
𝐃𝐂𝐌 : 𝐏𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳- 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐫𝐞́𝐬𝐞𝐧𝐭𝐞𝐫 ?
Je suis Fatoumata Gaye, Doctorante en Marketing Stratégique au laboratoire SERGe/UFR SEG/ UGB et enseignante vacataire à UGB et IAM et Tutrice à l’UVS. Je suis née à Thiès et j’y ai fait tout mon cursus scolaire. J’ai eu mon Baccalauréat S2 au lycée Ahmadou Ndack Seck de Thiès en 2011. Alors j’ai été orientée à l’UFR des Sciences Economiques et de Gestion de L’UGB à l’année académique 2011-2012 (et je me souviens toujours de cette euphorie qui a suivi l’appel m’informant de mon orientation à l’université d’excellence de Saint Louis rire). J’ai donc démarré mes études universitaires en Octobre 2011 et j’ai eu ma Licence en Sciences de Gestion en 2014 et un Master (professionnel) en Développement et Management des Unités commerciales en 2016 (Major de ma promotion). Durant ce Master à forte dose de Marketing, mon intérêt pour cette discipline s’est vue accrue et je voulais en savoir plus, approfondir mes connaissances. J’ai donc décidé, avec le mentorat de mon encadreur de mémoire Dr Samba Dème et le soutien de mon actuel directeur de thèse Pr. Birahim Gueye de déposer ma candidature pour une inscription en première année de Doctorat. Je me suis donc inscrite en Août 2017 en première année de Doctorat en Sciences de Gestion avec comme spécialité le Marketing Stratégique et j’en suis à ma dernière année de finalisation et de soutenance (Insha ALLAH cette année). J’ai ensuite fait la connaissance du Professeur Eric Arnould à Lille qui est un des chercheurs fondateurs de la Consumer Culture Theory (Théorie de la consommation culturelle) et il a été intéressé par mes recherches et a donc accepté de devenir mon co-directeur de recherche.
𝐃𝐂𝐌 : 𝐏𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐬𝐮𝐫 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐜𝐡𝐞𝐫𝐜𝐡𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐬𝐢 𝐪𝐮𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚 𝐯𝐚𝐥𝐮 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐝𝐢𝐬𝐭𝐢𝐧𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 ?
Ce projet, est une partie de mes recherches doctorales qui portent sur la consommation des séries télévisées sénégalaises. L’article est le résultat de la deuxième phase exploratoire d’une recherche abductive qui s’intègre dans le débat sur les antécédents de la valeur de consommation. Pourquoi les séries sénégalaises les plus critiquées sont-elles plus consommées ? est la question de départ de ma recherche en partant du constat que les séries les plus critiquées telles que Maitresse d’un Homme marié ou Infidèles attirent plus de consommateurs comparées aux séries Idoles ou Mbettéle. Cet article s’est alors basé sur un cas unique à savoir la série Maitresse d’un homme marié en se posant la question à savoir comment les significations sociétales et personnelles déterminent elles la consommation des séries télévisées malgré le fait qu’elles suscitent des oppositions identitaires fortes. Nous nous sommes alors intéressé aux groupes Facebook portant sur la série avec une méthode ethnographique d’immersion en ligne dénommée la Netnographie. L’originalité de la thématique ainsi que celle de la méthodologie sont entre autres les éléments fondamentaux qui font la pertinence de cet article.
𝐃𝐂𝐌 : 𝐐𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐬𝐞𝐧𝐭𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐧𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐱 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐦𝐢 𝐥𝐞𝐬 𝟒𝟎 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐫𝐞́𝐬𝐞́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐞𝐬 ?
J’ai été émue, surprise et fière. J’ai été émue de voir tant d’efforts consentis récompensés. Surprise parce que je ne m’y attendais pas, parce que je doutais de la valeur de l’article mais parce que c’était le tout premier article issu de la thèse et je me disais qu’il a encore du chemin à faire (je suis un peu perfectionniste rire). Et j’ai aussi été fière, fière de moi, fière de mon Université et surtout fière de mon laboratoire SERGe qui est un label de qualité
𝐃𝐂𝐌 : 𝐏𝐨𝐮𝐫𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐯𝐨𝐬 𝐫𝐞𝐜𝐡𝐞𝐫𝐜𝐡𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐬𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐬 𝐬𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬𝐞𝐬 ?
