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Le premier soir, en revenant du massacre de l’église, la réception était très bien organisée par les encadreurs.

(Jean Hatzfeld.- Une saison de machettes.- P.160)

 

Nous avons choisi de traiter Murambi : un tombeau ὰ ciel ouvert pour diverses raisons. D’abord, le génocide[1] rwandais (du 6 avril1au 17 juillet 1994) est un sujet contemporain. La région des Grands Lacs ne s’est pas calmée depuis lors. On y constate jusqu'à présent les séquelles de la guerre entre Hutu et Tutsi. La deuxième explication est le fait que l’espace y subit ici un bouleversement radical voire un processus de reterritorialisation pour reprendre la terminologie deleuzienne[2]. Le lecteur a l’impression que les lieux refusent de jouer leurs fonctions premières. Les hôtels, les églises, les écoles, les stades etc. sont des espaces de mise en scène du chaos. Par conséquent, le Rwanda devient un terreau fertile pour l’application d’une méthodologie géocritique en littérature comparée.

Afin de mieux aborder les grands traits de cette approche géocritique, nous nous appesantirons essentiellement sur La géocritique : mode d’emploi et Littérature et espaces, tous deux dirigés par Bertrand Westphal.

          Après avoir constaté que les études sur l’espace littéraire, commencées depuis les années 1950, n’ont pas développé une approche assez ouverte sur le sujet, et, bien que reconnaissant que la ville était devenue livre et que le livre était devenu à son tour ville, Bertrand Westphal a voulu combler ce vide, en réfléchissant sur la notion de géocritique – non sans avoir constaté auparavant la mondialisation de l’espace humain et l’hétérogénéité de sa perception.

Se fondant sur cette théorie, il a souligné que l’espace était mobile. Il était donc intéressant de réfléchir sur une nouvelle approche entre la littérature et l’espace. D’où la naissance de la géocritique dont les axes de réflexion s’articulent autour des représentations des interactions entre espaces humains et littérature, ainsi qu’autour de l’affirmation des identités culturelles.

Par ailleurs, elle adopte une méthodologie basée sur quatre approches essentielles :

- Une approche interdisciplinaire : l’interdisciplinarité occupe une place centrale dans la géocritique en intégrant des thèmes variés comme la littérature, le cinéma, la photographie et la peinture par exemple. Ici, la périodicité des espaces ainsi que les frontières nationales ne sont pas prises en compte.

- Une approche stratigraphique : les espaces sont examinés à la fois sous la dimension synchronique (dans l’instant) et diachronique (dans la durée). Elle permet, de façon détaillée, de décoder les différentes strates de l’espace. Dans ce cas, la géocritique réfléchit sur le processus de dé/re-territorialisation. Vu que l’espace évolue dans le temps, force est de constater que nombreuses sont les représentations qui ne peuvent pas être contemporaines. L’espace est en mouvement constant.

- Une approche multifocale : elle cherche à faire apparaître la dialectique qui constitue les fondements de tout processus de déterritorialisation basée sur diverses perspectives d’ordre endogène, exogène et allogène. Mais, il importe de signaler que l’accent est mis sur l’espace observé plutôt que sur l’observateur, comme c’est le cas avec l’imagologie.

- Une approche fictionnalisante : elle permet de comprendre la face cachée de la dimension fictionnelle de tout espace réel. Il s’agira de réfléchir sur les fondements de l’intertextualité d’un lieu.

 

Notre travail sera donc entièrement consacré à la problématique de l’espace rwandais en nous basant sur le roman de Boubacar Boris Diop Murambi, le livre des ossements. Cependant, pour procéder à cette étude de l’espace dans cette œuvre, nous avons choisi l’approche multifocale qui a pour intérêt de jeter un regard croisé sur le Rwanda en utilisant une méthodologie un peu différente de celle de Westphal puisqu’elle fait appel aux différentes représentations dans un seul livre. Ici, nous traiterons des visions endogène, allogène et exogène de l’espace rwandais. Elles concernent, respectivement, le regard des Rwandais sur leur pays (endogène), celui des étrangers qui résident au Rwanda (allogène) et celui des étrangers qui vivent hors de ce pays (exogène).

          La littérature a pour mission de «plaire» aux lecteurs, mais aussi de les faire réfléchir. Une littérature qui serait dépourvue de l’un de ces deux éléments serait incomplète. La littérature sub-saharienne a, depuis le début, essayé de reposer sur ces deux piliers, avec beaucoup de succès au regard des canons littéraires qui se sont affirmés sur et en dehors du continent africain. Parmi les canons littéraires émergents, nous pouvons mettre Boubacar Boris Diop, qui, avec son œuvre  Murambi, le Livre des Ossements (2001), a assis son talent d’écrivain de dimension internationale. Ce roman fait suite à un séjour de l’écrivain au Rwanda, une initiative facilitée par Fest’Africa et la Fondation de France avec le soutien de la Fondation suisse pour la culture. Ce roman est le fruit des témoignages des uns et des autres et des recherches documentaires sur le génocide de 1994.

