permettant de concilier ces facteurs textuels clés et la pédagogie.

        Règle 1, la répétition : elle consiste principalement en l’observation et l’utilisation des multiples procédés de rappel (anaphore, cataphore…)

        Règle 2, la progression : elle concerne l’utilisation des connecteurs logiques, des marqueurs de texte, des types de progression thématique…

        Règle 3, la relation : c’est la prise en considération de la situation de communication (aspects contextuels, intention de l’énonciateur, type de texte…)

        Règle 4, la non-contradiction : cette dernière règle signifie qu’aucun élément sémantique ne doit contredire un contenu posé ou présupposé.

         

Par ailleurs, Charolles relève également la syntaxe comme un puissant facteur textuel d’intégration des données verbales, et qui repose sur des relations entre des textes appartenant à des catégories grammaticales déterminées et susceptibles d’occuper des positions prédéterminées. A cet égard, il faudrait préciser que les connexions structurales qui sont des systèmes de solidarité[4] à même de conférer au texte une certaine continuité ou homogénéité, relèvent essentiellement du dispositif syntaxique.

 

                     I.1.2.2. L’approche de Beaugrande et Dressler (1981)

       L’évolution de la linguistique textuelle a connu un tournant décisif avec la publication en 1981 de ce qu’on pourrait qualifier de chef-d’œuvre dans ce domaine : la célèbre Introduction to Textlinguistics de R. de Beaugrande et W. Dressler. Les auteurs y exposent de façon scientifique sept facteurs textuels qui passent pour des standards en la matière : la cohésion, la cohérence, l’intentionnalité, l’acceptabilité, l’informativité, la situationalité et l’intertextualité.

           Vu l’aspect assez restreint de la présente étude et la nature du corpus y afférant, nous proposons de n’en considérer que quatre, non des moins significatifs : la cohésion, la cohérence, l’intentionnalité et l’informativité.

 

  • La cohésion

          La notion de cohésion chez Beaugrande et Dressler recouvre ‘‘les voies et moyens par lesquels les composants superficiels du texte, c’est-à-dire les mots entendus ou vus, sont reliés les uns aux autres dans une séquence où ils dépendent les uns des autres suivant les formes grammaticales et les règles d’usage’’ (p. 3). En d’autres termes, un texte manifestera une certaine cohésion lorsque l’ensemble des idées qui le constituent se présentent sous une forme d’interconnexion assurée par des marqueurs logiques tels que les connecteurs de causalité, de conséquence, de concession ou d’opposition, etc. Cette conception, loin de s’ériger en exception, recoupe nettement, dans une large mesure, avec les précédentes.

 

  • La cohérence

          Alors que la cohésion se manifeste à la surface du texte, la cohérence, elle, se rattache plutôt au contenu propositionnel du discours. Ces auteurs la définissent, en substance, comme la façon dont les composants de ce qu’ils appellent Univers Textuel, c’est-à-dire la configuration des concepts et les rapports qui sous-tendent le ‘texte-surface’, entretiennent entre eux de l’homogénéité et font montre d’une certaine pertinence. C’est dire que ce qui fait la cohérence d’un discours n’est pas à chercher à la surface mais au fond caractérisé par une pertinence claire.

 

  • L’intentionnalité

          De tous les facteurs textuels, l’intentionnalité paraît être d’une conception plus consensuelle. En effet, psycholinguistes (Teun Van Dijk, Kinstch), linguistes (Beaugrande et Dressler, Charolles) et même philosophes (Searle, 1985) s’accordent à dire que le terme désigne la somme des intentions ayant motivé la production du discours. Sa détermination est censée permettre de pouvoir entamer la traduction du texte en question.

 

  • L’informativité

          L’informativité est un facteur peu récurrent en linguistique textuelle. Beaugrande et Dressler la conçoivent comme le niveau auquel l’information convoyée par le texte peut paraître inattendue et nouvelle chez le récepteur. Même s’ils admettent qu’elle s’applique généralement au contenu, ils soulignent toutefois que tout dans le corps textuel, à la surface comme au fond, peut être porteur d’information.