Alors ce choix avait surpris plus d’un car mon mémoire de Master ne portait pas sur les séries mais sur la Micro finance (avec le cas de Caurie micro finance). Mais comme on le dit, une thèse c’est une œuvre personnelle, car même si les directeurs orientent, suggèrent, contribuent, la thèse est rédigée et vécue par une et une seule personne le doctorant ou la doctorante. Alors après mon mémoire pendant mes vacances j’ai réfléchi entre continuer le thème de mon mémoire ou trouver un autre domaine qui me passionne vraiment. Et pendant ces vacances je passais presque la plupart du temps à regarder les séries sénégalaises ou de discuter sur ces dernières. Et ce sont ces discussions qui m’ont mis le puce à l’oreille et j’ai commencé à me poser des questions sur la valeur de consommation des séries sénégalaises notamment qu’est-ce que les téléspectateur recherchent quand ils regardent une série sénégalaise. De retour à l’Université j’en parle à mon Directeur Pr. Birahim Gueye, que je remercie au passage pour son ouverture d’esprit et surtout pour avoir cru en moi depuis toujours. Je lui avais dit « Prof je veux changer de sujet » et il me répondit « Sur quoi veux-tu travailler maintenant Fatoumata», « sur les séries télévisées » lui répondis-je et ses derniers mots furent pleins de défis « Convaincs-moi ». Donc c’est comme ça que j’ai réorienté mon projet de thèse sur un sujet qui me passionne et je ne dis pas que je vois la vie en rose depuis, non j’en ai vu de toutes les couleurs, mais la passion est là combinée à ma passion du Marketing. C’est donc avec passion que je fais mes recherches et il se trouve aussi que ce sujet reste inexploré dans nos universités surtout dans les facultés de Gestion alors que les séries télévisées constituent un marché comme les autres et les consommateurs ont des comportements complexes qu’il faut d’abord comprendre afin de garantir un bon développement. Je ne regrette donc pas ce choix guidé par ma passion car avant même ce prix, j’ai remporté l’année dernière le prix du meilleur article empirique lors de la 8ème édition du colloque de l’Association Sénégalaise des Sciences de Gestion.
𝐃𝐂𝐌 : 𝐐𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐚𝐩𝐩𝐫𝐞́𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞𝐬-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚̀ 𝐥’𝐔𝐆𝐁 ?
Nous avons une bonne formation à l’UGB et je ne le dis pas pour la propagande. J’y ai fait tout mon parcours universitaire et même si les conditions se détériorent de plus en plus à notre plus grand regret, la formation de l’UGB reste l’une des meilleures, il faut juste que chacun y joue sa partition enseignants comme étudiants pour préserver cette étiquette d’excellence qui tend à se décoller quand même à cause de la détérioration des conditions pédagogiques (augmentation du nombre d’étudiants en TD par exemple) et des conditions sociales. En ce qui concerne la formation doctorale, je pense qu’il faut souligner les efforts menés par le collège des écoles doctorale en tenant souvent des ateliers de formation (en rédaction scientifique, en pédagogie universitaire par exemple) mais je tiens surtout à reconnaitre les efforts consentis par l’UFR SEG pour la recherche et par le laboratoire SERGe. Le laboratoire SERGe nous a formés à travers les formations, les présentations en working-shop et surtout en mettant en place un espace ou les doctorants peuvent travailler décemment, discuter et partager nos compétences. Mon voyage au Maroc a été en grande partie financé par une subvention des DIP de l’UFR SEG et une subvention de mon laboratoire de recherche SERGe. Je remercie par la même occasion les Professeurs El Hadji Abdou Aziz Ndiaye, directeur de l’UFR SEG et Seydou Sané directeur du laboratoire SERGe pour le soutien financier.
𝐃𝐂𝐌 : 𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞𝐳 𝐚̀ 𝐯𝐨𝐬 𝐜𝐚𝐝𝐞𝐭𝐬 𝐞𝐭/ 𝐨𝐮 𝐜𝐚𝐝𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬 𝐞́𝐭𝐮𝐝𝐢𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐥’𝐔𝐆𝐁 ?