Boris Diop présente ici un point de vue allogène africain[3] délibérément voulu pour contrecarrer les points de vue européens[4]. Ce faisant, Murambi traite de l’espace rwandais sous l’angle d’une vision multifocale. Ce regard pluriel du même lieu nous permettra de mieux réfléchir sur le génocide rwandais.

Le génocide de 1994 a suscité l’émoi au Rwanda, certes, mais aussi à travers le monde. Comment les Rwandais eux-mêmes perçoivent-ils leur pays ? Cette  vision dite endogène peut être scindée en trois (3) phases :

a. le Rwanda d’avant 1994, d’avant les massacres ;

b. le Rwanda de la période du génocide (avril - juillet 1994) ;

c. le Rwanda d’après 1994, ou la période de la guérison, de la réconciliation et du pardon.

 

Les tensions entre Tutsi et Hutu ont toujours existé au Rwanda. L’histoire nous enseigne qu’elles ont été entretenues et exacerbées par les colons belges qui ont préféré les Hutu au Tutsi : « Devant l’impossibilité à nommer le Munyarwanda (« l’homme-du-Rwanda ») et la complexité de sa culture, le discours colonial a resémantisé les signifiants « hutu », « tutsi » et « twa » selon les références culturelles de l’Occident[5] », à en croire Josias Semujanga[6].  C’est ainsi que les Hutu ont toujours occupé les plus hautes fonctions politiques, militaires et administratives. C’est peut-être là l’une des causes de la frustration des Tutsi.

 

a) Le Rwanda d’avant 1994, d’avant les massacres 

Le Rwanda a été créé par les Allemands[7] et les Belges[8]. Cette nouvelle territorialisation facilitait une meilleure main mise de l’administration belge sur ses colonies, créant ainsi les premières tensions ethniques.

Il y a déjà eu, avant l’indépendance en 1962, des massacres en 1959-60, suite à la mise en œuvre de la propagande du Manifeste des Bahutu:

Par conséquent, est traître tout Muhutu

qui fait alliance avec les Batutsi dans ses affaires ;

qui investit son argent ou l’argent de l’Etat dans une entreprise d’un Mututsi ;

qui accorde aux Batutsi des faveurs dans les affaires (l’octroi des licences d’importation, des prêts bancaires, des parcelles de construction, des marchés publics)

Les postes stratégiques tant politiques, administratifs, économiques, militaires et de sécurité doivent être confiés aux Bahutu[9].

 

Cependant, les massacres étaient de moindre ampleur. N’empêche qu’ils ont poussé à l’exil des milliers de Tutsi vers Bujumbura et Kampala, dans les pays limitrophes du Burundi et de l’Ouganda. Ces Rwandais, exilés de force, ont rencontré une multitude de difficultés dans leurs terres d’accueil, ce qui constitue une autre source de frustration et qui a poussé à la création d’une rébellion qui deviendra le noyau du Front Patriotique Rwandais (FPR), actuellement au pouvoir. Mais tout n’est pas sombre dans la période pré génocide.

Ainsi, le Rwanda d’avant 1994 était le théâtre de mariages interethniques. A titre d’exemples, dans Murambi, le Dr Karekezi, Hutu, a épousé une Tutsi. Lucienne, une Tutsi, projetait d’épouser Valence, un Hutu (p.33), projet qui n’a pu se matérialiser à cause du génocide. Il y avait donc un semblant d’harmonie dans le Rwanda pré génocidaire. Les gens s’y connaissaient tous. Ce Rwanda-là « peignait un visage où les gens se retrouvaient autour d’une bière » (p.9). Les Rwandais cohabitaient pacifiquement les uns avec les autres. On pouvait percevoir cette même entente dans la disposition des habitations,  « les boutiques formaient un petit cercle près du carrefour » (p.9). Ici, cette disposition rappelle celle des habitations des populations Zulu qui ont leur épicentre sur le Kraal, ce feu sacré qui ne doit jamais s’éteindre. Le cercle symbolise l’unité et la solidarité. Hélas, ce joli tableau sera graduellement éclaboussé dès la colonisation à travers l’occupation anarchique des lieux, par exemple le marché, avec son corollaire de morosité des affaires, et surtout par les soldats qui tiennent des points de contrôle et se moquent volontiers des Tutsi. Ce geste, certes anodin, connaîtra son paroxysme avec l’attentat qui coûta la vie au chef de l’Etat rwandais, le 6 avril 1994, attentat qui marquera le début de l’épisode du génocide.

 

b) Le Rwanda de la période du génocide (avril juillet 1994) 

Cette période commence au lendemain de l’assassinat du président (Hutu) Juvénal Habyarimana dont on attribua  la responsabilité aux Tutsi et se termine en Juillet 1994 avec la prise des villes majeures du pays par le Front Patriotique Rwandais (FPR). A noter que cette période, certes courte, est riche en événements macabres.