 

        I.2. Synthèse

          A la suite de ce bref survol de quelques approches sur la notion de facteurs textuels, se dégagent un certain nombre de positions transversales, lesquelles convergent parfaitement dans le même sens que le modèle de Graesser (cf. Charolles, 2000) : la compréhension d’un texte se construit au fur et à mesure de sa lecture en une représentation cohérente de son contenu. Pour ce faire, l’on doit impérativement déterminer les relations entre les différents mots et phrases du texte (cohérence locale) ainsi que celle qui relient les différentes parties du texte (cohérence globale) ; l’établissement de ce dernier type de cohérence s’appuiera sans aucun doute sur les relations qui unissent les phrases et les paragraphes, notamment les relations de cause à effet, de contraste, de similitude, etc. Celles-ci peuvent être indiquées explicitement dans le texte par des marqueurs linguistiques ou connecteurs logiques tels que parce que, afin que, de sorte que, bien que, à cause de, etc. Mais lorsqu’elles sont laissées implicites par l’auteur, le lecteur doit pouvoir les inférer en sollicitant son bagage cognitif général !

         C’est en substance à ce niveau que les textes spécialisés se distinguent, puisque le lecteur ne dispose pas souvent de ces connaissances externes à l’abord du texte, vu le caractère spécifique et nouveau du thème traité en général.

 

 II. Illustration en traduction de textes spécialisés

         II.0. Préliminaires

          Il nous semble important, avant d’entrer dans le vif de cette partie, d’examiner d’abord ce que recouvre les notions de traduction spécialisée, et par-delà, texte spécialisé ou encore langue spécialisée.

          En effet, la notion de langue spécialisée ou langue de spécialisation s’oppose terminologiquement à celle de langue commune. Si l’on entend par cette dernière l’ensemble des mots et expressions qui, dans leur contexte d’utilisation, ne se réfèrent à aucun domaine spécifique (Rondeau, 1984), par langue de spécialisée c’est justement le contraire qu’il faut envisager ; elle désigne un ensemble lexical déterminé, conçu par et pour les spécialistes d’une activité ou d’un domaine donné en vue de faciliter la communication entre eux. On peut alors l’appeler de l’extérieur, sans risque d’exagérer, langue ésotérique !

          Ainsi, un texte spécialisé sera une succession de concepts, termes ou encore notions propres à un domaine bien précis dans un tout cohérent et homogène.

           Par ailleurs, il convient de noter la relation de synonymie entre texte spécialisé et texte technique, comme démontré par Durieux (1988). Un texte, dans la mesure où il véhicule une information précise, particulièrement propre aux domaines technique et scientifique, et s’abstrait de l’aspect esthétique peut être assimilé à un texte technique…

          Contrairement au texte général ou commun, englobant une multiplicité d’éléments intertextuels qui déterminent en grande partie sa teneur et, ipso facto, aident à sa compréhension, le texte spécialisé semble bien plus restreint. C’est le plus souvent un discours spécifique conçu de façon ponctuelle pour une utilisation ponctuelle par un type de lectorat bien précis !

          Cette particularité, en plus du caractère plus ou moins univoque du lexique employé, fait que les facteurs textuels sont assez souvent implicites ou rendus accessoires à la compréhension. En effet, l’insouciance de l’esthétique et le souci constant de ne dire que ce qui doit être compris et, le cas échéant, applicable dans l’immédiat, ôtent au texte spécialisé, dans une certaine mesure, toute cette rigueur dans la syntaxe ou le style. Ceci pourrait participer, en général, à inhiber les facteurs textuels, du reste plus visibles dans un texte général.

          En revanche, les notions de temps et d’aspect, constituant des paramètres importants du facteur cohésion, apparaissent souvent sous leurs formes les plus claires et simples…

           Dans cette seconde partie, l’objectif principal est de tenter une application, ou peut-être même procéder à une vérification, des approches précédemment analysées sur les réalités textuelles en traduction spécialisée.

           Suivant la méthodologie adoptée, nous essayerons ainsi de voir, sur fond de textes illustratifs, le rôle des facteurs textuels dans la traduction de textes de spécialité. L’analyse qui s’en suivra va s’appuyer sur quelques facteurs dignes d’intérêt en rapport avec le contenu spécifique des textes choisis. Il s’agit de textes techniques traitant de domaines scientifiques et dont nous avons recueilli quelques traductions qui serviront de support à notre analyse.

 

          II.1. Exemples de traductions de textes spécialisés.

          Les deux extraits de textes suivants, suivis de leurs traductions respectives, vont nous servir de support dans l’analyse des différents facteurs textuels souvent caractéristiques du discours spécialisé. Il convient de préciser, avant tout, que la présente analyse ne nourrit pas la prétention de traiter de façon exhaustive tous les facteurs textuels généralement connus ; elle ne portera que sur quatre, comme énoncé ci-haut, vu leur rôle prépondérant dans la structure des textes spécialisés en présence. 