Mon premier conseil est la persévérance. Quand on se fixe un objectif, il faut se donner les moyens de l’atteindre qu’il pleuve ou qu’il neige. La vie estudiantine n’est pas facile, j’en sais quelque chose pour avoir vécu 10 années au campus social mais en fait dans la vie rien n’est facile, rien du tout. Mais c’est bien parce que c’est difficile que seule la persévérance peut nous amener à un avenir meilleur et je le souhaite à chaque étudiant. Mon deuxième conseil est le respect. D’abord le respect de soi, le respect vis-à-vis de notre université, le respect vis-à-vis des enseignants, le respect vis-à-vis des PATS, le respect vis-à-vis du personnel social et enfin le respect vis-à-vis de nos camarades étudiants. Je parle de respect pour alerter un peu sur cette dégradation des mœurs et se répercutent aussi dans les classes et dans les villages du campus social. Il faut se respecter d’abord et respecter les autres et ceci est la base de toute relation. Enfin mon troisième et dernier conseil est de viser la perfection et l’excellence car comme on dit en visant la lune on peut tomber sur les étoiles. Il faut dans chaque tâche, chaque dossier à rendre, chaque devoir à rendre ou chaque examen faire de son maximum possible pour être le meilleur ou parmi les meilleurs. Ce n’est pas dans un esprit de compétition que je conseille cela mais plutôt dans un souci de développement personnel, d’être quitte avec sa conscience et de savoir qu’on a fait de notre maximum.
Et particulièrement aux étudiantes, mes chères cadettes, ne vous fixez pas de limites ni de barrières. Ce n’est pas du féminisme dont je parle ni d’autre courant révolutionnaire non. La femme a toujours été intelligente et forte surtout nous femmes africaines. Arrêtons de nous comparer aux hommes, je pense que c’est trop dévalorisant pour une femme de se comparer à un homme, nous sommes tous des êtres doués d’intelligence point. Donc chère cadette si tu as un objectif bien précis, quel que soit son hauteur et son ampleur, donnes toi les moyens et la force de l’atteindre malgré les préjugés, le poids de la société et la misogynie de certains. C’est bien parce qu’il y a des obstacles que la réussite devient plus éclatante. Et je fais aussi une petite propagande pour la recherche qui se voit de plus en plus délaissée par les étudiantes ce qui fait que le plafond de verre dans nos universités reste intact. Chère sœur, certes le parcours doctoral est semé d’embuche, il est long, fastidieux, et pas facile à allier à une vie conjugale mais ce parcours est passionnant, gratifiant et surtout enrichissant. Ne croyez pas aux préjugés sur les longues études pour une femme (je sais de quoi je parle car j’entends toujours des remarques désobligeantes), mais comme je l’ai dit et le répète c’est parce qu’il y a des obstacles que la réussite devient plus éclatante.
𝐃𝐂𝐌 : 𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐦𝐨𝐭 ?
Avant de donner mon dernier mot, permettez-moi d’alerter un peu les autorités sur la situation précaire du doctorant sénégalais. Ce dernier a une bourse de 65000F comme l’étudiant de Master 2 alors que les charges d’une thèse allant de la connexion Internet au paiement des articles scientifiques restent lourdes. La subvention de la thèse n’est reçue qu’à la fin après la soutenance alors que le parcours doctoral nécessite réellement un soutien financier. Cette précarité fait que plusieurs doctorants abandonnent ou allient vie professionnelle et recherche et ceci entraine un retard de la thèse. Je pense alors qu’il faut penser à allouer une subvention annuelle à tout doctorant ayant présenté un état d’avancement annuel satisfaisant afin de l’encourager à aller jusqu’au bout de son parcours. Il faudrait aussi ramener les contrats d’ATER dans toutes les UFR pour permettre aux doctorants d’avoir des expériences gratifiantes et surtout de reconnaitre à sa juste valeur la contribution du doctorant à l’enseignement universitaire.
Mon dernier mot est alors un MERCI. Merci à la DCM pour cette tribune qui m’est offerte. Merci à mes co-directeurs et co-auteurs Pr. Birahim Gueye et Pr. Eric Arnould. Le premier est plus qu’un directeur, il est aussi un grand frère, un père, qui me conseille autant dans ma carrière académique que dans ma vie sociale. Merci à tous les enseignants et PATS de l’UFR SEG, à tous les Professeurs du laboratoire SERGe et particulièrement à mon mentor Dr Samba Dème. Merci à tous mes collègues doctorants pour les multiples échanges qui ont enrichi ce travail et particulièrement à ma binôme et amie Ndeye Binta Niang qui a remporté le premier prix Jeune chercheur en 2017 à Lille. Et merci à ma famille qui me comprend et qui ne me met pas trop de pression (enfin presque pas rire) pour m’aider à me concentrer sur ma thèse. Merci à mes voisines de chambres, plutôt mes petites sœurs qui me comprennent et me soutiennent.
𝐌𝐄𝐑𝐂𝐈.