Hutu et Tutsi voyagent ensemble, même après que l’avion présidentiel ait été abattu. A la différence près que, cette fois-ci, « les passagers (sont) silencieux » (p.12). On sent une tension dans l’air. C’est le signe évident que quelque chose se trame. L’espace du Rwanda à ce moment précis est, comme l’illustre bien le titre du premier chapitre, caractérisé par « la peur et la colère » : la peur des Tutsi qui est manifeste chez Séraphine (p.16) et bien d’autres comme elles, et la colère des Hutu qui trouvent en cet assassinat une occasion en or pour lâcher leurs milices à la chasse de ceux qu’ils nomment désormais ouvertement les « Inyenzi », ou cancrelats. (p.20). A chacun son petit copain tutsi à liquider. Même les bébés ne seront pas épargnés. D’ailleurs, Faustin Gasana pense qu’il ne fait correctement que son travail en liquidant ses propres compatriotes tutsi :

Moi, j’ai toujours su en devenant Interahamwe que j’aurais peut-être à tuer des gens ou à périr sous leurs coups. Cela ne m’a jamais posé de problème. J’ai étudié l’histoire de mon pays et je sais que les Tutsi et nous, nous ne pourrons jamais vivre ensemble. Jamais. (p.26).

 

Ce Rwanda-là voit ses rues désertes à l’exception des génocidaires qui y paradent. Une partie de sa population est barricadée chez elle. Les domiciles des Tutsi sont devenus des îlots de « no man’s land » qui attendent d’être rayés de la carte par un tsunami génocidaire. C’est comme si, soudain, tout le monde s’est retrouvé nu de sa différence avec l’autre.

Pour couronner le tout, les média n’arrangent pas les choses. Au contraire, la radio, par exemple, a joué un rôle majeur dans l’éveil de l’élan génocidaire chez les Hutu. Non seulement elle a relayé leur colère, mais elle a aussi donné des instructions voire aidé à coordonner les massacres. Cet espace endogène du Rwanda a aussi sa voix : la radio des Mille collines (p.15). Placée sur les hauteurs du Rwanda, elle surplombe tout : éléments animés comme inanimés. Cette radio exacerbe la haine et le mépris en diffusant des messages du genre « l’heure de vérité est arrivée » ou  « amusez-vous bien » (p.37). Les média, en général, jouent un rôle important dans l’influence des consciences. C’est ainsi que dans le cas du Rwanda, la radio a contribué à manipuler même les Hutu pacifistes et modérés ; ceux-là qui n’auraient pas fait du mal à une mouche. La radio a simplement incité au génocide[10]. Mais elle n’est pas la seule à le faire. L’Etat s’y est mêlé aussi. Par conséquent, le Rwanda devient un cimetière, un tombeau à ciel ouvert où les populations sont torturées, violées avant d’être tuées. Kigali offre l’image d’une ville fantôme où les maisons sont en «torchis, sinistres, exiguës et aveugles […] C’était le chaos absolu. Tout semblait  disloqué, zigzaguant, délabré, tordu, bricolé et minable».

La mission de tout Etat est, entre autre, de protéger ses citoyens et les biens de ces derniers. Dans le cas du Rwanda, l’appareil de l’Etat s’est mouillé, de la tête aux pieds, dans le génocide. L’armée et la gendarmerie ont dressé des barrages aux points stratégiques du pays (p.10). Les préfets et bourgmestres ont donné des ordres et se sont assurés de la perfection dans les tueries. C’est ainsi que l’un d’eux jugeant que les miliciens n’avaient pas bien fait leur ‘travail’, a jugé utile de mentionner dans son rapport les propos suivants : « incident à Nyamata. Quatre survivants » (p.102). En dehors de l’armée et de la gendarmerie, on note l’émergence d’un autre groupe avec le soutien et le guide de l’Etat : les interahamwe.

Ces groupes semi-autonomes, au bas de l’échelle de la planification du génocide, sont redoutables et redoutés. Leurs chefs ont des voitures de fonction avec tous les autres privilèges qui s’y rattachent à l’exemple de Faustin Gasana. On note également une complicité sans faille entre les forces de sécurité et ces milices dans la meilleure stratégie à adopter pour faire le plus de morts possibles (p.100). L’effort conjugué de l’armée, de l’administration et des milices aura pour résultat les 500.000 victimes du génocide, d’après les chiffres des organismes internationaux et plus d’un million selon les estimations des autorités rwandaises. Cela représente « 10 000 personnes tuées chaque jour, pendant trois mois et sans interruption » à en croire Boris Diop dans L’Afrique au-delà du miroir (Philippe Rey 2006). L’espace du Rwanda pendant le génocide est assurément un espace où l’appareil de l’Etat a failli à sa mission et, pire, a été le moteur et le cerveau des massacres.

D’autres dignitaires Hutu ont prêché pour la discipline, pour un rendement plus élevé dans leur sale besogne ; le père de Faustin est de ceux-là. Ils soutiennent que les Hutu devront être vigilants en exécutant les Inyenzi au lieu de « s’enivrer et de piller ». Ce vieillard insiste pour que ses poulains aillent jusqu’au bout, qu’ils n’en épargnent aucun. Il sait de quoi il parle puisque c’est une «négligence » en 1961 qui a épargné l’enfant qui est devenu le chef du FPR, cette rébellion Tutsi qui prendra Kigali (p.22-25). Le Dr Joseph Karekezi a, aussi, très bien planifié son coup en faisant disparaître 50.000 Tutsi dans le lycée de Murambi. Il a investi ses ressources personnelles pour entretenir des milices qui lui sont dévouées, corps et âmes. Sous prétexte de protéger les Tutsi, parmi lesquels figurent sa propre femme et ses enfants, il a orchestré le massacre le plus sanglant de l’histoire du génocide, n’épargnant même pas son propre sang. Et notre médecin, doublé d’un homme d’affaires, de soutenir les paroles suivantes : «quoi qu’il arrive, j’aurai fait mon devoir» (p.121). En plus de la minutie dans l’exécution des victimes, les Hutu manifestent beaucoup de mépris et de la haine envers leurs frères Tutsi. Le Dr Karekezi, le temps passant, n’a pas digéré d’avoir été marié, pendant de longues années, à une Tutsi qui a, certes porté sa progéniture, mais souillé son sang. Cela, il le regrette beaucoup.