Par ailleurs, le choix de ces deux traductions, tout comme des textes originaux, obéit globalement, au-delà de leur caractère purement spécialisé, à ce critère essentiel : la présence, en amont, des quatre facteurs textuels étudiés ici et leur réapparition systématique, en aval, notamment à travers le processus de réexpression des diverses unités sémantiques.

 

Τexte1 : La fabrication du pain[5]

La fabrication du pain repose sur l’action d’un champignon microscopique, la levure et éventuellement de bactéries lactiques dans le cas du pain au levain, sur les composants du blé.

          Pour mieux comprendre ce qui se passe

           Dans la pâte, en absence d’oxygène, les microorganismes naturellement présents dans la farine ou apportés sous forme de levure de panification dégradent les sucres naturellement présents dans la farine au cours du processus de fermentation pour produire l’énergie qui est nécessaire à leur vie.

          Lorsque la pâte est fermentée à l’aide de levain, on laisse se développer les microorganismes présents dans la farine. Dans 100 g de farine, vivent naturellement un million (106) de levures, essentiellement du genre Saccharomyces et 10 millions (107) de bactéries, essentiellement lactiques.

           Lorsque la pâte est fermentée à l’aide de levure de boulangerie, un apport de 2,5 g de levure de boulangerie pressée pour 100 g de farine fournit 25 milliards (25 x 109) de cellules. Leur action prédomine au cours de la panification.

           Au cours du pétrissage, à partir des sucres, les bactéries produisent de l’acide lactique ou de l’acide acétique et de l’alcool selon les genres en présence ; la levure fabrique de l’alcool et du gaz carbonique.

           Les sucres naturellement présents dans la farine sont le glucose et le saccharose. Ils représentent au maximum 0,5 g pour 100 g de farine auxquels s’ajoutent au plus 25 g de maltose libérés par kg de pâte sous l’action d’enzymes naturellement présentes dans la farine.  (…)

 

Traduction: (publiée sur le même site : www.inra.fr et mise à jour à la même date)

       The manufacture of bread

       The manufacture of bread rests on the action of a microscopic mushroom, the yeast and possibly of lactic bacteria in the case of bread to leaven, on the components of wheat.

    

To better understand what happens

          In the dough, in absence of oxygen, the naturally present micro-organisms in flour or brought as yeast of panification damage the naturally present sugars in flour during the process of fermentation to produce the energy that is necessary to their life.

          When the dough is fermented with the help of leaven, one lets develop itself the present micro-organisms in flour. In 100 g of flour, live a million naturally (106) of yeasts, essentially of the Saccharomyces kind and 10 millions (107) of bacteria, essentially lactic.

          When the dough is fermented with the help of yeast of bakery, a contribution of 2,5 g of hurried bakery yeast for 100 g of flour provides 25 billions (25 x 109) of cells. Their action predominates during the panification.

           During kneading, from sugars, the bacteria produce the lactic acid or the acetic acid and the alcohol according to the kinds in presence; the yeast manufactures the alcohol and the carbon dioxide.

           The naturally present sugars in flour are glucose and sucrose. They represent to the maximum 0,5 g for 100 g of flour to which are added to the more 25 g of maltose freed by kg of dough under the action of naturally present enzymes in flour. (...)

          Par J. M. Salmon

 

Τexte2 : A propos de l’énergie solaire[6]

      

II.2. Des constats

          Dans ces textes, quatre facteurs essentiels, à savoir la cohésion, la cohérence, l’informativité et l’intentionnalité, vont intéresser notre analyse d’autant plus que d’autres tels que l’acceptabilité, la situationalité et l’intertextualité paraissent ici plus ou moins accessoires.

          Dès l’abord des textes originaux, une porte s’ouvre sur un facteur sine qua non à la compréhension : l’intentionnalité ; celle-ci transparaît, en effet, à travers les titres, et le lecteur-traducteur n’aura pas alors à passer par quatre chemins, comme c’est souvent le cas ailleurs, pour la débusquer. C’est justement ce qui explique la correspondance établie entre les termes des titres de départ et d’arrivée (Texte1 : » manufacture » pour « fabrication »,  « of » pour « de », « bread » pour « pain » ; texte2 : « con respecto a » pour « à propos de », « l’énergie solaire » pour « la energía solar »). Ainsi, le fil conducteur saisi avec une certaine certitude, le traducteur, dans sa traduction, a pu suivre, sans égarement à quelque niveau que ce soit, la description conceptuelle du processus de fabrication de pain, tout comme l’explication de l’origine et de l’utilité de l’énergie solaire, de la nature aux fonctions de l’aliment et de la ressource en question, ce qui fait par ailleurs le fond des textes. C’est là une manifestation claire de la règle dite de relation de Charolles.

          Ensuite, du point de vue informatif, c’est-à-dire l’effet de l’information donnée sur le lecteur, un constat général s’impose : en effet, vu la nature du texte en soi, le lecteur-traducteur reste plus ou moins confronté à un déluge d’informations tout de même interconnexes et convergentes ; car, en dépit de leur diversité, elles ont toutes pour fonction d’expliciter davantage les thèmes traités (ici, les titres) et ne s’en écartent en aucune façon. De ce point de vue, l’informativité du texte, déterminée par la nouveauté de l’information convoyée chez le lecteur, se trouve renforcée ; le lecteur-traducteur ne découvre pas qu’une chose nouvelle, mais tous les éléments internes et externes qui la caractérisent, et ce, dans les moindres détails scientifiques. C’est ce qui explique la présence massive de chiffres à travers les textes, notamment au niveau du texte1.

          En outre les facteurs de cohésion et de cohérence, manifestes soit explicitement (syntaxe ou aussi structure de surface[7]) soit implicitement (séquentialité, temps et aspects), se présentent ici, comme d’ordinaire d’ailleurs, de façon indissociable. En fait, sur le plan de la cohésion, par exemple, trois facteurs la mettent en relief :

       ▬Le temps : vu la fonction descriptive du texte, le temps utilisé, à juste titre, est le présent simple (Texte1 :‘rests’= ‘repose’, ligne1, ‘happens’=’se passe’, ligne4 ; texte 2 : ‘travels’=’voyage’, ligne1, etc.)

        ▬L’aspect : en fonction du temps employé, l’aspect essentiel des idées élaborées fait état de vérité générale scientifique ou d’actions à exécution évidente. Ce sont généralement des faits impassibles de toutes sortes d’interprétations (Texte1 : Les sucres naturellement présents dans la farine sont le glucose et le saccharose, paragraphe7 ; texte2 : les applications les plus fréquentes ont trait au chauffage de l’eau et des locaux, paragraphe2).

        ▬La récurrence de facteurs temporels (lorsque=when, au cours de=during…) ainsi que l’interconnexité des idées développées…

       

Quant au facteur de cohérence, il paraît plus ou moins inclus dans la cohésion globale du texte. La cohérence est parfois notable à travers la succession des informations dans une logique qui fait sens et corroborée par la présence d’éléments quantitatifs qui viennent renforcer la crédibilité du discours (ligne 5, texte1).

 

          II.3. Analyse des constats

           Il n’est pas surprenant, au regard des différents constats notés dans les deux textes, de voir que la spécificité des textes spécialisés par rapport à ceux de diffusion générale s’accentue au niveau des quatre facteurs essentiels énumérés plus haut. Vu les circonstances de sa production, le plus souvent subordonnée à des besoins d’un moment donné où à un type de destination prédéfini, ce genre de textes ne peut, à notre sens, constituer un cas d’ étude idéal pour faire ressortir tous les facteurs textuels omniprésents dans n’importe quel discours ‘‘grand public’’, littéraire ou journalistique.

           En effet, un facteur, tel que la situationalité par exemple, n’apporte pas grand-chose ici qui puisse aider le lecteur-traducteur à mieux appréhender le sens du texte. Il n’existe aucun indice paratextuel encore moins contextuel à cet égard. Les seuls détails dont dispose le traducteur dès la découverte du texte se ramènent au titre et à l’auteur.  Voilà pourquoi l’essentiel de l’opération  compréhension-traduction ne doit se jouer que sur des facteurs comme la cohésion, la cohérence, l’intentionnalité et l’informativité, lesquels peuvent éclairer sur l’orientation exacte du texte.

          C’est ainsi que pour l’intentionnalité, une analyse méthodique ou même terminologique du texte en vue de la dégager paraît bien accessoire ici : celle-ci est en effet, comme démontré précédemment, explicitée dès l’abord du texte (Texte1 : La fabrication du pain ; texte2 : A propos de l’énergie solaire), en d’autres termes dans ce type de communications dites scientifiques et techniques (C.S.T.), comme le fait remarquer G. Rondeau (1981 :27), ce sont bien plus des styles particuliers, qui caractérisent la structuration des idées émises, que des formules stylistiques assez impénétrables propres aux autres types de discours. Le seul fait d’être produites par et à l’intention des spécialistes d’un domaine ou d’une activité donnés leur épargne toute cette pédanterie au niveau du style.