L’espace endogène du Rwanda, c’est encore l’espace du refuge. En effet, ne se sentant plus en sécurité chez eux, des foules de Tutsi ont pris d’assaut les lieux de culte et les édifices publics (p.28). Cependant, l’Etat ayant failli à sa mission et l’Eglise[11] ayant observé un silence coupable et même participé aux actes barbares (cas de ce prêtre dément qui fait du chantage et couche avec de belles filles Tutsi (p.111-114), ces Tutsi regroupés en ces lieux, ont été des proies faciles pour les bourreaux. Ce refuge dans la maison de Dieu ne les a pas épargnés. Ce fut aussi le cas dans l’église de Nyamata où

entre vingt-cinq mille et trente mille cadavres étaient exposés dans le majestueux bâtiment. […] dans la crypte n°1 […] des ossements étaient entassés sur une longue table recouverte de sable fin. A une extrémité se dressait un corps conservé presque intact. 

 

Beaucoup de rescapés douteront de ce Dieu dont on a tant magnifié les pouvoirs et les qualités. D’ailleurs, le vieux Siméon Habineza s’interrogera sur son dieu « Imana » (p.24). Ici, l’on « verse de l’acide dans le vagin [des femmes violées] ou enfonce dedans des tessons de bouteille ou des morceaux de fer » (p.112). Un autre espace proche de celui du refuge est l’exil.

L’exil apparaît dans Murambi en ‘flashback’. Boubacar Boris Diop nous relate l’histoire de ces Tutsi qui, fuyant les massacres des années 60, ont séjourné dans les pays limitrophes du Burundi et de l’Ouganda (p.39). Cet exil forcé nourrit les souvenirs de la plupart des Tutsi pendant le génocide. Cette expérience pourrait être perçue comme une carapace qui a protégé et sauvé quelques survivants Tutsi au nombre desquels figurent Siméon et Jessica. De tous ces espaces, le plus frappant est sans aucun doute celui de l’ampleur des massacres.

La troisième partie du roman qui est intitulée ‘génocide’, illustre bien cet espace. Toutes les armes disponibles sont utilisées : beaucoup de machettes, de gourdins et de pierres ; somme toute, des armes blanches qui ont la particularité d’administrer la mort à petit feu, donc, de faire énormément souffrir les victimes. Ces armes blanches peuvent être obtenues à moindre frais et distribuées, en masse, aux génocidaires. Les quelques fusils et grenades utilisés ont dû être obtenus à prix d’or et, en aucun cas, ne pouvaient suffire à tous. Si au début du génocide, les tueurs sont maladroits dans leur tâche, ils apprennent vite et finissent par savoir «manier la machette comme des forcenés » (p.102). Ces génocidaires tuent des familles entières, des gamins violent des femmes et achèvent leurs victimes. Il y en a eu tellement qu’on ne les compte plus. «Ces dizaines de milliers de corps en putréfaction […] jonchent les rues» (p.136).  Ils constituent le festin des vautours et des chiens. Des fosses communes ont été creusées dans le lycée de Murambi. Même enterrées, elles forment une mare de sang où les chiens viennent se désaltérer. Les scènes horribles s’enchaînent avec les enfants qui jouent au football avec les cranes (p.103). Et non content de les tuer, on dépouille les victimes de leur moindre bien (p.102). Les génocidaires sont sourds aux dernières volontés des victimes dont beaucoup ont demandé pitié. Ainsi, sur la colline de Nyanza, sept enfants ont été jetés vivants dans une fosse d’aisance, étouffés par des masses d’excréments avant de mourir. Il vaut mieux vivre en enfer qu’au Rwanda ! Les bourreaux exigeaient souvent des mères qu’elles «pilent leurs propres bébés avant d’être exécutées elles-mêmes» (p.135). L’extermination totale, on le voit, est le maître mot des Hutu. A force de tuer autant de Tutsi, les Hutu montrent des signes de fatigue (p.122-124). Ils trouvent des renforts en impliquant des Hutu modérés. Ceux-là même qui, sachant que les tueries sont condamnables, finissent par participer aux massacres, au nom de la solidarité ethnique. Les retraités reprennent aussi du service. Devant le déchaînement de la horde des Hutu, des Tutsi supplient qu’on en finisse au plus vite avec leur vie. Ceux qui se cachent finissent par être dénoncés. Pire, on demande si un tel voisin, avec lequel on a eu maille à partir, a bel et bien été tué. En plus, chaque Hutu s’est confectionné une liste de Tutsi à éliminer (p.117-119). C’est l’heure du règlement de compte. Mais une poignée d’Hutu refusent de s’associer à ces barbaries. Ils vont même jusqu’à sacrifier leur vie pour sauver des connaissances Tutsi (p.134).