          La lecture d’un texte de type journalistique permet de confirmer ce qui précède. Dès les premières phrases de lecture, le lecteur-traducteur est en général mentalement assailli par diverses interrogations telles : qui parle ? Où ? Quand ? A qui ? Pourquoi ? Comment ? Sans oublier d’autres questions pragmatiques relatives aux personnages, aux temps verbaux et aux aspects qui en découlent. des questions dont le traducteur spécialisé pourrait pourtant se passer ; ce qui importe à ce dernier, ce sont les renseignements multiples que le texte, à travers ses différentes structures (macro et micro), lui apportent sur le sens du message communiqué, et peu importe comment, car les termes et les concepts, ainsi que les phrases qu’ils constituent,  sont très peu sujets à interprétation : il faut juste les entendre tels qu’ils apparaissent ; et cela, c’est la notion d’univocité terminologique[8] qui le garantit !

           Au demeurant, si nous considérons avec Politis (2000) que les facteurs textuels, pris dans leur globalité, jouent un rôle non négligeable dans l’interprétation des référents pragmatologiques, force est de souligner qu’en matière de traduction spécialisée ce sont surtout la cohérence et l’informativité du texte sur lesquelles le traducteur devra davantage s’appuyer afin d’aboutir à un discours intelligent et intelligible. Sur le niveau de la cohérence textuelle, on ne dira jamais assez que la structuration raisonnée des idées en dépend, notamment en conjonction avec la notion de pertinence citée plus haut.

          Enfin, dans la mesure où un texte, de quelque type qu’il soit, constitue, selon les termes de Beaugrande et Dressler, un système cybernétique régulant de façon continuelle les fonctions principales des occurrences qui le composent, on conviendra alors que dans les discours spécialisés cette régulation semble un peu plus claire et accessible, eu égard à la simplicité du style et de la syntaxe, importants facteurs de cohésion.

 

Conclusion

       Au terme de cette étude plus ou moins synthétique, donc loin d’être exhaustive, sur les mécanismes de fonctionnement et les rôles des facteurs textuels en traduction de discours spécialisés, nous pouvons dégager un certain nombre de constats quelque peu globaux :

-     Premièrement, il est à souligner qu’il existe une différence notoire relative au fonctionnement et à la structuration des facteurs textuels entre discours spécialisés et discours général. Comme nous l’avons précédemment noté, cette réalité est due en grande partie à la différence stylistique de part et d’autre, et aussi au type de mission spécifique à chaque texte.

-     Deuxièmement, contrairement aux textes de diffusion générale, les textes spécialisés ne constituent généralement pas un champ d’exploration et d’exploitation idéal des facteurs textuels dans leur globalité, tels qu’ils sont énumérés par Beaugrande et Dressler (1981).  Ce constat s’explique en partie par les mêmes raisons que le précédent (différence de style et de mission des textes).

-     Enfin, l’analyse des facteurs textuels présents dans un texte, en vue de sa traduction, révèle une fois de plus qu’entre la traductologie et la linguistique, en dépit des divergences d’approches relevées çà et là, il n’existe véritablement pas de cloison étanche.

 

 

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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-VAN DIJK, T. A. « Le texte » in Dictionnaire des littératures de langue française. tome III, Bordas, 1981.


* Enseignant/Chercheur, Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal/ Laboratoire du CRISCO, Université de Caen, France

[1]Maurice Pergnier (2004),Maryvonne Boisseau et Hélène Chuquet (2009), etc. sont, en particulier de ceux qui prônent une transdisciplinarité naturelle et féconde entre Linguistique et Science de la Traduction.

[2] Les principaux tenants de ce nouveau courant linguistique, qui refuse qu’un texte soit réduit à une simple suite de mots et propose, de facto, une analyse plus profonde de sa structure en vue de sa compréhension objective, sont M. Charolles, Beaugrande et Dressler, Van Dijk, Sperber, etc.

[3] En effet, c’est précisément dans les années « quatre-vingt », période glorieuse pour la linguistique textuelle, que l’on note les premières études approfondies sur l’importance des facteurs textuels, notamment à travers les travaux de Beaugrande et Dressler (1981), Charolles (1988), etc.

[4] Terme propre à la terminologie de M. Charolles (1995)

[5] Texte publié sur le site de l’INRA, http://www.inra.fr . Date de création : 25 février 2005. Date de dernière mise à jour : 02 Mai 2010.

[6] On trouvera l’original et la traduction de ce texte en annexe

[7] Cf. Beaugrande et Dressler (1981)

[8] L’un des postulats en terminologie repose sur la thèse selon laquelle chaque terme à l’intérieur d’un discours spécialisé ne doit renvoyer qu’à un et un seul concept (Rondeau : 22).