L’espace de la résistance transparaît aussi pendant le génocide. En effet, certains Tutsi, mettant en avant leur instinct de survie, ont tenu tête aux assauts des Hutu. Des hauteurs des collines où ils avaient trouvé refuge, ils n’ont pas prêté le flanc. Bien au contraire, ces Tutsi ont refusé «de se laisser docilement conduire à l’abattoir comme du bétail» (p.210). On peut également mettre dans la catégorie de résistants Jessica, l’espionne infiltrée dans la capitale. Elle a pris d’énormes risques pour s’assurer de l’avancée de son mouvement rebelle Tutsi du FPR sur Kigali. 

La capacité de  la foule à  infuser des idées malsaines aux individus, les manipuler et les doter d’une force herculéenne jamais soupçonnée est surprenante. Il n’y a rien de plus dangereux qu’une telle foule. Et le résultat, il est là. On l’a vu avec le nazisme, et dans une moindre mesure, en Sierra Léone. Ces deux cas ne constituent que la face visible de l’iceberg. Mais il y a eu et il continue d’y avoir tant d’autres génocides dans le monde qui ne disent pas leur nom. Les espaces, théâtres des scènes macabres, sont encore gravés dans la mémoire des survivants. Ces scènes hantent le sommeil des rescapés même des années après le génocide.

 

c) Le Rwanda après 1994 (ou la période de la guérison, de la réconciliation et du pardon)

Après la fuite des dignitaires Hutu et l’arrivée au pouvoir du FPR, on aurait anticipé que la loi du talion prévaudrait et que des scènes de revanche surviendraient dans les rues de Kigali. Après tout, qui condamnerait les rescapés de se jeter sur leurs anciens bourreaux ?

Au contraire, on fait tout pour se réconcilier et pardonner. On trouve la meilleure illustration de ceci en Siméon qui empêche ses frères Tutsi de saccager la demeure du Dr Karekezi, le cerveau du massacre de Murambi. Il ne s’arrête pas là. Il fait preuve d’humanisme en protégeant et en prodiguant des conseils au fils de ce célèbre génocidaire malgré le fait qu’il ait perdu toute sa famille. Si les Tutsi s’étaient vengés, ils ne seraient pas meilleurs que les Hutu dans le livre. Ils auraient aussi du sang sur les mains. Pardonner ou faire justice, tel est le dilemme des rescapés. Cornélius demande également pardon pour les agissements démentiels de son père et, à travers lui, pour ceux de tous les autres génocidaires. Ceci est la bonne voie pour se réconcilier. Ne dit-on pas qu’une faute avouée est à moitié pardonnée ? Les commissions ‘vérité et réconciliation’, en Afrique du Sud, en Sierra Léone et les ‘gacaca[12]’ (tribunaux populaires) au Rwanda, sont la première voie vers le pardon et la réconciliation.

Le Rwanda post-génocide est celui du dénuement et de l’ennui. Siméon habite toujours dans la maison de deux pièces aux équipements très sobres (p.166). Avec tout le respect que les rescapés lui vouent, il aurait pu, s’il le souhaitait, s’approprier les biens et propriétés des dignitaires Hutu en fuite pour essayer de compenser ses propres pertes. Il est demeuré dans la modestie. Et, à travers lui, on peut déduire chez les autres Tutsi ce même désintérêt pour les biens matériels. C’est comme s’ils avaient opté pour une pauvreté matérielles et une richesse spirituelle. Même si les gens sont sortis affaiblis par les épreuves du génocide, ils gardent intacte leur force spirituelle (p.165).

On lit un dénuement similaire à travers la vétusté des infrastructures et des bâtiments de Murambi. Cornélius retrouve une ville nauséabonde et poussiéreuse. Il y assiste à des scènes de chaos et de désordre (p.73). La marmaille humaine y est sale et surpeuplée. Les femmes y fument aussi (p.76). La population vit maintenant dans une ville qui manque d’animation. Cet espace est différent de ce qu’il était jadis parce que les gens ont l’air de s’ennuyer. Pouvait-il en être autrement après l’effroi qu’ils ont connu ? Ce qui est sûr, c’est que chacun fait son deuil et, par conséquent, toute scène de liesse attire les remontrances de la communauté qui essaie, à présent, de guérir les plaies, de combler le fossé ethnique, d’être une et indivisible.

Un autre trait caractéristique de l’espace rwandais, après le génocide, est le regret. Les rescapés regrettent de n’avoir pas été au nombre des victimes. Pire, ils se sentent coupables de n’avoir pas été à la place de leurs proches disparus. A quoi bon vivre  lorsqu’on a tout perdu ? Oui. Il faut vivre pour témoigner. Il faut vivre pour que jamais cela ne se reproduise. Il faut vivre pour préserver la mémoire et surtout offrir des prières aux centaines de milliers d’âmes arrachées prématurément à l’affection des leurs. Et que dire de la religion ?

Après le génocide, la foi présente deux visages. Nous avons ceux qui, à l’image de la jeune femme en noir, se rendent tous les jours au chevet des restes de leurs proches pour prier. Ils le font parce qu’ils ont foi en Dieu et prennent ce qui leur arrive comme une volonté divine. Ils espèrent le paradis pour leurs proches et une vie meilleure pour eux-mêmes sur terre. Hélas, il existe un autre groupe de rescapés qui sont devenus incrédules. Où était Dieu ?  se demandent-ils. Siméon peut être mis dans cette catégorie, au vu des propos qu’il tient : « Imana (Dieu). Tu as laissé tout ce sang se déverser […] je ne comprends pas ta colère […] dis-moi ce que je t’ai fait… » (p.214). Siméon doute de son Dieu traditionnel. Il ne croit pas davantage au Dieu monothéiste et n’est pas tendre avec l’Eglise dont il accuse les padri (premiers missionnaires blancs) d’avoir pollué et ensuite éradiqué les formes de dévotions et les croyances  traditionnelles (p.202-204).

          Au lendemain du génocide, l’espace qui attire le plus d’attention est assurément celui des ossements. Le plus célèbre de ceux-ci est Murambi, ce lycée inachevé qui a dû être le  cimetière de 50.000 Rwandais, des Tutsi pour la plupart, car il était le carrefour de tous les acteurs de la tragédie : les victimes, les bourreaux et les troupes étrangères de l’opération turquoise. Ces victimes ont eu le malheur d’être enterrées puis déterrées pour servir la mémoire collective (p.179). Pierre Henri Thioune, alias ‘Guelwarr’, a connu le même sort. Sauf que dans cette œuvre du cinéaste et romancier Sembène Ousmane, le personnage principal l’a été pour des raisons religieuses.  En outre, l'odeur qui s’échappe de ces ossements et leur disposition révèlent une histoire que des générations non encore nées pourront regarder, sentir et entendre. «L’écho de ces cris devait se prolonger le plus longtemps possible» (p.177). Ces cris, on en convient, retentissent encore aujourd’hui, plus de 18 années après. Le Rwanda devient alors un lac de sang. Certes, ils traduisent l’agonie et la souffrance des victimes dans leurs dernières minutes de vie, mais aussi, ils délivrent le message ci-après : plus jamais ça.

          L’étude endogène du Rwanda est donc très fournie. Elle révèle une multitude d’espaces avant, pendant et après le génocide. Qu’en sera-t-il de la vision allogène ? La vision allogène du Rwanda va concerner ce que les étrangers résidents pensent de ce pays. Dans le cas d’espèce, le séjour du Colonel Etienne Perrin dans le cadre de l’Opération Turquoise est très riche en enseignement. Nous retrouvons l’opinion qu’il se fait du Rwanda, sur place, dans la section qui lui est consacrée dans le roman. Il y est en conversation avec le Dr Joseph Karekezi. Il se dit que le médecin et homme d’affaires hutu est «un lâche» (p.157). On aurait espéré que quelqu’un qui a sacrifié sa famille pour la cause ethnique se battrait jusqu’au bout. Mais non, le médecin a préféré fuir devant l’avancée du FPR. Seul un lâche peut se comporter de la sorte. L’officier français fustige également le train de vie du génocidaire qu’il n’hésite pas à qualifier de «minable nouveau riche d’Afrique» (p.155). A travers ce toubib, certains dirigeants africains sont interpelés. Ils sont experts dans l’achat et la manipulation des consciences. En outre, ils mènent un train de vie démesuré, se barricadant dans leur forteresse, entourés d’une population paupérisée.

Enfin, à l’instar du Dr Karekezi, les politiciens ont pris goût aux décors somptueux, aux animaux, aux plantes et à la nourriture exotiques alors que les masses se démènent pour assurer le pain quotidien. Quant bien même le Colonel Perrin juge l’attitude du médecin répréhensible, il montre d’abord une indécision à son égard (p.145) pour finalement s’exécuter, en tout bon militaire, devant les ordres de sa hiérarchie. On constate qu’il n’est pas libre de ses opinions. La preuve, il ne dit pas ouvertement, devant l’intéressé, comment en juin 1992 et février 1993, la France est appelée ici à intervenir pour soutenir les Hutu cette fois-ci en évacuant sur Bukavu des ministres, des préfets et des officiers supérieurs, même s’ils ont tous les mains tachées de sang :

Ces messieurs n’ont qu’une idée en tête : ne pas être sur place à l’arrivée du F.P.R. Ils ont fait main basse sur les réserves de la Banque centrale et emporté ou détruit les documents et les biens de l’administration (P.141).

 

Gérard Prunier n’hésitera pas à qualifier cette opération de l’armée française non seulement de « monstrueuse » mais aussi de « mystifiante » puisqu’elle venait en aide aux acteurs du génocide, à travers Rwanda : 1959-1997, Histoire d’un génocide[13].

Si on a une seule voix pour la vision allogène du Rwanda dans Murambi, on ne peut pas en dire de même de la vision exogène puisque le génocide Rwandais a suscité et suscite encore beaucoup de commentaires, fondés ou non, à travers le monde.

          La vision exogène est l’avis que se font les étrangers résidents hors du Rwanda de ce pays. Ici, l’idée généralement répandue hors du contient, que ce soit pour le génocide Rwandais ou tout autre conflit en Afrique, c’est «la même histoire de nègres en train de se taper dessus» (p.17). Ce genre de commentaire est devenu une étiquette collée sur tout Africain dans certaines zones de conflits. En effet, elle renferme une connotation très subtile : les Africains ne sont pas capables de vivre en harmonie les uns avec les autres. Pire, un tel commentaire prive les Africains de leur faculté intellectuelle et les rétrograde à l’échelle animale ; ce qui est insultant. Hélas, ce cliché n’est pas prêt à disparaître au vu des tensions qui persistent encore sur le continent. Et, c’est tout naturellement que les autres Africains, même s’ils sont fiers de leur passé, et sont prêts à défendre le continent, ne peuvent que ressentir une honte et rester impuissants devant de pareils propos tenus par des non Africains. A l’étranger, on ne comprend pas pourquoi tant de cruauté (p.58). D’aucuns pointent du doigt la fuite en avant des Noirs, en soulignant que ces derniers commettent des tueries pour ensuite incriminer les autres, les Blancs notamment (p.69).

          A Djibouti, Zachya, la petite amie de Cornélius, ne peut voir que deux ethnies qui se haïssent. Son amour ne peut lui ôter ce stéréotype, même avec maintes explications. Elle reste encore sceptique, même si elle se résigne à hocher la tête (p.80). Pour les élèves djiboutiens, le mot Rwanda est synonyme de sang et des massacres sans fin (p.170). A côté des Noirs qui défendent l’Afrique malgré tout, il y en a qui finissent par l’insulter. C’est le cas de cet Africain-Américain qui, après avoir mesuré l’ampleur des atrocités à Nyamata, a tout bonnement conclu que «les nègres sont effectivement des sauvages» (p.89).

           Un autre regard de l’espace exogène transparaît au cours de la discussion que le Colonel Perrin tient avec le fonctionnaire français Jean Marc, à Paris. Là, nous notons une voix nettement plus libre, une voix purgée du devoir de réserve vis-à-vis de l’autorité. Cet officier français n’y va pas par quatre chemins pour dire le fond de sa pensée. Il lance une diatribe contre le continent à travers des propos du genre : «l’Afrique, c’est la pure merde» (p.149) ou encore «en Afrique, on réglait les problèmes par la cruauté» (p.148). Ces propos reflètent ce que certains pensent du continent à en croire l’auteur. Ils font semblant de se montrer solidaires et prônent une coopération mutuellement bénéfique alors qu’ils tiennent des messes basses durant lesquelles les Africains sont la risée de tous. Et comme si l’armée française s’en moquait, elle a décidé de construire des terrains de volley et installé des barbecues au-dessus de leurs charniers (p.155).

Les relations entre l’Afrique et ses anciens colonisateurs sont aussi abordées ici. Même si le Colonel Perrin met le blâme du retard de l’intervention française sur la bureaucratie française (p.144) et accepte, de facto, la responsabilité de la métropole dans le génocide, il souligne un phénomène qui a existé depuis les indépendances et qui continue de prévaloir aujourd’hui, à savoir le phénomène des «dirigeants africains télécommandés depuis la France» (p.148). Cinq décennies après, l’Afrique a toujours des difficultés à couper ce cordon ombilical qui la relie aux anciennes puissances. Dans de pareilles circonstances, comment espérer voir l’Afrique prendre sa destinée entre ses mains ? La solution aux innombrables problèmes de l’Afrique passe par un développement interne, des échanges entre pays africains et une mise en place de modèles de développement originaux qui soient inspirés des réalités locales et qui comptent sur les ressources locales. Pour les non-Africains, en définitive, le cas du Rwanda n’est qu’une goutte dans l’océan des génocides que l’humanité a connu.

Il importe de signaler que la France est jugée aussi comme complice pour avoir aidé les tueurs à échapper à la justice de leur pays.

 

Conclusion

Après lecture de Murambi de Boubacar Boris Diop, on peut dire, sans risque de se tromper que cette œuvre, certes littéraire, permet d’en connaître un peu plus sur la genèse et le déroulement du génocide. Le fait d’adopter une approche multifocale modifiée pour étudier l’espace ou plus précisément les espaces puisqu’ils sont assez nombreux, nous permet d’avoir un point de vue pluriel du Rwanda. Ces espaces sont variés et ils reflètent différents points de vue. Une personne qui se focalise sur ce pays peut être plus portée sur les êtres humains, la topographie ou les systèmes en place au Rwanda. Ce que nous constatons, c’est que les Rwandais, eux-mêmes se sentent plus concernés par la dimension humaine et c’est la raison pour laquelle ils font tout pour renouer le dialogue entre eux, pour confesser leurs fautes et se pardonner, afin de pouvoir vivre à nouveau ensemble. Beaucoup d’entre eux, rescapés comme génocidaires, sont à présent convaincus qu’on ne naît pas Rwandais, mais qu’on apprend à le devenir. En effet, la construction d’une nation est un travail de longue haleine. Le génocide rwandais ne doit pas être juste un épisode de l’histoire de l’humanité. Plutôt, il doit servir à ouvrir les yeux à tout un chacun pour que plus jamais un tel événement macabre ne se reproduise. Murambi a contribué à nous faire réfléchir dans cette voie. L’espace perd ses repères habituels pour en gagner d’autres.

 

Bibliographie

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* Université de Gambie

[1] Le terme génocide a été inventé par l’avocat polonais Raphaël Lemkin ; il est aussi considéré come le père de la Convention de 1948. Il théorise de façon détaillée les contours du génocide dans son livre Axis Rule in Occupied Europe. Laws of Occupation, Analysis of Government, Proposals for Redress.- Washington, DC : Carnegie Endowment for International Peace, 1944. Cependant, s’agissant du Rwanda, le mot “génocide” a été utilisé pour la première fois le 27 avril 1994 (3 semaines après le génocide) par le Vatican ὰ travers le Pape Jean-Paul II. Il sera suivi le 4 mai par l’ancien secrétaire général des nations unies, Boutros Boutros-Ghali.

[2] Gilles Deleuze et Félix Guattari.- Capitalisme et schizophrénie 2 : Mille plateaux.- Paris : Les Éditions de Minuit, Collection « Critique », 1980, 648 pages

[3] Après le rapport de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).- Rwanda : Le génocide évitable.- mai 2000 et Wole Soyinka.- The Open Sore of a Continent, A Personal Narrative of the Nigerian Crisis.-  USA: Oxford University Press, 1997, 176 pages. Et la voix du prix Nobel de littérature d’affirmer: “un mort est une tragédie, un million de morts une simple statistique”.

[4] D’après Boris Diop dans L’Afrique au-delà du miroir, un officier français déclara avec mépris à une refugiée rwandaise à l’Hôtel des Mille-Collines : «L’hôtel va être pris, tout le monde va être tué, c’est votre barbarie, c’est votre histoire, assumez votre guerre» in Jean-Paul Gouteux.- La nuit rwandaise, l’implication française dans le dernier génocide du siècle.- édition augmentée, Dagorno, 2004

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Ligue Internationale des droits de l’homme et Human Rights Watch.- Aucun témoin ne doit survivre.- Paris : Karthala, 1999

[5] A en croire Semujanga, les Européens, se basant sur la théorie de Gobineau, ont défini la société rwandaise sous forme de race : les Tutsi perçus comme des « Blancs à la peau noire » avec « une intelligence supérieure » ; des Twa qualifiés de Pygmées, représentant le degré zéro de l’intelligence et les Hutu comme étant de vrais sauvages.

[6] SEMUJANGA (Josias).- Le génocide, sujet de fiction ? Analyse des récits du massacre des Tutsi dans la littérature africaine.- Canada : Les Editions Nota Bene, 2008, P.38

[7] C’est en 1897 que le capitaine Ramsay établit au Rwanda des stations militaires suite à la reconnaissance de l’autorité du Reich par Yuhi V. Musinga, nouveau roi du Nyiginya.

[8] Ce faisant, le Rwanda se retrouve sous protectorat allemand. Cependant, suite à la première guerre mondiale, le Rwanda va subir l’occupation belge dès 1916, trois ans avant l’autorisation de la Société des Nations.

[9]Kangura, nᴼ 6, décembre 1990, p.6-8. Pierre Péan aurait dȗ lire Kangura. Cela lui aurait évité sa diatribe contre le FPR dans son livre Carnages : Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique.-France : Fayard, 2010, 562p. Il aurait mieux compris la complexité de la crise rwandaise.

[10] Jean-Pierre Chrétien.- Rwanda, les medias du génocide.- Paris : Karthala, 2000. Il y a aussi Reporters Sans Frontières.- Rwanda : medias de la haine ou presse démocratique ?.- Rapport de mission, 16-24 septembre 1994. Et Article 19.- Broadcasting genocide : censorship, propaganda and state-sponsored violence in Rwanda (1990-1994).- Londres : International Centre against Censorship, octobre 1996

[11] Beaucoup d’auteurs on écrit sur le rôle et la responsabilité de l’église dans le génocide rwandais. Parmi eux, on peut citer : Bizimana Jean Damascène.- L’église et le génocide du Rwanda. Les Pères blancs et le négationnisme.- Paris : L’Harmattan, 2001; Greenfield Park.- Rwanda : L’église catholique ὰ l’épreuve du génocide.- Canada : Editions Africana, 2000; Lugan Bernard.- Rwanda : Le génocide, l’église et la démocratie.- Lonrai : Editions du Rocher, 2004, 234p ; Mc Cullum Hugh.- Dieu était-il au Rwanda ? La faillite des églises.- Paris : L’Harmattan, 1996, 230p

[12] Dialogue, Revue d’information et de réflexion.- Un pari gagné : les juridictions gacaca.- Kigali, janvier 2012, 194p.

[13] Le General Didier Tauzin a cherché ὰ contester sans convaincre ces faits dans son livre Rwanda: je demande justice pour la France et ses soldats.- Paris : Edtions Jacob-Duvernet, 2011, 224p